Shamima Begum a été introduite clandestinement en Syrie par un espion canadien : documents
Un espion du Canada est accusé d’avoir fait entrer clandestinement une adolescente en Syrie en 2015, après qu’elle ait fui le Royaume-Uni pour rejoindre le groupe État islamique, selon BBC News.
Shamima Begum, alors âgée de 15 ans, était l’une des trois adolescentes portées disparues dans un quartier de l’est de Londres en 2015 après avoir prétendument fui pour rejoindre ISIS.
En 2019, Begum se trouvait dans un camp de réfugiés syriens, essayant de retrouver son chemin vers le Royaume-Uni. Cependant, le ministère de l’Intérieur britannique lui a refusé l’entrée et l’a déchue de sa citoyenneté, invoquant des risques pour la sécurité.
Selon la BBC, elle n’a pas pu rentrer chez elle et est toujours détenue dans un camp de détention dans le nord-est de la Syrie.
Aujourd’hui, les informations recueillies par les services de police et de renseignement internationaux impliquent Mohammed Al Rasheed dans le trafic de Begum et d’autres citoyens britanniques vers le territoire de l’État islamique alors qu’il travaillait comme agent de renseignement pour le Canada.
Selon des documents obtenus par la BBC, Rasheed s’est rendu à l’ambassade du Canada en Jordanie pour tenter de demander l’asile en 2013, et on lui a dit qu’il recevrait la citoyenneté canadienne s’il acceptait de recueillir des informations sur les activités d’ISIS.
Il a ensuite commencé à aider des personnes à entrer sur le territoire de l’État islamique en Syrie depuis la Turquie, tout en partageant leurs informations avec les services de renseignement canadiens. Il a opéré dans le cadre d’un réseau de trafic de personnes d’ISIS pendant environ huit mois avant d’aider Begum à entrer en Syrie, rapporte la BBC. Il a été arrêté en Turquie quelques jours plus tard.
À la lumière de ces allégations, Tasnime Akunjee, l’avocat de la famille de Begum, a déclaré à la BBC que la famille prévoit de contester le retrait de sa citoyenneté au motif que le gouvernement britannique ne l’a pas reconnue comme une victime de la traite des êtres humains lorsqu’il a révoqué sa citoyenneté.
« Le Royaume-Uni a des obligations internationales quant à la façon dont nous considérons une personne victime de la traite et à la culpabilité que nous lui attribuons pour ses actes », a-t-il déclaré à la BBC.
Akunjee a déclaré qu’il était choqué par le fait qu’un agent des services de renseignement canadiens ait participé à l’opération de contrebande.
« Quelqu’un qui est censé être un allié, protégeant notre peuple, plutôt que de trafiquer des enfants britanniques dans une zone de guerre », a-t-il déclaré à la BBC.
« La collecte de renseignements semble avoir été privilégiée par rapport à la vie des enfants ».
Dans une conférence de presse mardi, que si les services de renseignement canadiens doivent être « flexibles » et « créatifs » dans leur lutte contre le terrorisme, ils sont liés par des règles strictes.
« Il existe des mécanismes de surveillance rigoureux qui sont en place avec les autorisations nécessaires pour examiner les opérations et les décisions prises par les services de renseignement dans leur travail pour assurer la sécurité du Canada et des Canadiens dans un monde très dangereux », a-t-il déclaré aux journalistes.
« Je sais qu’il y a des questions sur certains incidents ou opérations du passé et nous veillerons à en assurer le suivi. »