L’enquête sur la fusillade en Nouvelle-Écosse défend la phase d’établissement des faits
La commission d’enquête sur la fusillade de 2020 en Nouvelle-Écosse a publié lundi un rapport provisoire qui décrit ses progrès et défend sa décision de limiter les témoignages.
Ayant largement terminé sa phase initiale d’établissement des faits, l’enquête a entendu plusieurs témoins et divulgué plus de 50 000 documents, y compris des dossiers d’enquête, des courriels, des notes des premiers intervenants, des transcriptions de communications avec la police et des photographies.
Le rapport intérimaire de 162 pages ne contient aucune conclusion de fait ou recommandation. Ce genre de contenu fera partie d’un rapport final qui doit être soumis aux gouvernements fédéral et provincial d’ici le 1er novembre. Le rapport donne toutefois un aperçu de ce que l’enquête espère accomplir au cours des six prochains mois.
L’enquête est déjà passée de la recherche des faits à l’examen du « comment et du pourquoi » un tireur isolé a tué 22 personnes les 18 et 19 avril 2020, tout en échappant à la police pendant 13 heures. Et dans les semaines à venir, l’enquête explorera les événements pertinents avant et après le saccage dans le nord et le centre de la Nouvelle-Écosse.
Entre autres choses, l’enquête – officiellement connue sous le nom de Mass Casualty Commission – devrait produire des rapports sommaires sur la violence antérieure du tueur envers d’autres personnes, y compris sa conjointe de fait et d’autres membres de sa famille.
L’enquête permettra également d’en savoir plus sur les affaires financières du tireur et sur la manière dont les proches de ses victimes ont été informés de leur décès et ont reçu un soutien.
La commission d’enquête a commencé son travail en octobre 2020 lorsque les gouvernements fédéral et de la Nouvelle-Écosse ont émis des ordres du cabinet et nommé trois commissaires pour diriger les travaux.
Les commissaires étaient censés terminer une enquête indépendante d’un an en octobre 2021, mais ils n’ont pas respecté ce délai, en partie à cause des retards causés par la pandémie de COVID-19. En conséquence, le début des audiences publiques a été retardé à deux reprises.
Lorsque les audiences publiques ont commencé le 22 février, les avocats de la commission ont déclaré que l’énorme volume de preuves – recueillies sur plus d’une douzaine de scènes de crime et lors d’entretiens avec plus de 150 témoins – serait résumé dans des documents dits de base qui seraient publiés au fur et à mesure de l’avancement des procédures.
Cette approche contraste avec les méthodes de la plupart des autres enquêtes publiques, qui s’appuient généralement sur des témoignages en personne, sous serment, pour révéler ce qui s’est passé et pourquoi.
Dès le début, l’enquête a fait l’objet de critiques de la part des parents de certaines victimes, qui ont dit à plusieurs reprises qu’ils voulaient entendre plus de témoignages plutôt que de recevoir des transcriptions d’entretiens précédents.
Dans son rapport intérimaire, la commission a défendu son approche, disant qu’elle a divulgué les transcriptions des entretiens avec les témoins afin de minimiser le nombre de fois qu’une personne est invitée à parler d’un sujet « potentiellement difficile ».
« En procédant ainsi, nous sommes en mesure d’inclure le témoignage de nombreuses personnes de manière efficace et efficiente, tout en étant attentifs aux besoins de ceux qui peuvent continuer à subir des traumatismes « , indique le rapport, qui précise que la commission est guidée par des principes de réparation et une approche » tenant compte des traumatismes « .
« Les principes de réparation nous guident pour ne plus faire de mal, pour être informés des traumatismes et pour être attentifs aux besoins et à l’impact de l’accident de masse sur les personnes les plus directement touchées », indique le rapport.
« Veiller à ce que notre travail soit informé des traumatismes ne signifie pas que la commission est un fournisseur de services ou que nous jouons un rôle de guérison. Cela ne limite pas notre capacité à mener une enquête approfondie et indépendante sur les accidents de masse. »
La commission d’enquête a appris que la nuit du 18 avril 2020, le tueur était déguisé en gendarme et conduisait une réplique d’une voiture de patrouille de la GRC lorsqu’il a abattu 13 personnes à Portapique, en Nouvelle-Écosse, avant de s’enfuir à Debert, en Nouvelle-Écosse, où il a passé la nuit.
Le lendemain, il a tué neuf autres personnes en entraînant la police dans une poursuite chaotique de plus de 100 kilomètres. Le matin même, il a été abattu par deux agents de la GRC alors qu’il s’était arrêté pour faire le plein d’une voiture volée dans une station-service au nord d’Halifax.
Parmi ses victimes figuraient une femme enceinte, un agent de la GRC, deux infirmières, deux agents correctionnels, une famille de trois personnes, un enseignant et certains de ses voisins à Portapique.
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 2 mai 2022.