M. Poilievre s’adresse aux nouveaux immigrants, alors que M. Brown l’attaque au sujet du projet de loi de 2015 sur l’interdiction du niqab.
OTTAWA — Patrick Brown, le nouveau venu dans la course à la direction du Parti conservateur, a donné le coup d’envoi de sa campagne lundi en fustigeant son adversaire Pierre Poilievre pour sa présence au sein du parti en 2015, lorsque celui-ci a poussé à la création d’une ligne de signalement des « pratiques culturelles barbares ». »
L’attaque a eu lieu alors que Poilievre a passé les derniers jours à rencontrer les dirigeants des communautés culturelles dans la région du Grand Toronto et à promettre de réduire la paperasserie pour les immigrants qui veulent accéder aux licences nécessaires dont ils ont besoin pour travailler dans les industries réglementées.
Le parti sait qu’il doit gagner du terrain auprès des immigrants et des Canadiens racialisés s’il espère obtenir des sièges dans la région ainsi que dans d’autres grandes villes et banlieues, ce qui est considéré comme essentiel pour battre le Premier ministre libéral Justin Trudeau, qui a fait trois mandats.
M. Poilievre s’est engagé lundi à ce que, s’il remporte la course à la direction, un gouvernement conservateur dirigé par lui incite les provinces à exiger que les organismes de réglementation professionnelle se prononcent sur la demande d’un immigrant dans les 60 jours suivant la réception de ses documents, plutôt que de le forcer à attendre des mois.
Alors que Poilievre faisait cette promesse, Brown a publié une déclaration disant que le député de longue date de la région d’Ottawa manque de crédibilité sur toute politique ayant un impact sur les communautés minoritaires, étant donné son rôle dans la campagne électorale des conservateurs en 2015.
C’est pendant cette course que le parti, alors dirigé par l’ancien premier ministre Stephen Harper, a promis de créer une ligne de signalement pour les soi-disant « pratiques culturelles barbares. »
Poilievre se présentait alors comme candidat à sa réélection et était également membre du gouvernement de Harper lorsque celui-ci a présenté un projet de loi interdisant aux gens de se couvrir le visage lors des cérémonies de citoyenneté.
M. Brown affirme que M. Poilievre ne s’est pas prononcé contre ces mesures. Le député compte également dans son équipe Jenni Byrne, qui a été directrice de la campagne nationale du parti en 2015.
« C’est la même campagne qui a mis en avant ces deux politiques odieuses et qui a fait perdre aux conservateurs les élections générales de 2015 », peut-on lire dans la déclaration de Brown.
« Même s’il tente de se distancier de son silence aujourd’hui, ce serait un geste creux dans une tentative peu sincère de gagner des voix. »
En revanche, Brown, qui est le maire de Brampton, s’est positionné comme le candidat qui promeut le mieux les libertés religieuses, notamment en s’opposant à une loi controversée sur la laïcité au Québec qui interdit aux fonctionnaires en position d’autorité de porter des symboles religieux au travail.
Un porte-parole de la campagne de Poilievre n’a pas encore fourni de réponse aux déclarations de M. Brown.
Le député d’Edmonton Tim Uppal, qui a été nommé co-président de la campagne de Poilievre, s’est déjà excusé pour son rôle dans la promotion de l’interdiction du niqab à l’époque. Il a déclaré que le parti est toujours en train de gérer les retombées de cette campagne électorale auprès des communautés raciales.
Une analyse post-mortem de la défaite électorale des conservateurs en 2021, présentée en janvier, a abouti à des conclusions similaires, selon trois sources qui ont parlé à la Presse canadienne sous le couvert de l’anonymat.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 14 mars 2022.