Un organisme politique exhorte le Canada à soutenir les États-Unis dans le procès Keystone XL
Un groupe de réflexion progressiste sur les politiques publiques exhorte le gouvernement fédéral à se ranger du côté du géant du transport du pétrole et du gaz TC Energy dans son différend en cours avec les États-Unis au sujet du projet malheureux Keystone XL.
La société basée à Calgary cherche à récupérer 15 milliards de dollars américains de revenus perdus suite à l’expansion transfrontalière du pipeline, que le président Joe Biden a tué définitivement en 2021 lors de son premier jour en tant que commandant en chef. .
Le procès est basé sur les règles de règlement des différends entre investisseurs et États de l’ALENA, désormais expiré, ainsi que sur le successeur de cet accord, l’accord États-Unis-Mexique-Canada, qui prévoyait une prolongation de trois ans de ces règles pour les soi-disant «héritages». investisseurs.
Un nouveau rapport qui sera publié mercredi par le Centre canadien de politiques alternatives recommande à Ottawa de soutenir la défense américaine : que TC Energy n’a aucun recours légal en vertu des règles commerciales nord-américaines, passées ou présentes.
« Bien que le différend entre TC Energy oppose une entreprise canadienne à l’État américain, il ne s’ensuit pas qu’il soit dans l’intérêt du Canada que TC Energy l’emporte », indique le rapport.
Au contraire, soutient-il, l’affaire représente une occasion importante pour les deux gouvernements de défendre leur capacité à poursuivre une politique publique respectueuse du climat sans être contraints d’enrichir « injustement » les investisseurs concernés.
« L’affaire Keystone XL est un exemple clair d’une entreprise qui souhaite être indemnisée pour avoir fait un pari risqué », ont écrit le chercheur principal Stuart Trew et la professeure de l’Université Queen’s Kyla Tienhaara, co-auteurs du rapport.
Le pari, disent-ils, était sur la réélection en 2020 de l’ancien président Donald Trump, qui a défendu et ressuscité le projet en 2017 après qu’il avait été rejeté par l’administration Obama deux ans plus tôt.
« Ce pari n’a pas été joué. »
Le différend est entendu par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements, une filiale de la Banque mondiale basée à Washington, DC, qui enregistre chaque année des dizaines d’affrontements entre investisseurs et États du monde entier.
Pour le moment, c’est une question de juridiction : TC Energy veut appliquer le mécanisme de règlement des différends entre investisseurs et États, aujourd’hui disparu, de l’ALENA, qui a expiré en 2020, puisque le projet remonte à 2008.
La société espère utiliser une période de grâce de trois ans pour les différends de l’ALENA qui a été incluse dans le nouvel USMCA, connu au Canada sous le nom de CUSMA. Selon le décompte du rapport, une quinzaine d’investisseurs, dont TC Energy, ont déposé leurs différends après l’expiration de l’ALENA mais avant la fin du délai de grâce le 30 avril.
Cinq de ces cas, dont Keystone XL, sont basés sur des violations présumées des règles de l’ALENA qui se sont produites après l’expiration de l’accord – dans le cas de TC Energy, la décision de Biden de retirer le permis présidentiel en janvier 2021.
Les États-Unis, cependant, font valoir que le délai de grâce n’était pas destiné à être une « clause d’extinction » pour les différends de l’ALENA, mais « un moyen ordonné de résoudre les différends antérieurs » qui restaient en suspens après l’expiration de l’accord.
« Les États-Unis soutiennent que si les parties à l’ACEUM avaient simplement voulu prolonger de trois ans les règles d’investissement et les procédures de RDIE de l’ALENA, elles l’auraient fait par le biais d’une clause de temporisation standard », indique le rapport.
TC Energy conteste cette interprétation, arguant qu’elle n’a jamais été émise auparavant et qu’il n’y a aucune preuve suggérant que les négociateurs américains, canadiens et mexicains ont envisagé autre chose qu’une clause de temporisation pour résoudre les différends.
Il y a plus en jeu que la simple demande de dommages et intérêts de TC Energy, indique le rapport : un rejet précoce de la poursuite atténuerait le coût actuel de la transition énergétique mondiale, non seulement pour les États-Unis mais pour le reste de la planète.
Une foule d’autres affaires héritées des règles de l’USMCA sont toujours en suspens et représentent des demandes d’indemnisation de plus de 23 milliards de dollars américains.
« C’est pourquoi la prochaine étape du Canada, et celle du Mexique, sont si importantes », indique le rapport.
« Une victoire pour TC Energy enverrait un message dévastateur aux pays du monde entier, dont la plupart n’ont pas les moyens de financer la transition vers une énergie propre tout en payant l’industrie des combustibles fossiles. »
Le Canada a deux options pour influencer le tribunal, note le rapport.
L’une consiste à travailler avec les États-Unis et le Mexique sur une interprétation officielle et contraignante des règles de la Commission du libre-échange de l’USMCA, tandis que l’autre serait une « soumission non partie » directement au tribunal lui-même.
« En raison de la nouveauté de l’argument américain et de son importance fondamentale pour le fonctionnement de l’ACEUM, une non-présentation du Canada à ce stade de l’arbitrage signalerait au tribunal que la position américaine sur les dispositions héritées n’est pas crédible », dit le rapport.
« Cela démontrerait également que le gouvernement est plus intéressé à se plier aux intérêts du secteur pétrolier qu’à l’interprétation correcte des traités. »
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 28 juin 2023.