La plupart des Canadiens soutiennent le droit à l’avortement : sondage
Alors que les États-Unis sont en proie à l’agitation en raison d’une possible remise en cause du droit à l’avortement, un nouveau sondage donne une idée de l’opinion des Canadiens sur cette question.
Environ quatre répondants sur cinq à un sondage en ligne réalisé par Léger et l’Association d’études canadiennes ont déclaré être en faveur du droit des femmes à l’avortement si elles le désirent, tandis que 14 pour cent ont déclaré y être opposés.
Soixante-dix pour cent de tous les répondants se sont dits préoccupés par la fuite du projet de renverser Roe v. Wade, et près de la moitié ont dit qu’ils pensaient que la situation aux États-Unis sur le droit à l’avortement pourrait avoir un effet au Canada.
Le sondage en ligne réalisé auprès de 1 534 Canadiens entre vendredi et dimanche ne peut se voir attribuer une marge d’erreur car les sondages sur Internet ne sont pas considérés comme des échantillons aléatoires.
« Est-ce le vieil adage qui dit que si les États-Unis éternuent, le Canada s’enrhume, que tout ce qui se passe aux États-Unis aura forcément un impact sur le Canada ? C’est en quelque sorte la façon dont nous nous positionnons par rapport aux États-Unis », a déclaré Christian Bourque, vice-président exécutif de Léger.
M. Bourque a déclaré que le niveau élevé d’inquiétude est remarquable étant donné que la grande majorité des Canadiens disent qu’ils soutiennent le droit de choisir d’avoir un avortement.
« Au Canada, chaque fois qu’il y a eu des tentatives de réouverture de ce débat, il a été assez rapidement clos. Alors, pourquoi certaines personnes pensent-elles que cela va lancer le débat au Canada ?
« Ce n’est pas comme s’il y avait ce sentiment écrasant que les opinions des Canadiens changeaient sur le sujet. »
Le droit à l’avortement n’existe pas au Canada de la même manière qu’il est inscrit dans l’arrêt Roe v. Wade, la décision historique de 1973 qui a servi d’échafaudage juridique aux champions des droits reproductifs du monde entier pendant près d’un demi-siècle.
L’avortement est décriminalisé au Canada en raison d’une décision de la Cour suprême de 1988, mais aucun projet de loi n’a jamais été adopté pour inscrire l’accès dans la loi et il n’est pas non plus considéré comme un droit protégé par la Constitution en vertu de la Charte des droits et libertés.
« Nous savons que les Canadiens aiment s’intéresser à la politique américaine, mais je pense que cela montre vraiment qu’il y a une préoccupation au sujet de cette fuite de documents de la Cour suprême et de ce à quoi cela mène actuellement aux États-Unis « , a déclaré M. Bourque.
Environ deux personnes interrogées sur trois ont déclaré que le gouvernement canadien devrait introduire un projet de loi pour protéger le droit de choisir librement d’avoir un avortement.
De nombreux défenseurs craignent que tout effort visant à codifier l’accès à l’avortement dans la loi au Canada risque de déclencher une érosion de ces services. Au Canada, les limites concernant la date à laquelle un avortement peut être pratiqué sont déterminées au niveau provincial ou territorial et appliquées par la communauté médicale, et non par les tribunaux
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Le gouvernement du Premier ministre Justin Trudeau a cherché à assurer aux Canadiens la semaine dernière qu’il protégerait l’accès à un avortement sûr et légal, bien qu’il n’ait pas été tout à fait clair sur la manière de le faire.
M. Trudeau a déclaré que le ministre de la Santé, Jean-Yves Duclos, et la ministre de la Condition féminine, Marci Ien, examinent le « cadre juridique » pour s’assurer que « les droits des femmes sont correctement protégés », tant sous le gouvernement actuel que sous tout autre gouvernement futur.
Les libéraux ont promis, lors de la dernière campagne électorale, d’introduire des règlements en vertu de la Loi canadienne sur la santé afin de garantir que les services d’avortement soient considérés comme médicalement nécessaires et financés par l’État.
C’est l’une des promesses électorales liées à l’avortement qui n’a pas été respectée jusqu’à présent. Les libéraux ont promis un portail d’information de 10 millions de dollars sur la santé et les droits génésiques, mais le budget fédéral du mois dernier n’en fait pas mention.
Une promesse de 10 millions de dollars pour les organisations de jeunes afin de » répondre aux besoins uniques des jeunes en matière de santé sexuelle et reproductive » ne s’est pas encore matérialisée.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 11 mai 2022.
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Ce reportage a été réalisé avec l’aide financière de la bourse d’information Meta et de la Presse Canadienne.