Un groupe de gaz naturel fait l’objet d’une enquête au Canada
Le Bureau fédéral de la concurrence enquête sur l’Association canadienne du gaz pour déterminer si elle a fait des déclarations trompeuses sur l’impact environnemental du gaz naturel.
Le Bureau a confirmé jeudi qu’il avait lancé une enquête sur les « pratiques commerciales trompeuses présumées » du groupe de pression de l’industrie. L’enquête a été lancée à la suite d’une plainte déposée par six personnes liées au groupe de défense de l’Association canadienne des médecins pour l’environnement (CAPE).
Les plaignants allèguent que l’Association canadienne du gaz – qui compte parmi ses membres des sociétés telles que Enbridge Inc, FortisBC et ATCO – induit le public en erreur avec sa campagne de marketing « Fuelling Canada ».
La campagne promeut l’utilisation du gaz naturel comme une forme d’énergie à faible émission. Sur le site Web de la campagne, le groupe de pression affirme que « l’industrie canadienne du gaz naturel travaille 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7 pour garantir une énergie abordable, propre et fiable aux familles et aux entreprises. »
Mais l’Association canadienne des médecins pour l’environnement soutient que le gaz naturel n’est pas aussi « propre » que la campagne le laisse entendre. Dans un communiqué de presse, le groupe affirme que le gaz naturel est un combustible fossile qui contribue au réchauffement de la planète.
« L’extraction et la production de gaz polluent également l’air et contaminent les sources d’eau, tandis que plus près de chez nous, les appareils à gaz provoquent une pollution de l’air intérieur et présentent un risque sérieux pour la santé respiratoire des enfants », a déclaré le Dr Melissa Lem, membre de l’ACEP et l’une des plaignantes.
« Alors que le monde converge vers la COP27, les décideurs et les régulateurs au Canada et au-delà doivent intervenir pour mettre fin à l’écoblanchiment des entreprises. »
Selon la U.S. Energy Information Administration, la combustion de gaz naturel pour produire de l’énergie entraîne moins d’émissions de presque tous les types de polluants atmosphériques et de dioxyde de carbone que la combustion de charbon ou de produits pétroliers.
Cependant, l’agence fédérale affirme que la production et l’extraction du gaz naturel sont responsables de la fuite de méthane – un puissant gaz à effet de serre – dans l’atmosphère. L’Agence américaine de protection de l’environnement estime qu’en 2019, les émissions de méthane provenant des systèmes de gaz naturel et de pétrole et des puits de pétrole et de gaz naturel abandonnés étaient à l’origine d’environ 29 % des émissions totales de méthane des États-Unis et d’environ 3 % des émissions totales de gaz à effet de serre des États-Unis.
Au Canada, les groupes environnementaux ont demandé au secteur de l’énergie de faire davantage pour réduire les émissions dites fugitives, c’est-à-dire les fuites de méthane qui peuvent se produire pendant le processus de forage et d’extraction du gaz naturel.
Sur son site Web, l’Association canadienne du gaz a déclaré que l’industrie s’efforce de déployer des technologies qui réduisent les émissions dans toutes ses activités. Parmi les innovations récentes, citons le chauffage hybride, le chauffage combiné et la capture du carbone à petite échelle dans les secteurs résidentiel et commercial, qui ont tous le potentiel de réduire l’empreinte carbone de l’utilisation du gaz naturel.
Le Bureau fédéral de la concurrence est tenu par la loi d’enquêter sur les plaintes officielles relatives à la publicité trompeuse, pour autant qu’elles répondent aux exigences techniques énoncées dans la Loi sur la concurrence du Canada.
En septembre, le Bureau a confirmé qu’il enquêtait sur une plainte connexe concernant des allégations d' » écoblanchiment » dans la publicité, cette fois à l’égard de RBC. L’enquête sur RBC a été lancée à la suite d’une plainte déposée par six personnes, soutenues par des groupes environnementaux, qui allèguent que les déclarations de la banque selon lesquelles elle s’engage à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles dans ses activités et ses prêts d’ici 2050 sont trompeuses, étant donné que RBC continue d’offrir un soutien financier au secteur des combustibles fossiles.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 10 novembre 2022.