Mieux répondre aux besoins familiaux exceptionnels des troupes : un organisme de surveillance
L’organisme de surveillance militaire du Canada demande aux forces armées de mieux répondre aux besoins des troupes ayant des enfants handicapés ou d’autres circonstances familiales exceptionnelles, car certains sont contraints de choisir entre leurs proches et leur carrière.
Alors qu’environ un membre des forces armées canadiennes sur quatre doit déménager chaque année pour des raisons de formation ou d’opérations, ceux qui ont des besoins familiaux particuliers sont autorisés à demander des exemptions.
Une affectation ou un statut de compassion vise à offrir une certaine souplesse aux membres qui ont des circonstances familiales particulières, comme des enfants handicapés ou des parents âgés qui ont besoin de soutien.
Mais dans un nouveau rapport, l’ombudsman militaire Gregory Lick affirme que l’approche actuelle de l’armée pour décider si les troupes peuvent bénéficier de ces affectations pour raisons familiales est truffée de lacunes et de problèmes qui doivent être résolus.
Il s’agit notamment de critères peu clairs sur les personnes qui peuvent être admissibles, d’un manque de transparence sur la façon dont ces demandes sont approuvées ou rejetées et même de pressions exercées sur certaines troupes pour qu’elles ne fassent pas de demande en premier lieu.
« La plupart des membres des FAC et des membres des familles interrogés pensaient que les besoins de leur famille étaient secondaires par rapport aux besoins des FAC », peut-on lire dans le rapport. « Beaucoup ont déclaré s’être sentis marginalisés ou stigmatisés lorsqu’ils ont demandé … une affectation pour raisons familiales ».
Dans une interview, Lick a déclaré qu’il était particulièrement touché, lors de visites de bases et d’escadres militaires, par les récits des membres des services et des familles sur les difficultés à prendre soin des enfants handicapés et ayant des besoins spéciaux.
« Il s’agit d’une communauté très vulnérable », a-t-il déclaré. « Ils sont sur une liste d’attente pour pouvoir obtenir de l’aide pour leurs enfants et tout d’un coup, ils reçoivent un message d’affectation ».
Les affichages et les statuts de compassion ont été très bénéfiques pour les militaires et les familles qui ont pu en profiter, a-t-il ajouté. Le problème réside dans les lacunes et les incertitudes qui les entourent, ce qui a conduit à une application inégale.
Une partie du problème est le manque de critères clairs, y compris une définition de ce qui constitue à la fois la « famille » et les « circonstances personnelles exceptionnelles », ce qui crée une confusion pour les troupes qui demandent une affectation pour raisons familiales et pour ceux qui décident de l’approuver ou non.
Il y avait également un manque de compréhension quant à la manière dont de telles décisions sont prises, avec de longs délais et peu de mises à jour ou d’informations, et même une incertitude quant à la personne réellement responsable de la prise de décision.
« Les membres des FAC ont rapporté des cas où leur chaîne de commandement ne connaissait pas les étapes du processus et n’était pas en mesure d’identifier l’autorité décisionnaire », peut-on lire dans le rapport.
Cette incertitude pourrait expliquer pourquoi seulement environ la moitié de toutes les demandes entre septembre 2017 et mars 2021 ont été approuvées, a déclaré Lick.
Le rapport de l’ombudsman survient à un moment où les Forces armées canadiennes ont du mal à recruter et à retenir leurs troupes, des milliers de postes étant actuellement vacants alors même que l’armée fait face à des demandes importantes au pays et à l’étranger.
Le vice-chef d’état-major de la défense, le Lt.-Gen. Frances Allen a indiqué la semaine dernière que les commandants supérieurs examinent actuellement la manière dont l’armée traite les affectations et les déménagements dans le but de mieux équilibrer les besoins militaires et familiaux.
Lick a reconnu que les chefs militaires doivent s’assurer que les membres des forces armées sont là où ils doivent être, mais a soutenu que mieux accommoder les familles et ceux qui ont des besoins spéciaux aidera au recrutement et à la rétention à long terme.
« Cela montrera au public, qu’ils essaient de recruter, que c’est une organisation qui soutient mieux ses membres et leurs familles », a-t-il dit. « Il peut y avoir un peu de douleur à court terme. … Mais à long terme, ce sont les choses qu’ils doivent faire. »
Ce reportage de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 2 mai 2022.