Les défenseurs du contrôle des armes exhortent les députés à combler les lacunes de l’interdiction des armes à feu de type « assaut ».
Les défenseurs qui ont mené la campagne d’interdiction d’une série d’armes à feu de type assaut disent aux législateurs fédéraux que les fabricants canadiens contournent les règlements gouvernementaux interdisant ces armes.
Dans une lettre envoyée cette semaine, le groupe de contrôle des armes à feu PolySeSouvient exhorte les députés à soutenir la modification de la définition d’arme à feu prohibée dans le Code criminel afin d’inclure toutes les armes à feu actuelles et futures qui entrent dans cette catégorie.
Le gouvernement libéral a interdit quelque 1 500 modèles et variantes d’armes à feu, dont le AR-15 et le Ruger Mini-14, par un décret en mai 2020, au motif qu’ils n’ont pas leur place dans la chasse ou le tir sportif.
Un programme de rachat prévu obligerait les propriétaires à vendre ces armes à feu au gouvernement ou à les rendre inopérantes aux frais du gouvernement fédéral.
PolySeSouvient affirme que sans une définition claire des armes à feu de type assaut dans le Code criminel, le Canada sera coincé avec le genre d’approche ratée qui a mené à la prolifération de dizaines de milliers de ces armes à feu dans les mains privées après leur interdiction dans les années 1990.
Le groupe comprend des étudiants et des diplômés de l’École polytechnique de Montréal, où un tireur a tué 14 femmes en 1989.
La lettre est signée par la porte-parole du groupe, Nathalie Provost, qui a été abattue lors du massacre, Suzanne Laplante-Edward, dont la fille a été tuée, et Heidi Rathjen, diplômée de l’école et coordinatrice de PolySeSouvient.
Le rapport indique que plus tôt cette année, la GRC a accordé une classification sans restriction à la Lockhart Tactical Raven 9, une carabine semi-automatique fabriquée au Canada. D’autres armes semi-automatiques récemment introduites ne sont pas affectées par l’interdiction, notamment le Sterling Arms R18 Mk.2, le Crusader 9 et le RS-Q2 Osprey.
En tant qu’armes à feu sans restriction, elles ne sont pas non plus enregistrées à l’extérieur du Québec et sont soumises à des exigences d’entreposage moins strictes, note PolySeSouvient.
En 2020, le gouvernement a déclaré que les modèles et les variantes interdits étaient dotés d’un mécanisme semi-automatique avec une capacité de tir rapide soutenu, et qu’ils étaient « présents en grande quantité sur le marché canadien. »
PolySeSouvient se demande si le fait que les modèles nouvellement introduits ne sont pas présents en grand nombre, du moins au début, explique pourquoi ils sont autorisés.
La GRC n’a pas fait de commentaire immédiat sur la raison pour laquelle les armes à feu signalées dans la lettre ne sont pas soumises à l’interdiction fédérale.
Les libéraux ont déjà lancé l’idée d’une loi qui créerait un cadre permanent pour la classification des armes à feu afin de s’assurer que les intentions fédérales sur les armes à feu interdites sont respectées.
« Malheureusement, nous n’avons pas encore entendu parler d’une mesure similaire envisagée par le gouvernement actuel « , indique la lettre de PolySeSouvient.
« Nous demandons donc aux membres du Parlement d’appuyer la modification de la définition d' »arme à feu prohibée » dans le Code criminel afin d’inclure toutes les armes de style d’assaut actuelles et futures. »
Le ministre de la Sécurité publique, Marco Mendicino, a déclaré en mars qu’il présenterait bientôt une législation « très proactive » sur les armes à feu après l’expiration d’un effort antérieur, connu sous le nom de projet de loi C-21, lors du déclenchement des élections générales de l’été dernier.
Un projet de loi est attendu ce printemps, bien que certains éléments clés n’aient pas encore été finalisés.
Interrogé sur les contournements apparents de l’interdiction des armes d’assaut, Mendicino a déclaré après une réunion du cabinet jeudi que des consultations étaient en cours.
« En ce qui concerne la façon dont nous pouvons renforcer davantage les restrictions autour des armes à feu mortelles comme les AR-15, nous continuons à nous engager avec les communautés, nous continuons à nous engager avec une variété de partenaires dans cet espace. »
En plus du rachat obligatoire des armes à feu interdites, les libéraux ont promis de sévir contre les chargeurs d’armes à feu à grande capacité, de nouveaux efforts pour combattre la contrebande d’armes à feu et de soutenir toute province ou tout territoire qui souhaite interdire les armes de poing.
Bien que PolySeSouvient applaudisse la promesse des libéraux d’interdire les chargeurs modifiables, elle affirme que cela ne sera pas suffisant pour garantir que les chargeurs soient limités à cinq cartouches pour les carabines et les fusils de chasse et à dix pour les armes de poing.
Par conséquent, la nouvelle lettre aux députés demande instamment l’élimination de toutes les exemptions et échappatoires qui compromettent ces limites. « Idéalement, la limite serait de cinq pour toutes les armes à feu. La loi devrait également exiger un permis de port d’arme pour l’achat de chargeurs, tout comme pour les munitions. »
Ce reportage de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 6 mai 2022.