Vidéo : Denis Villeneuve s’engage dans le récit de la colonisation de Dune.
DUNE réalisé par Denis Villeneuve, scénario de Jon Spaihts, Denis Villeneuve et Eric Roth d’après le roman de Frank Herbert, avec Timothée Chalamet, Rebecca Ferguson, Oscar Isaac et Jason Momoa. Une sortie Warner Bros. 155 minutes. En salles le 22 octobre
Une drôle de chose est arrivée pendant que je regardais Denis Villeneuve Dune juste avant sa première au TIFF le mois dernier.
J’ai réalisé que le roman de science-fiction de Frank Herbert de 1965, qui raconte l’histoire d’un jeune noble qui arrive sur la planète désertique d’Arrakis et finit par organiser la rébellion des Fremen contre l’empire qu’il était censé représenter, est en fait la même histoire que celle de T.E. Lawrence… le sujet de l’un de mes films préférés de tous les temps, Lawrence d’Arabie.
Le jour d’après Dune a atterri à la cinésphère de la Place de l’Ontario, j’ai pu interroger Villeneuve à ce sujet. Et oui, toute ressemblance avec le classique de 1962 de David Lean est totalement intentionnelle.
« A la fin de la journée, en Lawrence d’Arabie, la tragédie de Lawrence est qu’il se rend compte qu’il a été un instrument du colonialisme pendant tout ce temps « , dit Villeneuve. « Ce que j’aime dans Dunec’est ce qui le rend pertinent et important pour moi. [as a project]c’est qu’il ne s’agit pas d’une apologie de la figure du sauveur, mais plutôt d’une critique. Paul Atreides est l’antihéros… c’est quelqu’un qui apportera la calamité au monde, qui apportera le chaos au monde. Son amour pour la culture Fremen sera quelque chose d’épouvantable, qui leur apportera l’enfer. Ce genre de tragédie est ce qui rend [Dune] pertinent. »
Contrairement aux adaptations précédentes des livres d’Herbert, la version de Villeneuve trace une ligne claire entre les nobles de la Maison Atreides et les Fremen indigènes dans son casting : les indigènes d’Arrakis sont joués par une collection diverse d’acteurs, parmi lesquels Javier Bardem, Sharon Duncan-Brewster, Babs Olusanmokin et Zendaya.
Les étrangers représentant l’Empire galactique sont presque tous des Blancs, les seuls exceptions étant Oscar Isaac, Chang Chen et Jason Momoa. Le plus intéressant est que Momoa joue le rôle de Duncan Idaho, un personnage plus grand que nature, dont la capacité à passer outre le bavardage formel de la classe dirigeante en fait instantanément le personnage le plus agréable du film. J’ai demandé à Villeneuve s’il avait choisi Momoa dans ce rôle pour commenter la blancheur insupportable de la classe dirigeante ; le réalisateur répond qu’il s’agissait d’un choix parfait.
« J’avais besoin de ce genre de charisme, de cette charge d’énergie, de ce coup de pouce », dit Villeneuve. « Duncan Idaho, dans le livre, est connu pour être l’un des meilleurs combattants, mais aussi quelqu’un qui a un énorme charisme ». En français [we would call him] l’aventurierJ’avais besoin de quelqu’un qui puisse apporter ce genre d’élan, d’énergie solaire, de dynamisme… Ce fut un immense plaisir de travailler avec Jason Momoa ; ce que vous voyez à l’écran est aussi ce que vous avez dans la vie. Et franchement, avoir l’enthousiasme de Jason au quotidien m’a vraiment aidé à traverser la réalisation de ce film. Parce que c’était vraiment un marathon ».
C’est un marathon magnifiquement conçu, le monde d’Arrakis étant influencé par les structures et les vêtements nord-africains. Il y a des moments où Dune ressemble à Incendies, le film de Villeneuve sorti en 2010, et je me demande si ces ressemblances sont intentionnelles.
« J’ai essayé de porter le monde à l’écran comme je l’ai rêvé en lisant le livre », dit-il. « Une bonne science-fiction est une science-fiction qui est soit un miroir, soit une critique de notre réalité. Et c’est ce que j’ai essayé de faire avec ce film. »
La vision de Villeneuve Dune est également en conversation avec le premier film de science-fiction d’un autre cinéaste canadien : Le thriller dystopique Night Raiders de Danis Goulet est un récit de colonisation raconté presque exclusivement du point de vue de ses personnages colonisés. Au moment de notre entretien, Villeneuve n’avait pas encore vu le film de Goulet – bien qu’il ait hâte de le voir – mais il affirme que Dune : Deuxième partie développera définitivement ce thème.
« Lorsque vous faites un film en deux parties, cela signifie que vous savez où vous allez dans la deuxième partie », dit-il. « Et cette deuxième partie – si jamais j’ai la chance de la faire – sera la plus excitante… ». [one] pour moi de la faire. Nous irons plus loin dans la psyché des personnages, et beaucoup plus loin dans le sujet du colonialisme. J’espère donc que j’aurai la chance de le faire ».
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