Enquête sur la loi sur les mesures d’urgence : avant le Premier ministre, récapitulez les témoignages de la commission du convoi
La dernière semaine d’audiences à la Commission d’urgence de l’ordre public devrait être une superproduction, alors que le premier ministre Justin Trudeau, un trio de ses meilleurs collaborateurs et plusieurs membres du cabinet devraient prendre la parole.
Vendredi, la commission a confirmé que les meilleurs membres du personnel de Trudeau avaient été ajoutés à la liste des témoins pour parler de leur implication dans la promulgation de pouvoirs historiques pour mettre fin aux manifestations du « Freedom Convoy » : chef de cabinet Katie Telford, chef de cabinet adjoint Brian Clow , et le directeur des politiques John Brodhead.
Au cours des cinq dernières semaines, la commission chargée d’examiner l’invocation par le gouvernement fédéral de la Loi sur les mesures d’urgence a entendu les témoignages de 62 témoins et s’est penchée sur des tas de documents.
En examinant ce qui a conduit à l’invocation, la commission a appris l’impact sur les résidents d’Ottawa et le conseil municipal, le dysfonctionnement du Service de police d’Ottawa et les difficultés de la chaîne de commandement et du partage d’informations entre la Police provinciale de l’Ontario et la GRC.
Les audiences ont également brossé des tableaux clairs de la frustration suscitée par le manque apparent d’implication du gouvernement de l’Ontario, les luttes de pouvoir des organisateurs du convoi et les origines populaires des médias sociaux, ainsi que la priorité accordée aux blocus frontaliers pour des raisons économiques et diplomatiques.
Au cours de la semaine dernière, le commissaire Paul Rouleau a entendu parler de la quantité incroyable de bureaucratie fédérale impliquée et des interprétations divergentes de ce que la Loi sur les mesures d’urgence, telle qu’elle a été rédigée il y a des décennies, prescrit en ce qui concerne ce qui constitue une urgence d’ordre public national.
Tout cela devrait culminer la semaine prochaine lorsque les décideurs ultimes prendront position.
Devraient témoigner lundi de hauts responsables du Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) et du Centre intégré d’évaluation du terrorisme.
Ensuite, selon la commission, voici l’ordre des témoins anticipés pour le reste de la semaine :
- Bill Blair, ministre de la Protection civile
- Marco Mendicino, ministre de la Sécurité publique
- Dominic LeBlanc, ministre des Affaires intergouvernementales
- Le ministre de la Justice David Lametti
- Anita Anand, ministre de la Défense
- Le ministre des Transports Omar Alghabra
- Vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland
- Katie Telford, Brian Clow et John Brodhead
- Premier ministre Justin Trudeau
Avant cette dernière phase de témoignage, voici un récapitulatif complet des moments clés des cinq dernières semaines.
LA VILLE D’OTTAWA ET SES RÉSIDENTS
Les audiences de la commission et l’expérience largement traumatisante des résidents du centre-ville d’Ottawa et les préoccupations des groupes d’affaires dans leurs relations avec la ville et la police, ainsi que les points de vue des conseillers locaux dont les quartiers ont été occupés par des manifestants et des camions de transport l’hiver dernier.
Ensuite, la commission a entendu les hauts responsables de la ville parler des « nombreux points de défaillance » de la réponse locale.
Le témoin Victoria De La Ronde écoute Zexi Li parler d’une photo qu’elle a prise lors de la manifestation à la Commission d’urgence de l’ordre public, à Ottawa, le vendredi 14 octobre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Adrian Wyld
Cette section du témoignage a abordé mais apparemment rejeté des hôtels, et le retour de la sécurité de Hill sur les tentatives de la Ville d’Ottawa de conclure un accord pour déplacer les camions.
C’est au cours d’un témoignage que la première grande révélation politique est survenue : Trudeau a dit au maire qu’il pensait que le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, « se cachait de sa responsabilité… pour des raisons politiques ».
LES ACTEURS CLÉS DE LA POLICE
Lorsque la commission s’est concentrée sur les forces de police, la politique et le personnel ont été éclairés, et des documents ont fourni de nouvelles informations sur le type de renseignements que les forces de police possédaient au sujet du « convoi de la liberté » alors qu’il traversait le Canada et atterrissait dans la capitale nationale.
En parlant d’informations, c’est à peu près à cette époque qu’une « évaluation du renseignement » de l’OPS a été révélée au cours des audiences,
L’ancien chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, essuie ses larmes alors qu’il devient émotif en comparaissant comme témoin à la Commission d’urgence de l’ordre public à Ottawa, le vendredi 28 octobre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick
Et puis l’ancien chef de la police d’Ottawa, Peter Sloly, a passé deux jours à la barre, ému lorsqu’il a parlé de ce qu’il pensait des agents sur le terrain au milieu de ce qu’il a appelé plus tard « un parc à thème au milieu d’une crise de sécurité publique ». Il a également cherché à expliquer son commentaire « peut-être pas une solution policière ».
Puis ce fut au tour de la Police provinciale de l’Ontario. Au cours de cette phase de témoignage, la commission sur les dépanneuses et le téléphone cassé sur les avertissements du renseignement, et sur le commissaire de la GRC Brenda Lucki envoyant un texto à son homologue de la Police provinciale de l’Ontario pour tenter de « calmer » les ministres au milieu d’une apparente perte de confiance envers la police.
LES ORGANISATEURS DU CONVOI ET LES MANIFESTANTS
Passant du point de vue policier au point de vue des manifestants, la commission a ensuite passé quelques jours à se focaliser sur les témoignages des organisateurs de la manifestation « Freedom Convoy » et de leurs partisans.
Des descriptions de manifestants et des motivations des organisateurs et des efforts déployés par certains pour maintenir les manifestations pacifiques, au rôle joué par TikTok dans le déclenchement des convois à travers le Canada, la commission a été avertie le premier jour de cette phase de témoignage.
Tamara Lich comparaît comme témoin à la Commission d’urgence de l’ordre public à Ottawa, le vendredi 4 novembre 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Sean Kilpatrick
La question de ce « protocole d’accord » est alors devenue très nette, quelques acteurs clés de la manifestation expliquant clairement pourquoi ils pensaient que cette idée était le même jour, la commission a entendu des accusations selon lesquelles les forces de police auraient transmis des renseignements aux manifestants et a appris des réserves certains avait à propos de la présence de Pat King, et d’autres « cintres » vraisemblablement à la recherche d’une part de leur vache à lait de financement participatif.
Tamara Lich a alors pris la parole et a été accusée d’avoir une mémoire « sélective » lorsqu’il s’agissait de se remémorer les événements qui se sont déroulés à Ottawa. Dans la foulée, les manifestants arrêtés ont partagé ce qui a commencé comme des expériences de protestation ensoleillées et passionnantes, pour
Puis, parlant depuis sa garde à vue, Jeremy MacKenzie a fait des efforts répétés pour tenter de minimiser ou de rejeter les témoignages antérieurs devant la commission au sujet de Diagolon – une communauté en ligne controversée qu’il dirige – étant une entité extrémiste.
LES BLOQUEURS DES FRONTIÈRES ET LES RÉPONDANTS
C’était alors l’heure du blocus frontalier, où des manifestants, des policiers et des fonctionnaires municipaux ont été entendus.
Des inquiétudes documentées du SCRS selon lesquelles l’invocation de la Loi sur les mesures d’urgence pourrait pousser les manifestants à la violence, à la pression que Ford ressentait de la part des grandes entreprises pour que le blocus prenne fin – au point qu’il songeait à se lancer dans les affaires de l’OPP – voici des moments clés .
Un convoi de camions protestant contre les mandats de vaccination contre la COVID-19 bloque l’autoroute au passage frontalier américain très fréquenté de Coutts, en Alberta, le 2 février 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh
Et, des textes envoyés par le maire accusant Jason Kenney, alors premier ministre de l’Alberta, « d’ignorer que la province est prise en otage par des terroristes nationaux », aux manifestants voulant que Trudeau vienne leur parler, voici les principaux points à retenir de
LA BUREAUCRATIE FÉDÉRALE
Enfin, la quatrième semaine s’est concentrée uniquement sur le gouvernement fédéral, le côté non élu, pour être précis. Passant par les hauts fonctionnaires de presque tous les ministères et organismes fédéraux concernés, la commission a entendu parler de la décision d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence.
D’anciens responsables de Sécurité publique Canada ont témoigné qu’ils n’avaient pas prévu que le convoi serait aussi important et resterait aussi longtemps à Ottawa qu’il l’a fait, et qu’ils pensaient qu’il y avait des lacunes dans le
Le même jour, les gens d’Affaires mondiales ont évoqué la dynamique internationale et la désinformation entourant les manifestations, les préoccupations concernant les efforts de financement participatif à l’étranger et le convoi fabriqué au Canada qui nuit à la réputation des nations à l’étranger.
Au cours de cette audience, il est apparu que le SCRS ne considérait pas les manifestations du « Freedom Convoy » comme une menace à la sécurité nationale par définition, mais le conseiller à la sécurité nationale et au renseignement de Trudeau, Jody Thomas, l’a certainement fait.
Lorsqu’elle était commissaire de la GRC, elle a cherché à justifier pourquoi elle n’avait pas informé avec plus de force le cabinet des outils et des plans de la police qui auraient pu être en jeu avant l’invocation. La haute gendarme assiégée a également expliqué pourquoi il était temps de codifier des règles sur ce qui constitue une ingérence politique, afin d’éviter de futures controverses.
Un convoi de camions protestant contre les mandats de vaccination contre la COVID-19 bloque l’autoroute au passage frontalier américain très fréquenté de Coutts, en Alberta, le 2 février 2022. LA PRESSE CANADIENNE/Jeff McIntosh
La commission a également entendu parler de la façon dont Finances Canada s’inquiétait des conséquences économiques durables du convoi, tandis que Transports Canada, dans ses activités commerciales, était bloqué par toute l’affaire.
Puis, vendredi, de hauts responsables du Bureau du Conseil privé (BCP) ont témoigné qu’après avoir adopté une approche sans détour pour tenter de trouver une issue à l’occupation d’Ottawa qui a duré des semaines, toutes les options n’avaient pas été épuisées avant que le Cabinet ne tire sur le levier permettant à la des pouvoirs sans précédent qui ont accompagné la déclaration d’une urgence nationale d’ordre public. C’est parce que toutes les autres options n’étaient pas adéquates, selon la greffière du BCP, Janice Charette.
FEDS STAND BY, RAPPORT DÛ EN FÉV.
Tout au long des témoignages et des révélations et idées qu’il a offertes, le gouvernement fédéral a maintenu sa décision d’invoquer la Loi sur les mesures d’urgence, une décision qu’il a décrite à plusieurs reprises comme une mesure de « dernier recours ».
« C’était une chose difficile à faire à l’époque, mais j’étais absolument convaincu à l’époque que c’était la bonne chose à faire », a déclaré Freeland aux journalistes sur la Colline du Parlement jeudi. « Je reste aujourd’hui absolument convaincu que c’était la bonne chose à faire. Et j’aurai plus à dire la semaine prochaine. »
Lorsque la commission a été mise sur pied en avril – dans un délai serré pour terminer ses travaux –, elle a reçu le mandat d’examiner les circonstances qui ont conduit à l’utilisation de la Loi sur les mesures d’urgence ainsi que les mesures prises par son intermédiaire pour faire face à la situation d’urgence.
L’intention était de repartir avec des conclusions concernant « la pertinence et l’efficacité » des mesures prises par le gouvernement.
Dans son allocution d’introduction, le commissaire Paul Rouleau a déclaré que l’accent demeurera « carrément sur la décision du gouvernement fédéral ».
On s’attend à ce que le rapport final au Parlement indique comment empêcher que des événements similaires ne se reproduisent et indiquera si la loi sur les mesures d’urgence et le cadre réglementaire connexe doivent être modifiés.
Une fois les audiences publiques terminées la semaine prochaine, la phase politique des travaux de la commission commencera.
La semaine du 28 novembre, la commission organisera une série de tables rondes avec des experts dans divers domaines. Chaque panel se concentrera sur un thème commun ou un ensemble de questions, avec la contribution des groupes et des individus qui ont obtenu le statut.
L’enquête portera ensuite son attention sur la compilation de toutes ses preuves et conclusions dans un rapport final.
La commission est tenue de soumettre ce rapport au gouvernement avec toutes ses recommandations dans les deux langues officielles d’ici le 6 février 2023.
Le gouvernement doit ensuite déposer le rapport à la Chambre des communes et au Sénat, d’ici le 20 février 2023.