Syndrome de la Havane : Un ancien juge du CCS va aider à régler les plaintes
L’ancien juge de la Cour suprême Thomas Cromwell servira de médiateur pour les plaintes déposées contre le gouvernement fédéral par neuf membres des familles de diplomates canadiens qui ont souffert de troubles inexpliqués à Cuba.
Ce développement est une étape vers la résolution de certains éléments d’une action en Cour fédérale déposée en 2019 par des diplomates et des personnes à leur charge — qui comptent maintenant 18 plaignants — qui cherchent à obtenir des millions de dollars en dommages et intérêts du gouvernement canadien après être tombés mystérieusement malades alors qu’ils étaient en poste à La Havane.
Ils ont signalé des difficultés depuis 2017, notamment des maux de tête, des pertes de mémoire, une incapacité à se concentrer, des problèmes cognitifs et de vision, une sensibilité au bruit, des vertiges, des nausées, des troubles du sommeil, des changements d’humeur et des saignements de nez.
En juillet de l’année dernière, Affaires mondiales Canada a déclaré que 15 Canadiens avaient reçu un diagnostic de travail confirmé de « lésion cérébrale acquise. »
Les parties ont accepté de nommer M. Cromwell, qui a siégé pendant huit ans à la Cour suprême, comme médiateur lors d’une session qui devrait avoir lieu fin février ou début mars de l’année prochaine.
Cette décision fait suite aux instructions données par la Cour fédérale au début du mois d’octobre sur les prochaines étapes de l’affaire.
Paul Miller et John Phillips, co-avocats des plaignants, ont déclaré à la Presse Canadienne qu’ils apprécient que le gouvernement accepte de procéder à une médiation pour les réclamations de sept enfants et de deux conjoints qui ont subi des lésions cérébrales traumatiques pendant leur séjour à Cuba.
« Nos familles attendent depuis longtemps que cette question soit réglée. Elles continuent de souffrir des blessures reçues pendant leur séjour à Cuba, qui ont eu un impact direct et significatif sur leur vie, les enfants, leur enfance et leur éducation », ont déclaré Miller et Phillips.
« Nous attendons du gouvernement qu’il vienne à la table des négociations avec des propositions significatives, et nous l’implorons d’élargir la médiation pour inclure l’ensemble du personnel gouvernemental qui a également subi de graves blessures à La Havane. »
Les diplomates affirment que le gouvernement canadien n’a pas su les protéger, a caché des informations cruciales et a minimisé la gravité des risques. Le gouvernement a nié tout acte répréhensible et toute négligence.
Les enquêtes canadiennes et américaines n’ont pas permis d’identifier la cause de bon nombre de ces maladies, les théories allant des attaques soniques ciblées par un adversaire à la pulvérisation de pesticides.
Affaires mondiales Canada a refusé de répondre à des questions spécifiques sur la médiation prévue.
Le ministère a déclaré dans une réponse par courriel qu’il maintient un protocole de sécurité strict pour répondre immédiatement à tout événement inhabituel ou symptôme de santé affectant les diplomates canadiens.
« Affaires mondiales Canada continue de surveiller la santé et la sécurité de son personnel diplomatique en poste à La Havane. Nous continuons également à enquêter sur toutes les causes possibles des symptômes de santé inconnus. Pour des raisons de confidentialité et de sécurité, nous ne pouvons pas commenter les détails des enquêtes en cours, les cas individuels, ni les mesures de sécurité spécifiques. »
Le ministère a déclaré qu’il ne ferait pas d’autres commentaires étant donné que l’affaire est devant les tribunaux.
Plusieurs membres du personnel américain ayant travaillé à Cuba ont signalé des problèmes de santé similaires, communément appelés syndrome de La Havane. Plus récemment, des symptômes ont été signalés parmi le personnel américain à Washington, en Autriche et en Chine.
En octobre de l’année dernière, Global Affairs a publié un message à l’intention de l’ensemble du personnel dans le monde, décrivant les symptômes et la manière de signaler les inquiétudes.
La GRC et le Service canadien du renseignement de sécurité ont envoyé des messages similaires à leur personnel, indique le ministère.
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 11 novembre 2022.