Un responsable de la Banque du Canada sur la perspective d’une baisse de l’inflation
Carolyn Rogers, premier sous-gouverneur de la Banque du Canada, affirme que le retour à un taux d’inflation de 2 % prendra du temps et qu’une période de croissance économique plus faible est nécessaire pour faire baisser l’inflation.
Le discours prononcé jeudi devant le Calgary Economic Development survient un jour après que la Banque du Canada a augmenté son taux directeur de trois quarts de point de pourcentage et a indiqué que des taux d’intérêt plus élevés sont en voie d’être adoptés.
Selon les remarques préparées, M. Rogers affirme que la décision d’hier était fondée sur les préoccupations du conseil d’administration concernant le risque que l’inflation devienne « bien ancrée ».
Le taux d’inflation d’une année sur l’autre au Canada était de 7,6 pour cent en juillet, en baisse par rapport à 8,1 pour cent en juin, en raison de la chute des prix de l’essence.
Toutefois, selon M. Rogers, les préoccupations du conseil d’administration sont liées aux mesures de l’inflation de base de la banque, qui ont tendance à être moins volatiles. Cet indicateur a augmenté en juillet, ce qui « montre à quel point l’inflation sous-jacente reste forte », tandis que les attentes d’inflation restent élevées.
Les banques centrales ont tendance à s’inquiéter lorsque les personnes et les entreprises s’attendent à ce que l’inflation reste élevée, car cela peut conduire à une prophétie auto-réalisatrice. Les entreprises qui s’attendent à une forte inflation fixeront des prix plus élevés à l’avenir, tandis que les travailleurs négocieront les futures augmentations de salaire pour qu’elles correspondent à leurs attentes en matière d’inflation.
« Nous voulons nous assurer que ce scénario ne se concrétise pas, car si c’est le cas, le coût économique du rétablissement de la stabilité des prix sera beaucoup plus élevé », a déclaré M. Rogers.
Selon M. Rogers, les problèmes d’approvisionnement mondial et les prix élevés des produits de base, ainsi que la surchauffe de l’économie canadienne, continuent d’exercer une pression à la hausse sur les prix.
« Parce que nous sommes dans une période de demande excessive, nous avons besoin d’une période de croissance plus lente pour équilibrer les choses et ramener la demande en ligne avec l’offre », a déclaré Rogers.
Le premier sous-gouverneur indique que la banque continuera de surveiller la réaction de l’économie à la hausse des taux d’intérêt ainsi que l’évolution de l’économie mondiale et évaluera dans quelle mesure les taux d’intérêt doivent être relevés.
Selon M. Rogers, la hausse de l’inflation et des taux d’intérêt devrait faire baisser les dépenses de consommation, mais l’épargne supplémentaire accumulée pendant la pandémie pourrait amortir les budgets des ménages.
« Nous savons que les Canadiens ont accumulé des économies supplémentaires pendant la pandémie, il y a donc un risque que les dépenses de consommation aient plus d’élan que nous le prévoyons, rendant l’inflation plus persistante », a-t-elle déclaré.
Rogers prévient que les décisions prises par la banque maintenant et au cours des derniers mois prendront jusqu’à deux ans pour avoir leur plein effet sur l’inflation.
« Ramener l’inflation à deux pour cent prendra un certain temps. Nous savons aussi qu’il pourrait y avoir des bosses en cours de route », a déclaré M. Rogers.
Dans son discours, Mme Rogers a également reconnu l’effet d’une inflation élevée sur les personnes et les entreprises. Pour les Canadiens, le coût des produits de première nécessité augmente, tandis que pour les entreprises, l’incertitude causée par une inflation élevée peut affecter les décisions d’investissement, a déclaré M. Rogers.
« Il est impossible d’échapper à la frustration et au stress qu’engendre l’inflation, surtout pour les personnes à faible revenu ou à revenu fixe », a-t-elle ajouté.
Mme Rogers a conclu son discours en réitérant l’engagement de la banque à réduire l’inflation.
« Nous sommes déterminés à faire ce travail », a-t-elle déclaré.
Ce rapport de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 8 septembre 2022.