Un prêtre ayant abusé d’enfants inuits en liberté conditionnelle
Un prêtre oblat défroqué, condamné pour des dizaines de crimes sexuels horribles commis sur des enfants inuits, a bénéficié d’une libération conditionnelle.
Eric Dejaeger, 75 ans, a été condamné à 19 ans pour des crimes commis entre 1978 et 1982 dans la communauté d’Igloolik, au Nunavut, où il était missionnaire. Les infractions comprenaient l’attentat à la pudeur, la séquestration, la sodomie, les rapports sexuels illégaux et la bestialité.
Il a plaidé coupable à huit chefs d’accusation et a été reconnu coupable de 24 autres sur des enfants âgés pour la plupart de huit à douze ans. Les détails étaient si épouvantables que la sentence du juge était accompagnée d’un avertissement de contenu.
« Vous étiez dans une position de grande confiance par rapport aux victimes, que vous avez utilisée pour les préparer et les réduire au silence », a déclaré la décision de la Commission des libérations conditionnelles du Canada.
« Vous avez également utilisé la violence physique et causé des blessures physiques graves à certaines des victimes. Les victimes ont subi des dommages émotionnels et psychologiques dévastateurs et continus. »
Sa libération conditionnelle est assortie d’une longue liste de restrictions, notamment qu’il doit retourner chaque nuit dans une résidence approuvée.
Dejaeger ne peut pas être en contact avec des enfants sans la présence d’un tuteur et doit poursuivre une thérapie pour sa déviance sexuelle. Il doit signaler toute nouvelle amitié.
La commission de libération conditionnelle considère qu’il présente un risque faible à modéré de récidive. Bien qu’il ait suivi différents cours de thérapie, la commission met en doute sa motivation à changer.
« En ce qui concerne le changement, vous vous êtes présenté comme étant satisfait de vous-même », indique la décision. « Vos plans d’autogestion devaient être améliorés. »
La libération conditionnelle de Dejaeger pourrait être le dernier chapitre de son histoire longue et torturée au Canada.
Né en Belgique, il est devenu citoyen canadien en 1977 et a été ordonné l’année suivante.
Avant son procès pour les crimes d’Igloolik, Dejaeger avait purgé une partie d’une peine de cinq ans pour des accusations de nature sexuelle découlant d’une affectation à Baker Lake, Nvt. entre 1982 et 1989.
Après sa libération en 1991, Dejaeger a appris que la GRC enquêtait sur ses activités à Igloolik. Avant d’être jugé pour ces accusations, il s’est enfui en Belgique.
Les responsables oblats ont reconnu qu’ils savaient que Dejaeger était sur le point de partir. Ils ont également déclaré que les fonctionnaires de la justice canadienne lui ont suggéré que le plus simple était de quitter le Canada, et on a dit à Dejaeger qu’il ne serait pas inquiété s’il restait à l’étranger.
Dejaeger est resté en Belgique, exerçant certaines fonctions de prêtre catholique, jusqu’en 2011, date à laquelle il a été extradé vers le Canada pour violation des règles d’immigration.
Il est resté en détention jusqu’à son procès en 2014 et 2015, qui a mis en émoi de nombreuses personnes au Nunavut et en particulier à Igloolik.
Avant le début du procès, le gouvernement territorial a envoyé deux travailleurs supplémentaires en santé mentale dans la communauté. Une infirmière psychiatrique supplémentaire était présente lors de la vidéoconférence avec l’audience, qui s’est tenue à Iqaluit.
Le prêtre catholique en poste à Igloolik a également dû quitter temporairement les lieux après avoir reçu des menaces.
Pendant le procès, les témoins ont quitté la cour les uns après les autres pour être entendus à l’extérieur, hurlant et pleurant d’angoisse.
A la fin du procès, le juge Robert Kilpatrick a supplié les victimes de trouver un moyen de faire confiance à nouveau et de trouver le bien chez les autres.
Ce rapport de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 7 juin 2022.