Le Canada cherche à protéger l’économie contre les menaces à la sécurité
De nouvelles mesures visant à garantir que le Canada n’exporte pas de technologies sensibles vers des adversaires étrangers font partie des changements envisagés par Ottawa pour renforcer la sécurité économique du pays.
Selon un document de consultation fédéral, il est également possible de faciliter l’imposition d’amendes aux entreprises qui ne respectent pas les règles de contrôle des investissements et de cartographier les chaînes d’approvisionnement pour identifier les vulnérabilités critiques.
Le document, publié en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, a été distribué aux principales parties de l’industrie, du monde universitaire et de la société civile au printemps dernier afin de recueillir des avis sur la façon de mieux protéger le Canada contre les acteurs hostiles qui cherchent à exploiter les secteurs technologiquement avancés du pays.
Sécurité publique Canada devrait publier sous peu un résumé des commentaires reçus.
Le document indique que le Canada bénéficie de la grande majorité des investissements étrangers dans le pays, du commerce de biens et de technologies canadiens et des partenariats de recherche entre des organisations étrangères et des universités et institutions de recherche canadiennes.
Toutefois, ajoute le document, certains États étrangers et acteurs non étatiques tentent d’acquérir des technologies ou de forger des partenariats commerciaux qui peuvent potentiellement mettre en péril la sécurité nationale et la prospérité économique à long terme du Canada.
« Des entreprises canadiennes, dans presque tous les secteurs de notre économie, ont été ciblées. »
La fréquence et la sophistication des activités de menace parrainées par l’État augmentent, ajoute le document de consultation.
Les menaces prennent la forme d’espionnage, de vol et de cyberattaques.
Mais le gouvernement prévient qu’elles peuvent également être exercées secrètement dans le cadre de transactions légales telles que les investissements étrangers dans des secteurs et des industries essentiels à la sécurité du Canada, ou l’achat ou le transfert de biens, de technologies et de savoir-faire sensibles qui ne sont actuellement pas soumis à des contrôles à l’exportation.
D’autres menaces concernent l’achat de biens contrôlés et de propriété intellectuelle par l’intermédiaire de sociétés écrans, de courtiers ou d’autres personnes qui font de fausses déclarations sur l’utilisation finale, ainsi que des partenariats financés par l’étranger entre des chercheurs canadiens et des entités liées à des adversaires.
Le document de consultation ne mentionne pas de pays spécifiques préoccupants. Cependant, les responsables canadiens de la sécurité ont depuis longtemps averti que la Russie et la Chine, en particulier, ciblent les informations classifiées et les technologies avancées du Canada
.
Malgré cela, l’exercice vise à s’assurer que l’approche du Canada est efficace pour répondre aux menaces, quelle qu’en soit la source.
Parmi les suggestions fédérales :
— Création d’une liste continuellement mise à jour des entreprises, des institutions de recherche, des gouvernements et des personnes soumises à des exigences spécifiques en matière de permis d’exportation afin d’aider les entreprises canadiennes à se sentir plus en sécurité en sachant que leurs biens ne sont pas expédiés à un acheteur préoccupant ;
— des sanctions plus souples ou même plus sévères en cas de violation des règles de filtrage des investissements destinées à protéger le Canada contre les menaces à la sécurité nationale ;
— l’aide du gouvernement aux entreprises pour mieux comprendre les vulnérabilités de leurs réseaux d’approvisionnement mondiaux pour l’achat de biens ;
— et fournir du capital de risque fédéral aux entreprises de technologie sensible pour contourner le besoin d’investissements étrangers provenant de sources potentiellement risquées.
Le gouvernement a été le fer de lance de la création de directives de sécurité nationale pour aider à protéger la recherche financée par le gouvernement fédéral.
Le récent budget fédéral prévoyait près de 160 millions de dollars canadiens sur cinq ans, à partir de 2022-23, et 33 millions de dollars en permanence, pour la mise en œuvre complète des lignes directrices, en grande partie grâce au travail avec les collèges et les universités.
Le document de consultation demande également comment les divers ordres de gouvernement peuvent mieux coopérer pour protéger les biens et technologies sensibles et émergents, les infrastructures essentielles et les données personnelles.
La cybersécurité est une question d’importance vitale qui touche les entreprises, grandes et petites, puisque les atteintes à la sécurité peuvent entraîner des pertes de confidentialité pour les clients ainsi que de productivité opérationnelle, a déclaré Mark Agnew, premier vice-président des politiques et des relations gouvernementales à la Chambre de commerce du Canada.
« Donc, cette question se démarque vraiment pour moi comme une partie importante de la conversation sur les menaces à la sécurité nationale. »
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 24 avril 2022.