Un sondage suggère que l’appui à la disposition du projet de loi 21 a peut-être chuté au Québec ; 55 % des répondants y sont favorables
MONTRÉAL. Un nouveau sondage suggère que l’appui à un élément clé de la loi sur la laïcité du Québec, connue sous le nom de projet de loi 21, pourrait avoir diminué.
Un sondage par panel sur Internet réalisé par Léger pour l’Association d’études canadiennes au début du mois a révélé que 55 % des Québécois sont en faveur de l’interdiction du port de symboles religieux par les enseignants des écoles publiques.
Il s’agit d’une baisse par rapport aux résultats d’un sondage précédent de Léger, publié en septembre, qui indiquait que 64 pour cent des Québécois étaient en faveur du projet de loi 21, qui s’applique aux fonctionnaires en position d’autorité, notamment les juges, les enseignants et les policiers.
Jack Jedwab, président de l’Association d’études canadiennes, affirme que le changement apparent de l’opinion publique pourrait être lié au récent débat sur la question, y compris le cas d’une enseignante du primaire dans l’ouest du Québec qui a été démise de ses fonctions en décembre parce que son hijab contrevient à la loi.
L’incident a suscité des appels au gouvernement fédéral pour qu’il intervienne dans les contestations judiciaires de la loi et a incité les maires de plusieurs grandes villes à s’engager à soutenir la bataille juridique pour l’annuler.
Le sondage a été réalisé par un panel web entre le 7 et le 9 janvier, auprès de 1 547 Canadiens âgés de 18 ans ou plus.
L’organisme professionnel de l’industrie des sondages, le Canadian Research Insights Council, affirme que les sondages en ligne ne peuvent se voir attribuer une marge d’erreur car ils ne constituent pas un échantillon aléatoire de la population.
Le débat sur le projet de loi 21 s’est enflammé en décembre après que l’enseignante de 3e année Fatemeh Anvari ait été réaffectée de ses fonctions d’enseignante à son école de Chelsea, au Québec, parce qu’elle portait un hijab.
Dans une entrevue, M. Jedwab a déclaré qu’il croyait que l’incident démontrait les impacts réels d’une loi qui avait auparavant semblé surtout symbolique.
« Lorsque nous avons vu une personne portant un hijab être retirée de la classe, je pense que mon sentiment est que cela a contribué à cette baisse de soutien », a-t-il déclaré.
Le premier ministre François Legault a cité à plusieurs reprises le fort soutien du public pour le projet de loi 21 comme un avertissement à tout leader hors Québec qui le contesterait. M. Jedwab a déclaré que les résultats du sondage suggèrent que le consensus pourrait être en train de s’éroder, bien qu’il ait dit qu’il était trop tôt pour savoir si la baisse du soutien était une réponse temporaire à la perte du poste d’enseignant d’Anvari.
Le sondage suggère que le soutien au projet de loi 21 est divisé selon des lignes linguistiques et générationnelles.
Alors que 59 pour cent des francophones interrogés dans le cadre du sondage ont déclaré qu’ils étaient « fortement » ou « plutôt » en faveur de l’interdiction des symboles religieux visibles portés par les enseignants, seuls 26 pour cent des anglophones étaient du même avis.
Parmi les Québécois, 73,9 pour cent des personnes âgées de 65 à 74 ans ont déclaré être en faveur de l’interdiction – le pourcentage le plus élevé de tous les groupes d’âge – tandis que seulement 27,8 pour cent des jeunes de 18 à 24 ans ont déclaré être de cet avis.
Dans l’ensemble du Canada, la moyenne est de 33 pour cent en faveur de l’interdiction, 55 pour cent contre et 12 pour cent d’indécis.
A travers le Canada, y compris au Québec, une majorité de répondants au sondage ont dit qu’ils pensaient qu’il était important que la Cour suprême du Canada émette une opinion sur la question de savoir si le projet de loi 21 est discriminatoire envers les groupes religieux.
Les opinions étaient plus partagées quant à savoir si le gouvernement fédéral devait intervenir dans toute contestation éventuelle de la loi par la Cour suprême.
Un total de 39 pour cent des répondants étaient en faveur d’une intervention fédérale, contre 29 pour cent contre. Ce soutien était le plus fort en Ontario, mais plus faible dans plusieurs autres provinces, dont le Québec, où 42 pour cent des répondants estimaient que le gouvernement ne devrait pas intervenir et 37 pour cent qu’il devrait le faire.
L’appui était encore plus mitigé lorsqu’il s’agissait de l’implication des maires des grandes villes hors Québec. Le plus grand nombre de répondants, par une marge de 34 pour cent contre 29 pour cent, ont estimé que les maires ne devraient pas soutenir les opposants au projet de loi. Ce sentiment était le plus fort au Québec, tandis que les répondants de l’Ontario, du Manitoba, de la Saskatchewan et de l’Alberta ont voté de justesse en faveur de l’action des maires.
— Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 16 janvier 2022.