Patrick Brown va entrer dans la course au leadership conservateur
BRAMPTON, ONT. — Patrick Brown, l’ancien député qui a démissionné sans cérémonie du poste de chef du Parti progressiste-conservateur de l’Ontario et qui est redevenu maire de Brampton, prévoit aujourd’hui de relever son dernier défi : Se présenter à la direction du Parti conservateur.
À 43 ans, la carrière politique de M. Brown a été marquée par des hauts et des bas.
Né à Toronto, il est un jeune conservateur qui, en 2000, est élu conseiller municipal à Barrie, en Ontario. De là, il est devenu député dans le gouvernement de l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper.
Brown a quitté la politique fédérale après avoir remporté la direction du parti progressiste-conservateur de l’Ontario en 2015, où il a été chef de l’opposition de la province jusqu’en 2018.
À quelques mois d’une élection — alors que le gouvernement libéral avait passé plus d’une décennie au pouvoir — en janvier 2018, CTV a publié des allégations d’inconduite sexuelle de deux femmes contre Brown.
Les allégations n’ont pas été prouvées en cour, et n’ont pas été vérifiées de façon indépendante par la Presse canadienne. Brown les a longtemps niées.
Mais après avoir initialement promis de rester en poste, Brown a démissionné le jour suivant et, quelques semaines plus tard, il a été expulsé du caucus.
Il s’est ensuite présenté à la mairie de Brampton, en Ontario, et a été élu en octobre 2018. Il est resté dans ce rôle depuis lors.
La semaine dernière, Brown et CTV ont résolu un différend juridique qui durait depuis des années au sujet d’une poursuite en diffamation qu’il a lancée après l’article de 2018.
Une déclaration publiée par le diffuseur et Brown a déclaré que CTV regrette certaines inexactitudes factuelles que leur histoire originale contenait. La déclaration ne précise pas quelles étaient ces inexactitudes et un porte-parole de CTV a refusé de s’étendre sur le sujet.
L’article original inclut une correction qui met à jour l’âge de l’une des deux femmes qui ont accusé Brown d’inconduite sexuelle.
Brown, connu au sein du parti comme un organisateur travailleur, sera le cinquième candidat à entrer dans la course à la direction du Parti conservateur, déjà peuplée par l’ancien chef progressiste-conservateur fédéral Jean Charest et le député de la région d’Ottawa Pierre Poilievre. La députée ontarienne recrue Leslyn Lewis et le député provincial indépendant Roman Baber sont également en lice.
M. Brown est prêt à lancer sa campagne dans sa propre cour de Brampton, qui fait partie de la région du Grand Toronto, riche en sièges, une région où les conservateurs fédéraux savent qu’ils doivent accroître leur soutien s’ils espèrent former le gouvernement.
Et les racines politiques de Brown dans la région sont profondes. Poilievre et Charest ont tenu leurs premiers événements officiels en Saskatchewan et en Alberta, respectivement, où se trouve le cœur du Parti conservateur et sa base.
Pour ce qui est de ce que Brown pourrait apporter à la course, il a récemment manifesté un rejet ferme du projet de loi 21, une loi controversée sur la laïcité au Québec qui interdit aux fonctionnaires en position d’autorité de porter des symboles religieux au travail.
En tant que maire de Brampton, M. Brown a été le fer de lance d’un plan permettant aux villes de s’engager à verser des fonds pour aider à financer une contestation judiciaire de la loi.
Sa vive opposition au projet de loi 21 survient alors que le parti sait également qu’il doit accroître son soutien auprès des nouveaux immigrants et des communautés culturelles qui ont élu domicile dans les plus grandes villes et banlieues du pays.
M. Brown entre dans la course à la direction du Parti conservateur avec un bilan sur une autre question délicate pour le parti : la tarification du carbone.
Il s’est engagé à soutenir ce mécanisme. De nombreux membres du parti le rejettent comme une » taxe » inefficace, y compris Poilievre, qui a juré d’abroger le prix fédéral du carbone pour les consommateurs et a attaqué Brown pour son soutien à cette politique.
Brown a récemment écrit une lettre demandant à la vice-première ministre et ministre des Finances Chrystia Freeland de renoncer à une augmentation prévue pour le 1er avril, en invoquant le prix de l’essence et d’autres problèmes d’accessibilité.
Les conservateurs découvriront qui est leur nouveau chef le 10 septembre. Les candidats ont jusqu’au 3 juin pour inscrire de nouveaux membres et jusqu’au 19 avril pour déclarer leur candidature.
Ce reportage de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 13 mars 2022.