Voici pourquoi la 5G est si préoccupante pour les compagnies aériennes américaines et ce que le Canada a fait pour y remédier
L’émergence de la technologie 5G a soulevé des signaux d’alarme pour les compagnies aériennes aux États-Unis.
La technologie du téléphone portable, capable de produire des vitesses Internet mobiles ultra-rapides, peut interférer avec certaines technologies aéronautiques sensibles, ce qui, selon les compagnies aériennes, pourrait entraîner de graves perturbations, voire des accidents. Bien que la plupart des technologies aéronautiques ne soient pas affectées, la 5G peut perturber l’altimètre d’un avion, qui indique à quelle hauteur un avion se trouve dans les airs par rapport à la Terre en dessous. L’altimètre est également utilisé dans les atterrissages automatisés.
Les altimètres fonctionnent à des fréquences proches de la nouvelle bande C sans fil 5G, qui devrait être lancée aux États-Unis mercredi. Les perturbations de cette technologie – dans le pire des cas – peuvent entraîner des accidents de piste ou des collisions avec des montagnes. De manière plus réaliste, tout mauvais temps pourrait entraîner des retards importants car les pilotes devraient effectuer des atterrissages à vue sans l’aide de l’altimètre.
Ces réseaux ont également le potentiel de perturber les hélicoptères et les services d’ambulance aérienne, ainsi que certaines opérations militaires et policières, selon le ministère de l’Innovation, des Sciences et du Développement économique (ISDE) du Canada.
Les compagnies aériennes américaines ont insisté sur le fait que Verizon et AT&T – les deux principaux transporteurs 5G aux États-Unis – devraient ralentir le lancement du nouveau service entourant les aéroports du pays.
« Une intervention immédiate est nécessaire pour éviter des perturbations opérationnelles importantes pour les passagers aériens, les expéditeurs, la chaîne d’approvisionnement et la livraison des fournitures médicales nécessaires. Le préjudice qui résultera du déploiement le 19 janvier est bien pire que prévu à l’origine », a écrit lundi Airlines for America, qui représente huit grandes compagnies aériennes américaines et deux grandes compagnies maritimes, dans une lettre ouverte.
« Les effets d’entraînement sur les opérations de passagers et de fret, notre main-d’œuvre et l’économie en général sont tout simplement incalculables. Chacun des transporteurs de passagers et de fret aura du mal à acheminer les personnes, les expéditions, les avions et les équipages là où ils doivent être. Pour être franc, le commerce de la nation va s’arrêter.
Airlines for America a demandé que le service 5G soit interrompu dans les deux milles entourant 50 des principaux aéroports américains. Mardi, AT&T et Verizon ont annoncé qu’ils reporteraient de six mois le lancement du service 5G près de certains aéroports américains et travailleraient avec les régulateurs et l’industrie aéronautique pour trouver une solution, mais vont de l’avant avec leur lancement partout ailleurs le 1er janvier. 19.
QU’EST-CE QUE LE CANADA A FAIT POUR RÉGLER LE PROBLÈME?
Alors que les États-Unis lancent leur 5G cette semaine, les entreprises canadiennes offrent la 5G à leurs clients depuis le début de 2020 et les perturbations des compagnies aériennes n’ont pas été une préoccupation majeure. Mais pourquoi?
La réponse est double : le Canada n’offre pas de réseaux 5G à la vitesse que les États-Unis sont sur le point de lancer, et le Canada a déjà pris plusieurs mesures pour aider à assurer la sécurité des compagnies aériennes.
Alors que les États-Unis sont sur le point de lancer la 5G dans la gamme de 4,2 à 4,4 gigahertz, la dernière enchère de spectre du Canada ne concernait que des vitesses allant jusqu’à 3,7 gigahertz, ce qui signifie que l’Internet mobile au Canada est plus lent, mais ne se rapproche pas de la gamme qui interférer avec la technologie de l’avion.
Une quarantaine de pays ont déjà lancé la 5G, mais les États-Unis sont parmi les rares à se lancer dans la gamme supérieure. L’Union européenne a fixé des normes allant jusqu’à 3,8 gigahertz en 2019, par exemple.
De plus, le Canada a déjà répondu aux préoccupations concernant l’impact de la 5G sur les aéronefs.
En novembre 2021, ISDE a restreint les services 5G en créant des « zones d’exclusion » dans les zones entourant les aéroports canadiens et a exigé que les antennes 5G soient inclinées vers le bas pour éviter les interférences avec les aéronefs.
« ISDE et Transports Canada travaillent avec les industries des télécommunications et de l’aviation pour s’assurer que des règles appropriées sont en place pour protéger les opérations critiques des radioaltimètres », a écrit un porte-parole de Transports Canada dans un courriel à CTVNews.ca.
« Ces règles techniques sont conçues pour garantir que la 5G est déployée de manière à minimiser le potentiel d’interférence avec les radioaltimètres. »
De plus, Transports Canada a émis plusieurs recommandations à l’intention de tous les pilotes qui utilisent des altimètres, notamment d’éviter l’utilisation de procédures d’atterrissage ou de décollage automatisées dans des zones non couvertes par ces zones d’exclusion et d’éviter l’utilisation de lunettes de vision nocturne sans éclairage externe pour éviter de se fier à l’altimètre.
Transports Canada suggère également que tous les appareils connectés à la 5G doivent être éteints ou mis en mode avion et que seuls les réseaux 3G ou 4G doivent être utilisés en cas d’urgence.
Avec des fichiers de l’Associated Press et de Reuters