L’auteur québécois Simon Roy a reçu une aide médicale à mourir
Après avoir combattu un cancer du cerveau, l’auteur québécois Simon Roy a bénéficié d’une aide médicale à mourir samedi après-midi, ont indiqué les Éditions du Boréal dans un communiqué.
À la fin du mois de juin, Simon Roy a partagé des nouvelles de son état sur sa page Facebook. Il a annoncé que sa tumeur progressait rapidement et qu’il avait grandement perdu ses « compétences linguistiques. »
Il précise dans son message que les médecins estiment qu’il lui reste environ deux mois à vivre.
« J’ai l’intention de demander une assistance médicale pour mourir vers la fin du mois d’août. J’accepte ce destin aussi calmement que possible. Cela fait 16 mois que je m’y prépare. Pourtant, c’est une sacrée gifle », a-t-il déclaré.
Avant de s’éteindre, il a dicté un message à sa femme Marianne Marquis-Gravel pour qu’elle le diffuse sur les réseaux sociaux. Il y mentionne qu’il prévoit de partager un dernier repas avec sa compagne et ses enfants, qu’il prendra un dernier verre de vin en l’honneur de la vie qu’il a menée et qu’il écoutera une chanson qui lui est chère avant de rendre son dernier souffle.
« Durant ces dernières minutes, les enfants poseront une main sur mes joues, et Marianne blottira sa tête contre mon cœur J’espère être pleinement conscient, les yeux grands ouverts pour pouvoir les regarder une dernière fois et leur sourire », peut-on lire sur le post Facebook de Marquis-Gravel.
Roy a enseigné la littérature au Collège Lionel-Groulx, mais il s’est surtout fait connaître pour son livre « Ma vie rouge Kubrick », publié en 2014, et lauréat du Prix des Libraires du Québec cette année-là.
Ont suivi « Owen Hopkins, Esquire », « Fait par un autre » et son plus récent roman qui marie fiction et réalité, « Ma fin du monde », publié en mai dernier. Ce dernier est une réflexion sur la peur basée sur sa propre expérience et celle des auteurs Stephen King, Stanley Kubrick et Orson Welles.
Son éditeur a déclaré dans un communiqué de presse que ses livres étaient parfois basés sur « une analyse obsessionnelle du film The Shining de Stanley Kubrick ».
Il s’interroge sur la possibilité de continuer à vivre lorsque nos vies sont marquées par la tragédie. C’est un thème qu’il aborde dans son dernier roman, dans lequel il traite de sa propre mort de manière « vertigineuse ».
« Nul doute que l’œuvre qu’il nous laisse, empreinte d’une profonde originalité, nous aura obligés à reconnaître que les histoires, mêlant inextricablement réalité et mensonge, constituent la substance même de nos vies », écrivent les Éditions du Boréal.
Marquis-Gravel a récemment écrit son premier roman intitulé « Dans la lumière de notre ignorance » sur sa relation avec Roy et a partagé un message émouvant sur Facebook.
Elle a dit qu’au cours des derniers jours, l’état de Roy s’était détérioré et qu’il avait de la difficulté à se tenir debout. Il a choisi de bénéficier d’une assistance médicale à mourir afin de rester lucide et conscient.
« Il nous a quittés cet après-midi à 15 heures, à la maison, d’une manière douce et acceptée. Il était prêt depuis des jours, mais il voulait être présent à ma fête d’anniversaire. Simon, purement et simplement, jusqu’à son dernier souffle. Il a même fait des blagues jusqu’aux dernières secondes », dit-elle.
En plus de sa compagne Marianne Marquis-Gravel, Simon Roy laisse derrière lui ses enfants, Romane et Colin.
Ce reportage de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois en français le 15 octobre 2022.