Les législateurs de l’UE remplacent le vice-président disgracié alors que le suspect conclut un accord de plaidoyer
Les législateurs de l’Union européenne ont voté mercredi le remplacement d’un ancien vice-président du Parlement européen disgracié, après qu’un suspect clé dans le scandale de l’argent contre l’influence qui secoue l’assemblée de l’UE a conclu un accord de plaidoyer avec les procureurs, laissant entrevoir la possibilité que d’autres personnes soient nommées.
L’ancienne vice-présidente du Parlement européen Eva Kaili a été démise de ses fonctions après avoir été placée en détention au début du mois dernier pour corruption, blanchiment d’argent et appartenance à une organisation criminelle.
Les législateurs ont tenu un vote secret à Strasbourg, en France, pour choisir parmi trois candidats au poste de vice-président. Ils ont choisi le Luxembourgeois Marc Angel, qui appartient au même groupe politique de centre-gauche, les Socialistes et Démocrates (S&D), que Kaili.
Le scandale de corruption lié au Qatar et au Maroc a ravagé le groupe S&D, le deuxième plus grand de l’assemblée de l’UE. Kaili était responsable du Moyen-Orient, mais la présidente du Parlement, Roberta Metsola, souhaite nommer un vice-président chargé de la lutte contre la corruption afin de redorer l’image ternie de l’assemblée. Il n’est pas clair si Angel se verrait confier un tel portefeuille.
Les procureurs belges soupçonnent Kaili, l’ancien membre du parlement Pier Antonio Panzeri, le partenaire de Kaili et l’ami de Panzeri Francesco Georgi, et Niccolo Figa-Talamanca, chef du groupe caritatif No Peace Without Justice, d’avoir été payés par le Qatar et le Maroc pour influencer la prise de décision à l’assemblée. Les deux pays nient ces allégations.
Le bureau du procureur fédéral a déclaré mardi que Panzeri avait accepté de devenir un informateur et de révéler plus d’informations sur le scandale en échange d’une peine plus légère. Il s’est engagé à révéler aux enquêteurs les noms des personnes impliquées et les accords financiers passés avec d’autres pays.
Plusieurs législateurs et fonctionnaires de l’UE ont déclaré que les allégations de corruption sont les plus accablantes à avoir frappé le Parlement. Le S&D a été la première cible, et ses membres craignent que les choses n’empirent.
L’avocat de Panzeri a évité les journalistes lorsqu’il a quitté le palais de justice de Bruxelles mardi, mais plus tard, lors d’une interview avec la RTBF, il a déclaré que l’Italien de 67 ans serait probablement condamné à cinq ans de prison avec sursis, dont un an à purger en détention.
L’avocat, Laurent Kennes, a déclaré que Panzeri serait également condamné à une amende de 80.000 euros et devrait renoncer au million d’euros que les procureurs soupçonnent d’avoir gagné grâce à ses affaires de corruption.
Panzeri « veut parler, faire sortir les choses de sa poitrine. Il est vulnérable, il est enfermé, il est déprimé », a déclaré Kennes. « Dans ces circonstances, il veut être capable de voir la lumière au bout du tunnel ».
Le scandale a été porté à la connaissance du public le 9 décembre après que la police a lancé plus de 20 raids, principalement en Belgique mais aussi en Italie. Des centaines de milliers d’euros ont été trouvés dans une maison et dans une valise dans un hôtel de Bruxelles. Des téléphones portables, du matériel informatique et des données ont été saisis.
Les procureurs soupçonnent également l’épouse et la fille de Panzeri d’avoir pris part au système et ont émis des mandats d’arrêt pour qu’elles soient remises par les autorités italiennes.