L’occupation israélienne « perpétuelle » à l’origine de la violence : rapport
Des enquêteurs mandatés par le principal organe des Nations unies chargé des droits de l’homme affirment que les tensions entre Palestiniens et Israéliens sont sous-tendues par l' »occupation perpétuelle » des zones palestiniennes par Israël, sans intention apparente d’y mettre fin.
Ces conclusions ont été publiées mardi dans le premier rapport d’une commission d’enquête, dirigée par une équipe de trois experts en droits de l’homme. Cette commission a été mise en place l’année dernière par le Conseil des droits de l’homme, soutenu par les Nations unies, à la suite d’une guerre de 11 jours entre Israël et le Hamas à Gaza. Selon le bureau des droits de l’homme des Nations unies, la guerre a tué au moins 261 personnes, dont 67 enfants, à Gaza, et 14 personnes, dont deux enfants, en Israël.
La commission, dirigée par l’ancienne responsable des droits de l’homme de l’ONU, Navi Pillay, est la première à avoir un mandat « permanent » de l’organisme des droits de l’homme de l’ONU. Les détracteurs de la commission affirment qu’un examen permanent témoigne d’un parti pris anti-israélien au sein du Conseil, qui compte 47 États membres, et d’autres organes des Nations unies. Les partisans de la commission affirment qu’elle est nécessaire pour garder un œil sur les injustices persistantes auxquelles sont confrontés les Palestiniens depuis des décennies de régime israélien.
Le rapport reprend en grande partie les efforts déployés par les enquêteurs de l’ONU au fil des ans pour s’attaquer aux causes de la violence au Moyen-Orient et les auteurs ont reconnu qu’il s’agissait en partie d’une « révision » des conclusions précédentes de l’ONU.
« Ce qui est devenu une situation d’occupation perpétuelle a été cité par les parties prenantes palestiniennes et israéliennes à la commission comme le problème commun » qui constitue la « cause profonde » des tensions récurrentes, de l’instabilité et des conflits prolongés, écrivent les auteurs. Ils ont ajouté que l' »impunité » des auteurs de violences alimentait le ressentiment des Palestiniens de Cisjordanie, de Gaza et de Jérusalem-Est.
Le gouvernement israélien, qui s’est opposé à la création de la commission, a refusé d’accorder à ses membres l’accès à Israël ou aux territoires palestiniens, et les témoignages de Palestiniens et d’Israéliens ont été recueillis à Genève et en Jordanie.
Le ministère israélien des Affaires étrangères a rejeté le rapport comme « faisant partie intégrante de la chasse aux sorcières menée par le Conseil des droits de l’homme contre Israël ».
Il a qualifié le rapport de partial et unilatéral et a accusé les membres de la commission d’ignorer la violence, l’incitation et l’antisémitisme palestiniens. « Les membres de la Commission, qui prétendent être objectifs, n’ont été nommés à leur poste qu’en raison de leurs positions anti-israéliennes publiques et bien connues, en opposition directe avec les règles établies par les Nations unies », a-t-il déclaré.
Les auteurs du rapport citent des preuves « crédibles » qui « indiquent de manière convaincante qu’Israël n’a pas l’intention de mettre fin à l’occupation » et prévoit de s’assurer du contrôle total des zones palestiniennes. Le gouvernement israélien, ajoute le rapport, « agit pour modifier la démographie en maintenant un environnement répressif pour les Palestiniens et un environnement favorable pour les colons israéliens. »
Ils ont également critiqué les dirigeants palestiniens, affirmant que l’Autorité palestinienne, qui administre des zones autonomes dans certaines parties de la Cisjordanie occupée par Israël, fait fréquemment référence à l’occupation pour justifier ses propres violations des droits de l’homme. Elle désigne également l’occupation comme la raison principale de l’absence d’élections législatives et présidentielles, selon les auteurs. L’AP est largement critiquée pour sa corruption et son intolérance à l’égard de la dissidence.
Quant aux autorités du Hamas à Gaza, la commission estime qu’elles font preuve d’un faible engagement en faveur du respect des droits de l’homme et d’une faible adhésion au droit international. Depuis qu’il a pris le contrôle de Gaza en 2007, le Hamas a fait preuve d’une faible tolérance à l’égard de la dissidence politique et a été accusé de torturer des opposants.
Israël a pris la Cisjordanie et Jérusalem-Est à la Jordanie, et la bande de Gaza à l’Egypte lors de la guerre du Moyen-Orient de 1967.
Il a annexé Jérusalem-Est et revendique la zone – où se trouvent les plus importants lieux saints de la ville – comme faisant partie de sa capitale. Il considère la Cisjordanie comme un territoire « disputé » et y a construit des dizaines de colonies juives. Plus de 700 000 colons israéliens vivent aujourd’hui dans les deux zones.
L’Autorité palestinienne, reconnue internationalement, cherche à obtenir la Cisjordanie, Jérusalem-Est et Gaza pour en faire un État indépendant. La communauté internationale considère majoritairement que ces trois zones sont occupées par Israël.
Les groupes de défense des droits ont accusé Israël et le Hamas d’avoir commis des crimes de guerre pendant les combats de l’année dernière. Israël nie avec véhémence ces allégations, accusant le Hamas de mettre en danger les civils en utilisant les zones résidentielles comme couverture pendant les opérations militaires.
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Le rédacteur de l’Associated Press Josef Federman à Jérusalem a contribué à ce rapport.