Relations entre le Canada et la Chine : Le ministre des Affaires étrangères dévoile une nouvelle stratégie
Le gouvernement fédéral a dévoilé sa stratégie indo-pacifique tant attendue, qui détaille une décennie de plans d’investissement et de partenariats dans la région et indique une position plus stricte à l’égard de la Chine.
Dans une entrevue accordée à l’émission Question Period de CTV avec Joyce Napier, diffusée dimanche, la ministre des Affaires étrangères Mélanie Joly a déclaré que le document met simplement par écrit ce vers quoi le Canada et ses alliés tendent depuis longtemps en ce qui concerne la façon dont ils vont s’engager avec la Chine.
« Nous appelons un chat un chat », a-t-elle déclaré. « En ce qui concerne notre engagement avec la Chine, nous sommes clairs : il s’agit de protéger nos intérêts nationaux sans compromettre nos valeurs. »
« Je l’ai dit à de nombreuses reprises, et je le répète : il s’agit de s’assurer que nous allons concurrencer la Chine quand nous le devons et que nous allons coopérer avec elle quand nous le devons, et cela inclut la question du changement climatique, la question de la prévention des pandémies et également la non-prolifération nucléaire. »
La stratégie indo-pacifique de 23 pages décrit les initiatives et les investissements du Canada pour la prochaine décennie – totalisant près de 2,3 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années – afin de renforcer le rôle économique et stratégique du Canada dans la région.
Joly a qualifié le budget détaillé dans le plan de « premier versement » pour affirmer le rôle du Canada en tant que « partenaire fiable dans la région ».
« Nous devons regarder le Pacifique parce que c’est là, effectivement, qu’il y a des tensions géopolitiques, mais c’est aussi là qu’il y a beaucoup de croissance », a déclaré Joly. « Nous devons donc nous assurer que nous intensifions notre jeu, et que nous investissons ».
Le document stratégique consacre quelques pages à la présentation de la position du Canada sur la Chine, mais il ne détaille pas les initiatives spécifiques ni leur coût.
Voici une partie de ce que le Canada dit qu’il prévoit de faire en ce qui concerne la Chine à l’avenir :
- repousser « toute forme d’ingérence étrangère sur le sol canadien » ;
- protéger l’accès au marché canadien en Chine tout en travaillant avec les clients pour « se diversifier à l’intérieur et à l’extérieur de ce marché » ; et
- protéger l’accès au marché chinois.
- repousser « toute action unilatérale qui menace le statu quo dans le détroit de Taiwan, ainsi que dans les mers de Chine orientale et méridionale ».
« La Chine est une puissance mondiale de plus en plus perturbatrice « , indique la stratégie, ajoutant que le Canada aligne son approche de la Chine sur celle de ses partenaires de la région et du monde entier, y compris les États-Unis.
La publication de la stratégie indo-pacifique du Canada intervient moins de deux semaines après qu’une interaction tendue entre le premier ministre Justin Trudeau et le président chinois Xi Jinping au sommet du G20 ait été filmée.
« Dans les domaines de profond désaccord, nous défierons la Chine, notamment lorsqu’elle adopte un comportement coercitif – économique ou autre – qui ignore les obligations en matière de droits de l’homme ou porte atteinte à nos intérêts de sécurité nationale et à ceux de nos partenaires dans la région », indique également le document, dans une copie sous embargo remise aux journalistes avant sa publication officielle. « Nous devons tous nous conformer aux règles internationales ».
Dans le cadre de la stratégie canadienne dans l’Indo-Pacifique, le document indique également que le Canada prévoit d’accroître sa présence navale, d’avoir des forces de renseignement et de sécurité dans la région, et qu’il jouera un rôle de premier plan dans la prévention des cybermenaces, notamment la propagation de la désinformation et des ransomwares.