Don Martin : Le leadership assiégé de Trudeau a réclamé une loi d’urgence.
Tant de pouvoirs d’urgence, si peu de policiers prêts à les utiliser.
C’est là que le bât blesse, alors que le Canada s’engage en terrain inconnu avec des ordonnances provinciales et des injonctions judiciaires visant à repousser le convoi de la liberté hors du centre d’Ottawa et loin des postes frontaliers.
Le Premier ministre Justin Trudeau a un drôle de sens du timing pour sa prise de position musclée contre ce qui était un mouvement « marginal » il y a seulement 18 jours.
Sa décision sans précédent de recourir à la législation de dernier ressort a été annoncée au moment où les camions commençaient à sortir des rues résidentielles d’Ottawa ou à traverser le pont Ambassador débloqué vers Détroit, tandis que la GRC dispersait des manifestants armés à Coutts, à la suite de la décision des provinces de lever les restrictions sur les vaccins.
En outre, si cette offre d’aide fédérale d’urgence était si vitale et magnanime, il est étrange que seuls deux premiers ministres provinciaux lui aient accordé leur soutien enthousiaste.
Mais la grande question est de savoir si les nouveaux pouvoirs politiques vont réellement déclencher une action policière car, comme nous l’avons vu avec une fréquence inquiétante, la résolution politique n’est pas la même que la résolution policière de ces occupations et blocus.
L’envoi d’un plus grand nombre de membres de la GRC ne mettra pas fin à la paralysie d’Ottawa s’ils se contentent de se joindre à des forces locales invisibles ou en retrait qui ne font rien pour étouffer la protestation.
Même faire ce que les manifestants demandent ne semble pas atténuer leur intransigeance. Leur détermination à continuer à faire la fête semble se durcir avec chaque restriction abrogée par les provinces.
Mais tout de même, c’est quelque chose de la part de Trudeau après trois semaines d’appels téléphoniques, de comités et de conférences de presse vides de sens de la part de nombreux ministres aux sourcils froncés.
Le gouvernement a pris des mesures pour suivre et bloquer le financement par la foule des chefs de convois et pour réprimer les camionneurs qui utilisent leurs véhicules pour les manifestations.
Le fait de priver les meneurs de fonds, de suspendre leur assurance et de frapper les chauffeurs sur leur salaire de gros camionneur fera plus pour mettre fin à cette épreuve de force que les contraventions et les menottes.
Mais il ne s’agit pas seulement d’augmenter le nombre de policiers, d’alléger le portefeuille des camionneurs et d’ordonner aux dépanneuses réticentes d’effectuer un service de remorquage pour la confrérie. La plupart de ces mesures pourraient être prises en vertu d’ordonnances d’urgence provinciales.
C’est une autre urgence qui exige une action globale de la part de Trudeau – pour sauver son leadership.
Confronté à une chute des taux d’approbation et à des réactions internes à son style de leadership et à sa substance, Trudeau a besoin d’une victoire rapide et importante sur les protestations ou son leadership est cuit.
La loi sur les urgences aidera probablement à polir son image ternie, mais seulement si les barrages tombent et que le cœur d’Ottawa se vide rapidement sans le genre de violence et d’effusion de sang qui place le Canada en tête des bulletins d’information mondiaux.
Même dans ce cas, il y a une fureur persistante dans le pays qui vise Trudeau pour avoir donné à ce désordre la traction dont il avait besoin pour devenir un convoi en imposant un vaccin médicalement inutile pour traverser les frontières sur l’occupation la plus solitaire de l’économie.
Il est donc toujours très possible, voire probable, que Trudeau soit confronté à un état d’urgence personnel permanent à cause de ce festival marginal.
Il n’est pas le seul à être un dommage collatéral.
Les ambitions de Pierre Poilievre en tant que premier ministre, s’il remporte la course à la direction du Parti conservateur, ont maintenant autant de chances de se réaliser que le renouvellement du contrat du chef de la police d’Ottawa.
Et le premier ministre de l’Ontario, Doug Ford, pourrait avoir beaucoup plus de mal à se faire réélire au printemps après son comportement contraire à l’action au début de la manifestation.
Mais c’est Justin Trudeau qui souffrira le plus, car les responsabilités remontent au sommet et le premier ministre n’a rien fait pour accepter ou même reconnaître son rôle clé dans la création de ce gâchis.
Et comme son moment de vigilance, l’invocation de la Loi sur les urgences a été tardive et imite principalement les pouvoirs qui existent déjà dans les ordonnances provinciales ou les injonctions des tribunaux.
Le règne de Justin Trudeau en tant que premier ministre est donc confronté à sa propre restriction de mandat – plus précisément, il s’agit de son dernier mandat en tant que chef libéral.
Le recours à la loi sur les urgences était une tentative désespérée de vacciner son leadership libéral contre la rébellion, alors même que les préoccupations internes du caucus concernant sa performance étaient rendues publiques.
Les retombées marginales enverront-elles un chef assiégé et déprécié vers la retraite dans la neige ?
Eh bien, je suppose qu’il n’y a qu’une seule réponse à cela : Il suffit de le regarder.
C’est l’essentiel…