Un tweet d’un professeur de McGill sur les manifestations en Iran fait l’objet d’une enquête
L’Université McGill indique qu’elle enquête sur l’un de ses professeurs qui aurait appelé à la mort des personnes participant aux manifestations antigouvernementales dans les rues d’Iran ces dernières semaines.
Des membres de la communauté de McGill et d’ailleurs accusent le membre du personnel, Soroosh Shahriari, de promouvoir un discours de haine et d’inciter à la violence. Ils affirment également que l’université agit trop lentement pour le tenir responsable et prévoient d’organiser une manifestation sur le campus jeudi soir.
Un message de son compte Twitter, qui a depuis été supprimé, disait combien il serait « doux » et « réconfortant » de voir les leaders des protestations tués.
Shahriari est un instructeur dans le programme d’études juives pour le semestre d’automne 2022, selon le site Web de McGill.
Le 22 septembre, un message de son compte Twitter semblait commenter le récent soulèvement à Téhéran après la mort de Mahsa Amini, une femme de 22 ans décédée en garde à vue après avoir été arrêtée par la « police des mœurs » iranienne. »
Elle avait été arrêtée après avoir été prise pour cible par les autorités parce que son foulard était prétendument trop lâche, en violation d’un code vestimentaire imposé aux femmes en Iran.
Depuis sa mort, des manifestants sont descendus dans la rue, dont de nombreuses femmes qui ont audacieusement retiré leur hijab pour demander le retrait du leader iranien, l’ayatollah Ali Khamenei. Depuis les funérailles d’Amini le 17 septembre, les manifestations se sont étendues à plus de 80 villes en Iran et Amnesty International estime qu’au moins 52 personnes ont été tuées par les forces de sécurité entre le 19 et le 25 septembre.
« Comme il sera bon et réconfortant de vivre l’exécution de centaines de dirigeants des Moudjahidines arrêtés lors des récentes émeutes. Oh Bon, c’est doux ! » lit-on dans le tweet controversé du compte de Shahriari.
actualitescanada a contacté Shahriari par e-mail et il a refusé de commenter publiquement.
En plus de son compte Twitter, ses comptes Facebook et LinkedIn semblent également avoir été supprimés.
Une pétition en ligne qui a recueilli plus de 23 000 signatures demande à McGill d’enquêter sur cette affaire et d’appliquer les politiques de l’université.
« Le tweet en question fait l’éloge de l’exécution et peut inciter à la violence contre les manifestants. À notre avis, et compte tenu du contexte résumé ci-dessus, les « dirigeants des Moudjahidines arrêtés » dans ce tweet ne peuvent être interprétés que comme une référence aux manifestants iraniens ou à un groupe de manifestants dont l’auteur du tweet suppose qu’ils sont membres des Moudjahidines du peuple. [People’s Mojahedin Organization of Iran], » lit-on dans la pétition.
« Nous avons ressenti cette déclaration comme une menace voilée à la sécurité de toute personne, y compris les étudiants de McGill, qui soutient les manifestants en quête de liberté en Iran ou qui pourrait partager des convictions politiques visées par ce tweet. »
Lorsqu’on lui a demandé si Shahriari était toujours instructeur, McGill a répondu qu’elle ne pouvait pas faire de commentaires en raison des lois sur la protection de la vie privée.
L’université a écrit qu’elle mettait en balance les préoccupations accrues suscitées par les « messages choquants » sur les médias sociaux et la liberté d’expression de l’enseignant.
« Nous continuons à examiner cette affaire de très près et nous avons contacté directement les étudiants iraniens de McGill pour leur offrir notre soutien en cette période difficile. Nous avons également encouragé tous les étudiants, qu’ils soient iraniens ou non, qui ont besoin de soutien à chercher les ressources disponibles à McGill », a écrit un porte-parole dans un courriel.
« Comme nous l’avons rappelé à notre communauté, il est crucial pour nous tous de nous rappeler l’importance de l’équité procédurale et de tenir compte de la large protection offerte à la liberté d’expression dans notre société, même lorsque cette expression est de mauvais goût ou dérangeante. »
Pendant ce temps, une affiche intitulée « Liberté de répression » circulait sur les médias sociaux pour promouvoir un « sit-in » à McGill de 18 à 20 heures jeudi.