Les Canadiens souhaitent la protection des forêts mais sont préoccupés par les emplois : enquête
Selon un nouveau sondage, les Canadiens de toutes les tendances politiques et de toutes les régions sont en faveur d’une plus grande protection des forêts du pays, mais s’inquiètent de ce que cela pourrait signifier pour l’économie.
Le sondage, commandé par trois groupes environnementaux quelques jours avant qu’Ottawa ne publie ses plans climatiques, indique que 83 pour cent des Canadiens sont d’accord pour que le gouvernement fédéral fasse davantage pour protéger les forêts et la faune.
L’appui atteint 89 pour cent au Québec. Même dans les Prairies, où le soutien est le plus faible, près des trois quarts des répondants sont d’accord.
Les deux tiers des conservateurs souhaitaient davantage de mesures de protection, un chiffre qui est passé à 91 et 95 pour cent chez les libéraux et les néo-démocrates.
« L’ampleur du soutien dans toutes les régions et les affiliations politiques était un peu surprenante « , a déclaré Michael Polanyi de Nature Canada, qui a commandé le sondage Ekos avec le Conseil de défense des ressources naturelles et Nature Québec.
Mais le même sondage a révélé que 67 pour cent des répondants étaient au moins légèrement préoccupés par l’impact économique de ces protections – un chiffre qui grimpe à 86 pour cent chez les conservateurs.
« Il y a une certaine inquiétude », a reconnu M. Polanyi, tout en soulignant que plus d’un quart des répondants à cette question ont qualifié leur inquiétude de légère.
Le sondage, qui a été effectué auprès de 1 036 Canadiens entre le 11 et le 18 mars, a été réalisé quelques jours avant que le gouvernement fédéral ne dévoile sa voie de réduction des émissions, un plan officiel visant à atteindre des émissions nettes de gaz à effet de serre nulles d’ici 2050. Selon M. Polanyi, si l’on veut atteindre ces objectifs, la foresterie devra être examinée de plus près.
« Elle a manqué d’attention ».
L’inventaire national des gaz à effet de serre indique que la foresterie libère 140 mégatonnes de dioxyde de carbone par an, mais M. Polanyi estime que ce chiffre est trop bas. En octobre, Nature Canada a publié une étude suggérant que ce chiffre est sous-estimé de 80 mégatonnes.
Le fait de replanter les arbres abattus ne rend pas l’industrie neutre en carbone, selon M. Polanyi. Il faut dix ans pour qu’un jeune arbre commence à séquestrer du carbone, tandis que le carbone stocké dans un arbre adulte finit par être rejeté dans l’atmosphère, quelle que soit son utilisation.
C’est pourquoi, selon M. Polanyi, les entreprises qui brûlent des granulés de bois pour produire de l’énergie devraient payer la même taxe sur le carbone que celles qui brûlent du charbon ou du gaz. Le sondage suggère que les trois quarts des Canadiens sont d’accord.
« Les Canadiens veulent des règles du jeu équitables. »
Les porte-parole de l’industrie affirment que les rejets de carbone sont entièrement comptabilisés grâce à des méthodes élaborées par des scientifiques fédéraux. Les méthodes de comptabilisation du Canada ont été adoptées par 25 pays et approuvées par le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat, disent-ils.
L’Association des produits forestiers du Canada affirme que la gestion forestière imite déjà les processus naturels tels que les pertes dues aux incendies dans le but de maintenir le fonctionnement normal des écosystèmes.
Pourtant, le sondage suggère un fort soutien pour une plus grande protection des forêts.
Près des deux tiers des personnes interrogées ont déclaré que la conservation des forêts anciennes était importante. Près des trois quarts ont dit qu’il était important que le Canada soit un chef de file mondial « en protégeant ses forêts boréales encore intactes » — une opinion partagée par près de la moitié des répondants conservateurs.
Selon M. Polanyi, le plan des libéraux pour réduire les émissions globales de gaz à effet de serre devra inclure des mesures pour le secteur forestier s’il doit fonctionner.
« Le rapport qui sera publié la semaine prochaine sera crucial « , a-t-il dit.
« La mise en place d’actions visant à encourager un secteur de l’exploitation forestière à faible émission de carbone est l’occasion de s’assurer que tous les secteurs contribuent. »
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 27 mars 2022.