Le budget d’immobilisations de Parcs Canada chute alors que l’agence travaille sur un nouveau plan pour les actifs en ruine
Le budget d’immobilisations des parcs nationaux et des lieux historiques du Canada est réduit de plus des deux tiers cette année, même si plus de 30 % des actifs de l’agence demeurent en mauvais ou très mauvais état.
Parcs Canada vient également de connaître une deuxième année de perte de revenus en raison de l’effet de la COVID-19 sur le nombre de visiteurs.
Le Budget principal des dépenses du gouvernement publié ce printemps alloue un budget d’immobilisations de 138 millions de dollars, en baisse par rapport aux 448 millions de dollars dépensés l’an dernier et aux 556 millions de dollars en 2020-2021.
Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, a déclaré la semaine dernière au comité de l’environnement de la Chambre des communes qu’un programme d’infrastructure « limité dans le temps » permettant à l’agence de mettre ses actifs à niveau était terminé.
« L’agence élabore un plan à long terme pour la gestion et la durabilité de son infrastructure », a-t-il déclaré.
Un rapport de Parcs Canada de 2021 sur l’état de ses actifs indique que l’agence possède un portefeuille de 26,6 milliards de dollars d’actifs, y compris tout, des bâtiments et structures historiques aux autoroutes, ponts, canaux et phares.
Une évaluation en 2012 a identifié que plus de la moitié des actifs de l’agence étaient en mauvais ou très mauvais état. Une deuxième évaluation, achevée en 2018, a indiqué que cela s’était amélioré, mais que 40% étaient toujours en mauvais ou très mauvais état. Les 60 % restants ont été jugés dans un état passable ou bon.
Guilbeault a déclaré la semaine dernière que le nombre de passables ou bons était maintenant de 69%. Cela laisse 31 pour cent dans un état mauvais ou très mauvais.
En 2020, Parcs Canada a signalé que 274 biens patrimoniaux, dont 145 bâtiments, étaient en mauvais ou en très mauvais état. 1 697 autres actifs contemporains, dont 198 ponts, 47 routes, 685 bâtiments et 149 routes, étaient en mauvais ou très mauvais état.
Parcs Canada a déclaré dans un communiqué avoir dépensé 4,2 milliards de dollars depuis 2015 sur 1 000 projets pour réparer 5 000 de ses actifs. Les projets comprennent 91,8 millions de dollars pour rénover complètement Province House à Charlottetown, 57,3 millions de dollars pour réparer et stabiliser les postes d’éclusage, les murs du canal, les quais et les bâtiments le long du canal Rideau, et 5,9 millions de dollars pour réparer les murs, les bâtiments et le système d’aqueduc et d’égout à Lower Fort Garry à Manitoba.
Le rapport de 2018, réalisé par une société de consultants néo-zélandaise, suggérait que Parcs Canada devait investir 9,5 milliards de dollars pour réparer ses actifs, et avait également besoin de 1,6 à 3,3 milliards de dollars pour préparer ses parcs et sites à résister à l’augmentation des eaux de pluie, des inondations, des incendies et autres dommages attendus en raison du changement climatique.
L’agence a déclaré dans sa déclaration de 2021 sur ses actifs qu’elle avait effectué une évaluation des risques liés au changement climatique. Ses parcs ont été durement touchés par des conditions météorologiques extrêmes ces dernières années, notamment 19 303 hectares du parc national des Lacs-Waterton brûlés par un incendie de forêt en 2017, soit près de 38 % du parc.
L’incendie a endommagé des routes, des ponts, des aires de pique-nique et de stationnement, touché 80 % du réseau de sentiers de randonnée et détruit des terrains de camping, des écuries, des logements pour le personnel, ainsi que des systèmes d’eau et d’électricité.
En 2019, la tempête post-tropicale Dorian a détruit 80 % des arbres du terrain de camping Cavendish dans le parc national de l’Île-du-Prince-Édouard et a érodé deux à quatre mètres de son littoral. La même tempête a endommagé 97 km de sentiers de fond dans le parc national et lieu historique national Kejimkujik en Nouvelle-Écosse.
Avant la pandémie, Parcs Canada accueillait en moyenne plus de 24 millions de visiteurs par an, sans compter l’année record 2017-2018 lorsque l’entrée gratuite pour la célébration du 150e anniversaire du Canada a attiré plus de 27 millions de touristes dans les parcs et les sites historiques.
En 2020, lorsque le Canada a fermé la frontière à la plupart des visiteurs internationaux et que certaines provinces ont enroulé leurs tapis de bienvenue même pour les touristes d’autres provinces, la fréquentation des parcs a chuté de 27 % et les visiteurs des sites historiques de 39 %. Les parcs ont été fermés pendant deux mois en 2020 et de nombreux sites historiques ont été fermés toute l’année.
La fréquentation a rebondi l’année dernière, mais reste bien en deçà des niveaux d’avant la pandémie avec 21,5 millions de visiteurs au total.
La baisse de 2020 signifie que les revenus provenant des frais d’admission, de l’hébergement, des visites guidées, des locations et des ventes au détail ont chuté de 37% pour atteindre un peu plus de 100 millions de dollars. Les revenus pour 2021-22 n’ont pas encore été déclarés.
Le président de Parcs Canada, Ron Hallman, dit qu’il est difficile de prédire ce qui se passera cet été, car le tourisme international est encore une grande inconnue.
« Nous attendons avec impatience une bonne année à venir », a-t-il déclaré la semaine dernière. « Il est difficile de prédire ce qu’il en sera des voyages internationaux, mais l’utilisation domestique a été forte. »
Les voyageurs internationaux au Canada sont passés de 31,6 millions l’année précédant la pandémie à 1,5 million en 2020-2021 et à environ cinq millions en 2021-2022. La frontière est désormais ouverte aux visiteurs entièrement vaccinés et les voyages commencent à rebondir.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 13 mai 2022