La hausse des taux d’intérêt au Canada, un revers pour les candidats à l’accession à la propriété
Une nouvelle hausse des taux d’intérêt marque un pas de plus dans le parcours d’Elyse Gamache-Belisle, une Montréalaise, vers l’accession à la propriété.
Cette mère célibataire de deux jeunes enfants travaille comme chef de projet. Elle s’est lancée dans l’aventure il y a un an et demi.
Mme Gamache-Belisle a collecté des milliers de boîtes de conserve et a échangé ses boîtes vides contre un acompte sur une propriété.
Son objectif est à la fois de récolter de l’argent, mais aussi de sensibiliser les gens aux défis auxquels sont confrontés les acheteurs potentiels.
« Je vois que les taux augmentent, que l’inflation augmente, et si une personne comme moi, une mère célibataire avec un bon emploi, ne peut pas se permettre de rester dans mon quartier, alors beaucoup de gens auront le même problème, voire pire », dit-elle.
Elle économise depuis une dizaine d’années, dans l’espoir d’acheter un immeuble à appartements dans le quartier Villeray à Montréal, où elle pourrait vivre et louer d’autres unités à un prix abordable.
Mme Gamache-Belisle dit qu’elle aime faire ses courses dans le quartier et que ses enfants vont à l’école à pied. Mais en 2021, une flambée des coûts immobiliers l’a forcée, comme tant de Canadiens, à examiner de près si son rêve pouvait devenir réalité.
« Et parfois, j’ai l’impression que mon quartier me repousse », dit-elle. « C’est comme s’il me disait que je n’ai pas assez d’argent pour vivre ici ».
Elle a donc commencé à demander aux voisins, aux membres de sa famille et à ses amis de lui donner leurs vides.
« Beaucoup de gens mettent leurs canettes à la poubelle, ce n’est pas bon pour la planète, alors je leur demande de me les donner, pour que je puisse faire quelque chose avec ces canettes. Je les échangerai contre de l’argent pour un logement, et pour offrir à quelqu’un un logement à un loyer raisonnable. »
Alors que la Banque du Canada a augmenté son taux d’intérêt de référence mercredi de 50 points de base pour le porter à 3,75 %, la sixième hausse cette année, Mme Gamache-Belisle a essayé de faire le point sur le nombre de boîtes de conserve et d’années qui restent à courir pour atteindre son objectif. Si elle achetait une propriété maintenant, ses paiements mensuels s’élèveraient à des milliers de dollars de plus par année qu’en 2021.
Les futurs propriétaires ressentent également le poids de l’inflation, ce qui rend difficile la mise de côté de l’argent.
Au marché Jean-Talon de Montréal, des étalages colorés de pommes, de choux-fleurs et de tomates sont proposés aux acheteurs. Nombreux sont ceux qui disent pouvoir encore trouver de bonnes affaires : un homme a rempli un panier monté à l’arrière de son vélo avec un monticule de pommes. « Tout cela n’a coûté que cinq dollars », annonce-t-il en souriant.
Pourtant, l’augmentation du coût global de la nourriture a mis à mal de nombreux budgets. Le prix d’une plaquette de beurre dans un magasin voisin était de 8 dollars mercredi.
« Je suis traiteur », dit un homme qui s’arrête devant un stand de fruits et légumes. « J’ai remarqué que tout a augmenté, les fruits, les légumes, le poisson, la viande », énumère-t-il. Il s’adapte en essayant de nouvelles recettes, et est catégorique : il continuera à essayer de ne pas faire payer ses clients plus cher. « Je ne veux pas alimenter cette roue de l’inflation », dit-il.
Et Mme Gamache-Belisle affirme que cela fait partie du message qu’elle veut faire passer avec sa collection de canettes.
« Je veux vraiment que les gens pensent les uns aux autres, à la façon dont ils peuvent s’entraider », dit-elle. « Parce que nous avons un problème en ce moment ».