L’Iran convoque l’ambassadeur du Royaume-Uni sur fond de protestations
Le ministère iranien des Affaires étrangères a déclaré dimanche qu’il avait convoqué l’ambassadeur de Grande-Bretagne pour protester contre ce qu’il a décrit comme une atmosphère hostile créée par les médias en langue farsi basés à Londres. Cette mesure intervient dans un contexte de troubles violents en Iran, déclenchés par la mort d’une jeune femme en garde à vue.
Selon l’agence de presse gouvernementale IRNA, le ministère a également convoqué l’ambassadeur de Norvège en Iran et a vivement protesté contre les récentes remarques du président du parlement norvégien, Masud Gharahkhani.
Les personnes en garde à vue après avoir été arrêtées par la police de la moralité iranienne ont déclenché des troubles dans les provinces iraniennes et dans la capitale Téhéran.
Les protestations contre la mort d’Amini se sont étendues à au moins 46 villes et villages en Iran. La télévision d’État a laissé entendre qu’au moins 41 manifestants et policiers ont été tués depuis le début des protestations, le 17 septembre. Selon l’Associated Press, les déclarations officielles des autorités font état d’au moins 13 morts et de plus de 1 200 manifestants arrêtés.
Des affrontements entre les manifestants et les forces de sécurité ont continué à éclater. Un membre du Basij, une force volontaire des Gardes iraniens, a été tué par des manifestants la nuit dernière à Téhéran, a rapporté dimanche l’agence de presse semi-officielle Fars. Un autre membre du Basij, qui était dans le coma depuis jeudi après des affrontements de rue, est décédé dimanche à Urmia, dans la province d’Azerbaïdjan occidental, a rapporté IRNA.
Le site Internet du ministère iranien des Affaires étrangères indique qu’il a convoqué samedi Simon Shercliff, l’ambassadeur du Royaume-Uni en Iran, pour protester contre l’accueil de médias critiques en langue farsi. Le ministère allègue que ces médias ont provoqué des troubles et la propagation d’émeutes en Iran en tête de leurs programmes.
L’Iran a déclaré qu’il considère les reportages des agences de presse comme une ingérence dans les affaires intérieures de l’Iran et comme des actes contre sa souveraineté.
La crise en Iran a commencé par un déferlement de colère publique suite à la mort d’Amini, qui a été arrêtée par la police des mœurs à Téhéran pour avoir prétendument porté son foulard islamique trop lâche. La police a déclaré qu’elle était morte d’une crise cardiaque et qu’elle n’avait pas été maltraitée, mais sa famille a émis des doutes à ce sujet.
La mort d’Amini a suscité une vive condamnation de la part des pays occidentaux et des Nations unies, ainsi que des manifestations de solidarité à l’étranger. Dimanche, de violentes manifestations de rue ont éclaté devant l’ambassade d’Iran à Londres, des pierres ont été jetées sur la police et cinq manifestants ont été arrêtés. Un certain nombre de policiers ont été blessés dans les échauffourées, mais aucun grièvement.
Des rassemblements pro-gouvernementaux ont également eu lieu dimanche dans plusieurs villes d’Iran. Des milliers de personnes ont participé à un rassemblement à Enghelab, ou place de la Révolution, dans la capitale, en brandissant des drapeaux iraniens. Certains officiels, dont le porte-parole du cabinet, Ali Bahadori Jahromi, ont assisté au rassemblement de Téhéran.