L’ingérence étrangère au Canada : Début des consultations publiques
Le gouvernement libéral entame des consultations en vue de créer un registre de l’influence étrangère, a annoncé vendredi le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, qui a toutefois refusé de préciser quand la mesure pourrait être mise en place.
Le gouvernement a fait l’objet d’un examen minutieux au cours des dernières semaines à la suite d’allégations dans les médias selon lesquelles il n’a pas agi lorsqu’il a été averti que la Chine tentait d’interférer dans les deux dernières élections fédérales. Les rapports de Global News et du journal Globe and Mail citent des sources de sécurité anonymes et des fuites de documents hautement confidentiels.
« Il y a peu de défis plus importants auxquels nous sommes confrontés que l’ingérence étrangère », a déclaré M. Mendicino lors d’une conférence de presse sur la Colline du Parlement.
« En tant que gouvernement, nous devons garder les yeux grands ouverts. »
Le registre obligerait les personnes qui agissent au nom d’un État étranger pour promouvoir ses objectifs à révéler leurs liens avec le gouvernement qui les emploie. Il s’agirait d’un outil supplémentaire, selon Mendicino, pour empêcher d’autres pays de s’immiscer dans les affaires du Canada. [L’idée d’un registre, qui existe en Australie et aux États-Unis, est de rendre ces transactions plus transparentes, avec la possibilité d’amendes ou même de peines de prison en cas de non-respect.
Les consultations débuteront vendredi et se poursuivront jusqu’au 9 mai, notamment par le biais d’un portail virtuel sur le site Web du ministère de la Sécurité publique.
Mendicino a signalé à la fin de l’année dernière que le gouvernement libéral souhaitait entendre des experts et le grand public, y compris les membres des communautés touchées, au sujet de la création d’un registre.
S’adressant aux journalistes vendredi, il n’a pas donné de détails sur le moment où un registre pourrait être mis en place, et notamment s’il pourrait l’être avant les prochaines élections fédérales. La date de ce vote dépend en partie de l’accord d’approvisionnement et de confiance du gouvernement minoritaire avec les néo-démocrates fédéraux. [L’un des objectifs de la consultation est d' »engager tous les Canadiens dans une conversation sur la façon de protéger nos institutions contre l’ingérence étrangère d’une manière inclusive qui respecte la diversité de notre population et, bien sûr, la Charte canadienne des droits et libertés », a-t-il déclaré.
La ministre du Commerce international, Mary Ng, qui est d’origine chinoise, a déclaré qu’il était important de créer le registre de manière à ne pas attiser le racisme anti-asiatique.
« Nous avons la grande responsabilité de nous assurer que nous ne créons pas injustement ou involontairement un nuage qui plane sur une communauté entière qui se sent incroyablement incertaine et qui a ressenti le malaise des préjugés inconscients qui sont devenus très conscients dans les premiers jours de la pandémie », a déclaré Mme Ng, qui s’est jointe à Mme Mendicino lors de l’annonce.
Elle a rappelé que le gouvernement canadien avait déjà pris pour cible des membres de la communauté asiatique, notamment lors de l’internement des Canadiens d’origine japonaise au cours de la Seconde Guerre mondiale.
Ce rapport de la Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 10 mars 2023.