Projet de loi 96 : Le premier ministre du Québec, M. Legault, doit surveiller les statistiques sur l’utilisation du français dans les foyers.
La réforme controversée de la Charte de la langue française du Québec a reçu la sanction royale mercredi, mettant en branle plusieurs nouveaux règlements visant à maintenir la langue commune de la province.
Le projet de loi 96 a été adopté par l’Assemblée nationale le 24 mai. Les députés québécois ont voté 78-29 en faveur de la loi, les députés de l’opposition du Parti libéral et du Parti québécois ayant voté contre.
La réforme a des répercussions sur presque tous les secteurs gouvernementaux.
Parmi ces implications, les étudiants anglophones du CEGEP suivront davantage de cours en français, les nouveaux immigrants devront éventuellement parler français dans les communications gouvernementales et des changements seront apportés au système permettant de déterminer combien de juges au Québec doivent être bilingues.
Le tout nouveau ministère de la langue française du Québec est chargé de maintenir le statut du français dans la province. Son responsable, le nouveau ministre de la langue française Simon Jolin-Barrette, est en train de former une équipe.
Le premier ministre François Legault dit qu’il suivra les statistiques sur l’utilisation du français dans les années à venir afin d’évaluer le succès du projet de loi.
Cette analyse sera basée sur deux paramètres en particulier : l’utilisation du français au travail et l’utilisation du français à la maison.
Ce dernier point a suscité une avalanche de questions de la part des journalistes lors d’une mêlée de presse à Québec mercredi, demandant si le premier ministre avait l’intention d’influencer la façon dont les Québécois se parlent entre eux dans leur propre foyer.
M. Legault a seulement confirmé qu’il surveillerait les statistiques. Toutefois, a-t-il ajouté, « s’il n’y a personne qui parle la langue à la maison … le français finira par disparaître. »
« J’aimerais aussi avoir de nouveaux indicateurs sur la langue parlée dans les lieux publics ».
L’effort pour protéger le français dans la province découle, en partie, d’une récente étude de l’Office québécois de la langue française qui projetait dans les décennies à venir.
L’étude prévoit qu’entre 74 et 76 pour cent des Québécois parleront la langue à la maison d’ici 2036. En 2011, c’était le cas pour 82 % d’entre eux.
Selon l’Office, une partie de ce changement est causée par la proportion croissante d’immigrants dans la population du Québec. En 2016, la plupart des familles immigrantes parlaient une langue autre que le français ou l’anglais à la maison (39 pour cent). Environ 33 pour cent parlaient le français à la maison, et 14 pour cent l’anglais.
« Nous voulons que ce soit la langue commune », a déclaré M. Legault. « C’est la langue à la maison, c’est la langue au travail », [and] c’est la langue dans le secteur public. »
Mais certains ne pensent pas que le suivi de la langue parlée à la maison soit un bon indicateur du statut du français au Québec.
« Les allophones sont capables de parler le français de manière assez extensive », a déclaré Jack Jedwab, président de l’Association d’études canadiennes.
« Nous avons des pourcentages très élevés d’entre eux qui parlent le français, mais il se trouve que ce n’est pas leur langue maternelle », a-t-il ajouté. « Donc, si le premier ministre cherche délibérément à utiliser cet indicateur, il sait qu’il va démontrer un léger déclin de l’utilisation du français à la maison. »
Il affirme que le Québec devrait avoir des objectifs plus réalistes compte tenu de la diversité linguistique de la province.
« Montréal ne sera pas Chicoutimi. Elle ne sera pas Rimouski », a-t-il dit. « Quiconque espère que ce sera le cas, en termes d’utilisation publique des deux langues, est irréaliste et injuste. »
— Publié avec les fichiers de Matt Grillo de actualitescanada.