L’OCDE prévoit que l’économie mondiale s’affaiblira fortement – où en est le Canada?
Les dernières prévisions pour l’économie mondiale montrent une sombre perspective du monde déchiré par la pandémie de COVID-19 et la guerre de la Russie contre l’Ukraine.
Selon un récent rapport de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), presque tous les pays devraient connaître une croissance plus lente en 2022-23 en raison de la guerre russo-ukrainienne en cours.
Avec le , l’OCDE a récemment abaissé ses estimations de la croissance mondiale, la réduisant à 3 % en 2022, contre 4,5 % projetés l’année dernière.
En 2023, la croissance mondiale devrait encore baisser à 2,75 %.
L’inflation actuelle dans les pays de l’OCDE en 2022 est de 9 %, soit le double des projections précédentes. L’organisation a déclaré qu’avec la crise humanitaire en cours, une forte inflation pourrait persister dans les pays riches et créer des pénuries alimentaires pour les plus pauvres. Il a appelé à une coopération mondiale pour prévenir une crise alimentaire en évitant des erreurs similaires à celles qui ont conduit à l’iniquité dans la distribution des vaccins.
« Le prix de cette guerre est élevé et devra être partagé », a déclaré Laurence Boone, économiste en chef de l’OCDE.
Le rapport indique que si la guerre continue de s’intensifier, les économies européennes fortement dépendantes du carburant russe pourraient s’aggraver, car les sources d’énergie alternatives pourraient ne pas être suffisantes ou faciles à développer.
« Les gouvernements doivent également jouer un rôle par le biais d’un soutien ciblé sur les personnes les plus vulnérables à la hausse de l’inflation alimentaire et énergétique », a déclaré Mme Boone.
ALORS, OÙ EN EST LE CANADA ?
L’économie canadienne s’est largement remise de la pandémie, mais le rapport de l’OCDE indique que la Banque du Canada devrait continuer à relever son taux directeur et à réduire son bilan afin de revenir à son objectif d’inflation.
Outre les revenus provenant des prix élevés des ressources, une grande partie de la reprise, selon le rapport, est due à ses liens commerciaux limités avec des économies qui ont été durement touchées par la guerre en Ukraine.
L’inflation actuelle au Canada est de 6,8 % – la plus élevée depuis 1991 – mais le pays pourrait suivre la même trajectoire que la semaine dernière, la plus importante depuis 1994.
L’OCDE s’attend à ce que la Banque du Canada s’oriente vers un resserrement plus rapide de sa politique afin que la capacité de production nationale ne soit pas mise à rude épreuve par la hausse de la demande.
La Banque du Canada augmente les taux d’intérêt pour limiter l’impact de l’inflation.
Dans un récent discours prononcé à Montréal, le sous-gouverneur de la Banque du Canada, Toni Gravelle, a déclaré : « Le fort rebond de la demande mondiale de biens, ainsi que les restrictions liées à la pandémie et certains événements liés aux conditions météorologiques, ont créé la tempête parfaite ».
Avec une demande croissante, les gouvernements fédéral et provinciaux devraient se concentrer sur de solides revenus tirés des ressources pour réduire la dette publique, tout en ciblant un soutien temporaire du revenu pour les ménages confrontés à des pressions sur le coût de la vie, selon le rapport.
Dans sa récente Revue du système financier, la Banque du Canada a déclaré que la part des ménages très endettés avait augmenté.
« Au Canada, les niveaux élevés d’endettement des ménages et les prix élevés des maisons restent deux vulnérabilités clés interconnectées », a déclaré la banque dans sa revue annuelle du système financier.
AUGMENTATION DU TAUX DIRECTEUR
À la suite de l’assouplissement des mesures de confinement à la fin janvier, le Canada a enregistré d’importants gains de production dans les services à forte intensité de contacts et de fortes contributions des secteurs des ressources, de la construction et de la fabrication.
Mais le rapport a mis en garde contre les perturbations de la chaîne d’approvisionnement, exacerbées par les pénuries de main-d’œuvre et la forte inflation. La hausse des prix des aliments et de l’énergie réduit déjà le pouvoir d’achat d’un ménage canadien moyen et aura un impact négatif sur les dépenses privées, même si les taux d’épargne reviennent à des niveaux plus normaux, selon l’OCDE.
L’OCDE a déclaré que davantage de hausses de taux de la part de la Banque du Canada pourraient aider à atténuer les pressions sur les prix et « ramener la politique monétaire à des paramètres neutres, où elle ne stimule ni ne pèse sur l’économie ».
Selon l’OCDE, le taux directeur du Canada devrait augmenter à 2,5 % d’ici le début de 2023. En cas d’inflation persistante, l’organisation prévoit une augmentation supplémentaire des taux.
En juin, une deuxième hausse de 50 points de base par la Banque du Canada a porté le taux d’intérêt de référence à 1,5 %.
« Nous prenons ces grandes mesures parce que l’inflation est constamment élevée, que l’économie est en surchauffe et que le risque qu’une inflation élevée s’enracine a augmenté », a déclaré le sous-gouverneur de la Banque du Canada, Paul Beaudry, dans son allocution.
UNE FORTE CROISSANCE À CONTINUER AU MILIEU DES CHOCS EXTERNES
L’OCDE prévoit que le PIB réel du Canada devrait croître de 3,8 % en 2022 et a déclaré que le pays peut résister aux chocs économiques de la guerre russo-ukrainienne car il a des liens commerciaux limités avec les économies durement touchées.
L’OCDE a signalé que la plupart des économies sont relativement tendues et connaissent désormais des pénuries de main-d’œuvre avec une forte augmentation des postes vacants. Des données récentes de Statistique Canada ont montré que les postes vacants ont grimpé à 957 500 au premier trimestre, le nombre trimestriel le plus élevé jamais enregistré.
La pandémie a entraîné d’énormes baisses de la migration internationale, ce qui a contribué aux pénuries de main-d’œuvre dans certains pays.
Pour le Canada, l’OCDE a déclaré qu’une immigration plus élevée dans le pays contribuerait à atténuer ces pénuries de main-d’œuvre et les pressions salariales dans les industries à offre limitée.