L’obligation de vacciner suscite une action en justice de la part de 4 médecins en Alberta
L’opposition aux politiques de vaccination de la province commence à se manifester devant les tribunaux. Dans une déclaration de 11 pages, quatre médecins de l’Alberta poursuivent les Services de santé de l’Alberta (AHS) et leur PDG, le Dr Verna Yiu, pour leur politique de vaccination obligatoire.
Dans la poursuite, le Dr Eric T. Payne (Calgary), le Dr Joanna J. Moser (Calgary), le Dr Gregory Keen-Wai Chan (Ponoka) et le Dr David Loewen (Grande Prairie) affirment avoir » souffert de diffamation et d’une extrême méchanceté à leur égard en tant que personnes « non vaccinées » à la suite de l’action du Dr Yiu, du premier ministre (Jason) et de la directrice générale de l’AHS. Yiu, le premier ministre (Jason) Kenney et d’autres représentants du gouvernement de l’Alberta ont fait de fausses déclarations publiques et ont promulgué des politiques qui ont pour effet d’affirmer que les personnes non vaccinées sont à blâmer pour la pandémie et le surpeuplement des hôpitaux. »
Le procès prétend également qu’en étant placés en congé sans solde, les quatre sont « exposés à l’opprobre public, au ridicule, à la haine, au mauvais traitement, à la discrimination, à la détestation, au mépris, à l’inimitié, à l’extrême mauvaise volonté, au dénigrement, à l’abus ou à la délégitimation sur la base de leur statut vaccinal ».
Les Albertains devront prouver qu’ils ont reçu les deux injections du vaccin COVID-19 pour entrer dans la plupart des restaurants, des cinémas, des événements sportifs et des commerces non essentiels à partir de lundi, conformément au Programme d’exemption des restrictions (REP) de l’Alberta.
Les deuxièmes doses doivent avoir été administrées au moins deux semaines auparavant pour être acceptables en vertu de la nouvelle réglementation du gouvernement.
Le REP exige de tout client entrant dans les entreprises qu’il couvre de montrer une preuve de vaccination ou de présenter un antigène rapide, une PCR rapide ou une PCR en laboratoire négatifs, à leurs propres frais.
Les personnes en mesure de présenter une preuve valide d’une exemption médicale peuvent être en mesure de contourner les exigences.
Le gouvernement autorise actuellement une version imprimée des dossiers de vaccination, un certificat de vaccination imprimé disponible sur le site web myhealthalberta ou un code QR téléchargeable.
À partir du 15 novembre, le code QR deviendra la seule méthode de preuve acceptée en Alberta.
Dans le même temps, les gouvernements, ainsi que de nombreuses entreprises privées, ont instauré des politiques de vaccination obligatoire.
L’AHS a annoncé le 31 août que tous les employés de l’AHS, les membres des professions médicales et les sages-femmes, ainsi que les étudiants et les bénévoles devaient être entièrement vaccinés avant le 31 octobre. Cette date limite a ensuite été reportée au 30 novembre.
L’action en justice prétend que la politique de l’AHS est à la fois contraire à l’éthique et illégale, affirmant que « toute procédure médicale effectuée sur un patient sans son consentement éclairé équivaut à une agression ».
Elle ajoute : « Dans la mesure où la politique cherche à contraindre les employés à se faire vacciner contre leur gré, sans consentement éclairé, la politique équivaut à une intention exprimée de s’engager dans une conspiration visant à commettre une agression ».
Le procès prétend également que la politique de vaccination obligatoire enfreint la loi sur la liberté d’information et la protection de la vie privée, et contrevient à la Charte canadienne des droits et libertés.
Lorian Hardcastle, professeur de droit à l’Université de Calgary, ne se dit pas surprise que des poursuites soient engagées devant les tribunaux, mais doute que la plupart des plaintes aboutissent.
« Les allégations concernant le consentement éclairé et l’agression sont assez déroutantes, car, bien sûr, personne n’impose de traitement à qui que ce soit. (Cependant) je pense que les allégations concernant le licenciement constructif, et certains types d’allégations liées à l’emploi pourraient avoir un peu plus de chair », a déclaré Hardcastle.
« Il est certain que la sagesse dominante semble être que les poursuites en matière d’emploi concernant les vaccins obligatoires sont susceptibles d’échouer, en partie à cause de la pandémie et de la situation contraignante dans laquelle nous nous trouvons, mais aussi, en partie, parce que les tribunaux, je pense, seraient très réticents à annuler un mandat de vaccination, parce que, bien sûr, tant d’employeurs les ont maintenant. »
Hardcastle s’attend à voir plus de procès concernant les vaccinations obligatoires des travailleurs, car les politiques entrent en vigueur et certains employés voient leur emploi réduit.
« Je pense que nous verrons des cas de licenciement abusif en droit du travail. Je pense que nous verrons des plaintes déposées auprès des tribunaux des droits de l’homme dans les différentes provinces autour des mandats de vaccination. Nous pourrions voir des litiges liés au droit du travail dans le cas d’une main-d’œuvre syndiquée », a déclaré M. Hardcastle, qui soutient qu’il est important que les tribunaux se prononcent sur ces questions afin de fournir des directives claires aux employeurs et aux gouvernements.
« Si l’une de ces affaires se rend jusqu’à la Cour suprême du Canada, il se peut qu’elle ne se prononce pas avant la fin de la pandémie, mais au moins nous aurions alors des indications utiles de sa part sur les cas où il est approprié d’imposer des vaccins et où il est constitutionnel de le faire. Mais je pense qu’au moins nous aurons des décisions de tribunaux de niveau inférieur et des décisions du Tribunal des droits de la personne, qui seront utiles dans l’intervalle. »
Entre-temps, M. Hardcastle note que le gouvernement de l’Alberta a signalé qu’il présenterait une loi protégeant les employeurs contre les poursuites judiciaires découlant de l’imposition de mandats de vaccination. Bien que l’Assemblée législative ait repris ses travaux lundi, ce projet de loi n’a pas encore été déposé.
« La législation pourrait porter sur les réclamations de type droit du travail ou droit de l’emploi, elle pourrait également modifier la législation sur les droits de l’homme pour traiter les employeurs qui établissent des distinctions sur la base des vaccins, nous ne sommes pas vraiment sûrs de ce qui est prévu en termes de cette législation. Mais il est certain qu’elle pourrait affecter ces litiges. Et pourrait elle-même faire l’objet de litiges », a-t-elle déclaré.
La poursuite, préparée au nom des médecins de l’Alberta, a été soumise mais, au moment de la publication lundi, elle n’avait pas encore été déposée devant les tribunaux. Par conséquent, aucune déclaration de défense n’a été soumise par AHS ou le Dr Yiu.