Qui a « découvert le Canada » ? Le Québec préfère l’explorateur français aux autochtones : enquête
Les Québécois sont plus enclins à dire que Jacques Cartier – ou même Christophe Colomb – a « découvert le Canada » que le reste du pays, qui désigne les peuples autochtones, selon un nouveau sondage.
Les résultats sont basés sur une étude en ligne réalisée par la société de sondage Léger pour l’Association d’études canadiennes du 8 au 10 juillet, dans laquelle elle a posé une série de questions sur les récits historiques dans le pays.
L’étude a révélé qu’à la question ouverte « qui a découvert le Canada », 21 % des répondants ont nommé les autochtones. Environ 16 % ont cité le nom de Jacques Cartier, l’explorateur français qui a effectué plusieurs voyages sur les côtes et les voies navigables du pays à partir de 1534.
Le sondage rapporte que 15 pour cent des répondants ont dit ne pas savoir.
Le sondage indique que le reste des répondants ont nommé un mélange de Vikings, de Christophe Colomb et de Samuel de Champlain, un autre explorateur à qui l’on attribue la fondation du Québec et la colonisation de la région par la France.
Le sondage a été réalisé auprès de 1 764 Canadiens et il est impossible de lui attribuer une marge d’erreur, car les sondages en ligne ne sont pas considérés comme des échantillons véritablement aléatoires.
Lorsque les résultats ont été ventilés par âge, les personnes âgées de 18 à 54 ans avaient tendance à dire « peuples autochtones » en plus grand nombre que les personnes âgées de 55 ans et plus.
Le concept de « découverte » a été remis en question récemment, notamment lors de la visite du pape François au Canada.
Le pontife, âgé de 85 ans, a dû faire face à des appels répétés le mois dernier pour dénoncer une série d’édits, connus sous le nom de bulles papales, datant du 15e siècle, que les pays ont utilisés pour justifier la colonisation de terres considérées comme inhabitées alors qu’elles abritaient en fait des populations indigènes.
Le sondage suggère un fossé entre la façon dont les résidents du Québec et du reste du pays abordent la question de savoir « qui a découvert le Canada ».
Le sondage indique que 46 pour cent des Québécois attribuent la découverte du Canada à Cartier, contre 11 pour cent des habitants de la province qui ont choisi les autochtones.
En revanche, les résultats montrent que 20 pour cent ou plus des répondants de la Colombie-Britannique, du Canada atlantique, des Prairies, de l’Alberta et de l’Ontario ont choisi les autochtones, tandis que moins de 10 pour cent de chaque province ont choisi Cartier.
Le président de l’association, Jack Jedwab, dit qu’au Québec, il semble y avoir une plus grande tendance à voir le pays à travers le prisme des nations française et anglaise.
« Alors que dans le reste du Canada, il y a maintenant un mouvement pour voir le pays à travers le prisme des trois fondateurs », y compris les peuples autochtones, dit-il.
« Il y a plus d’exposition à cette perspective qu’au Québec », ajoute-t-il.
En ce qui concerne Christophe Colomb, l’enquête rapporte que 20 % des répondants québécois le considèrent comme le découvreur du Canada, contre moins de 15 % de tous les répondants des autres régions interrogées.
Jedwab dit que le fait que Colomb ait été choisi est « inquiétant ».
« Je ne sais pas ce qu’ils lisent, mais il est clair que ce n’est pas quelque chose que l’on trouve dans n’importe quel texte d’histoire canadien ».
L’enquête a également demandé aux Canadiens s’ils pensaient vivre sur un territoire non cédé – des terres que les peuples autochtones n’ont jamais légalement cédées aux autorités gouvernementales.
De tous les répondants, 66 pour cent ont répondu « non », contre 34 pour cent qui ont répondu « oui ».
Selon sa répartition régionale, l’enquête a révélé que près de 60 pour cent des répondants de la Colombie-Britannique – le pourcentage le plus élevé de toutes les régions – ont déclaré vivre sur un territoire autochtone non cédé, contre près de 44 pour cent qui ont dit ne pas y vivre.
Les résultats de l’enquête montrent que le taux le plus bas a été enregistré au Québec, où seulement 20 pour cent des résidents ont déclaré vivre sur un territoire non cédé, contre 79 pour cent qui ne l’ont pas fait.
Contrairement aux autres provinces, la majeure partie de la Colombie-Britannique est considérée comme un territoire autochtone non cédé. Lorsque la province s’est jointe à la Confédération en 1871, son gouvernement ne reconnaissait pas les titres autochtones et ne voyait pas la nécessité de conclure des traités
.
Jedwab croit que les résultats suggèrent que les résidents des différentes provinces sont plus ou moins sensibilisés aux questions territoriales autochtones
.
Par exemple, il souligne que les dirigeants politiques du Québec reconnaissent rarement les terres autochtones.
« Lorsque les gens font la reconnaissance des terres, il y a un rappel, un rappel intégré, de la fondation du pays et de ce sur quoi il a été fondé. «
Ce reportage de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 25 août 2022.