Un rapport du Sénat français dénonce les abus dans l’industrie pornographique
Les abus sexuels et physiques dans l’industrie pornographique française sont « systémiques » et les législateurs devraient mieux réglementer la production de vidéos et protéger les enfants qui sont « fortement exposés » à ce contenu, selon un rapport du Sénat français publié mercredi.
Le rapport, intitulé « Les coulisses de l’enfer », est le premier préparé pour le Parlement français à se concentrer sur l’industrie pornographique, que les auteurs décrivent comme « prédatrice ».
Au cours de six mois de recherche, la délégation sénatoriale aux droits des femmes et à l’égalité entre les hommes et les femmes a entendu plus de 50 personnes impliquées dans l’industrie, des militants des droits des femmes et des victimes présumées.
« Tant le volume réel des contenus pornographiques accessibles à tous que leur nature même ont contribué à banaliser les actes sexuels violents contre les femmes », écrivent les auteurs du rapport.
« Les violences sexuelles, physiques et verbales sont très répandues dans le porno, ce qui les rend systémiques. Ils ne sont pas simulés mais bien réels pour les femmes qui sont filmées », ont-ils ajouté.
Une enquête de police sur des allégations de viols, de trafic d’êtres humains et de proxénétisme dans l’industrie pornographique française a attiré l’attention sur les abus dans ce secteur. Des dizaines de victimes présumées se sont manifestées dans deux affaires distinctes liées à une grande plate-forme vidéo et au principal site pornographique amateur de France.
Le rapport du Sénat vise à alerter le gouvernement et le grand public sur l’ampleur considérable du problème, ont déclaré les auteurs. Ils ont noté le visionnage « massif, ordinaire et toxique » de porno par des enfants malgré la loi française qui exige que les spectateurs aient au moins 18 ans.
« Nous devons cesser d’avoir une vision ancienne, déformée et édulcorée du porno. Aujourd’hui, le porno comprend des contenus violents, dégradants, humiliants », a déclaré Annick Billon, co-auteur et présidente de la délégation sénatoriale.
« Les scènes dans lesquelles un homme, le plus souvent plusieurs hommes, jusqu’à 50, infligent des sévices physiques et sexuels aux femmes sont devenues la norme », a-t-elle ajouté.
Billon et les autres membres de la délégation ont émis 23 recommandations pour faire appliquer les lois actuelles et introduire de nouvelles réglementations.
Elles comprennent l’incrimination de l’incitation à commettre un viol dans le contexte de l’industrie pornographique, l’imposition d’amendes « dissuasives » pour rendre plus difficile l’accès des mineurs à la pornographie et la mise en place de mécanismes de vérification de l’âge…