Les Canadiens ayant des prêts hypothécaires se préparent à une forte hausse des taux de la Banque du Canada
La Banque du Canada se prépare à annoncer sa prochaine décision sur les taux d’intérêt ce mercredi, et les prévisionnistes de Bay Street s’attendent à une augmentation de 50 points de base qui mettra les Canadiens ayant des prêts hypothécaires à taux variable sur les nerfs et gardera certains acheteurs potentiels sur la touche.
Les prêts hypothécaires à taux variable étant liés à la décision de la Banque du Canada, « les hausses de taux d’intérêt commenceront à se faire sentir bientôt », a déclaré Robert Kavcic, économiste principal de BMO Marchés des capitaux, dans une interview.
Les grandes banques, les principaux prêteurs hypothécaires du Canada, ont déjà fait passer leur taux préférentiel de 2,45 % à 2,70 % après que la Banque du Canada a augmenté son taux de financement à un jour de 0,25 % à 0,50 % en mars.
Cela ouvre la voie à une pression supplémentaire sur les emprunteurs mercredi prochain.
Sur la base de ce taux préférentiel de 2,70 % et d’un rabais de 1 % – les prêteurs offrent généralement des rabais allant de 0,60 % à 1 % – un propriétaire ayant un prêt hypothécaire à taux variable aurait vu son paiement hypothécaire mensuel passer de 1,45 % à 1,70 %, explique Leah Zlatkin, experte en prêts hypothécaires chez LowestRates.ca.
« Pour une maison de 800 000 $ avec une mise de fonds de 15 % amortie sur 25 ans et ce taux variable en place, cela représente une augmentation d’environ 85 $ par mois « , a-t-elle déclaré lors d’une entrevue. Une autre augmentation d’un demi-point ajouterait environ 170 $ par mois à ce montant.
Les propriétaires qui doivent renouveler leur prêt hypothécaire à taux fixe de cinq ans devront sans doute bientôt creuser plus profondément dans leur portefeuille, dit Zlatkin.Les taux fixes, liés aux obligations plutôt que directement aux taux des banques centrales, ont augmenté avec la hausse des rendements des obligations à court terme.
Quant aux Canadiens qui ont passé la pandémie à économiser de l’argent pour payer un acompte sur une maison, cet argent pourrait ne pas aller aussi loin dans un contexte de hausse des taux d’intérêt, ajoute-t-elle.
Bien que la maîtrise de l’inflation soit l’un des principaux objectifs de la Banque du Canada, des taux d’intérêt plus élevés pourraient avoir un léger effet de refroidissement sur le marché immobilier canadien dans son ensemble, ce que M. Kavcic de BMO dit commencer à voir.
La dernière fois que la banque centrale a augmenté le taux du financement à un jour d’un demi-point de pourcentage en une seule fois remonte à mai 2000, alors que le taux neutre nominal, c’est-à-dire le niveau d’intérêt qui permet la pleine productivité et le maintien de l’inflation à la cible, était d’environ 5 %. Aujourd’hui, la Banque du Canada estime que le taux neutre nominal se situe entre 1,75 % et 2,75 %.
« Une hausse de 50 (points de base) fera beaucoup plus pour refroidir l’économie aujourd’hui qu’à l’époque », a déclaré Royce Mendes, chef de la stratégie macroéconomique de Desjardins, dans une note.
Mendes affirme également que la Banque du Canada ralentira probablement le rythme de son resserrement de la politique monétaire après avril et s’attend à ce que « les nouvelles hausses de taux se fassent par étapes mesurées. »
« Cela laisserait le taux de financement à un jour à 2,00 pour cent à la fin de l’année », a-t-il dit.
Pendant ce temps, Andrew Kelvin, stratège en chef de TD Canada, s’attend à ce que la banque centrale porte le taux à un jour à 2,50 % d’ici la fin de l’année.
Jeudi dernier, les libéraux fédéraux ont dévoilé environ 60 milliards de dollars de nouvelles dépenses dans leur budget 2022, y compris des mesures visant à améliorer l’accessibilité et à faire baisser le coût de la vie.
Certains économistes considèrent que les mesures de relance gouvernementales supplémentaires contribuent aux problèmes d’inflation actuels, alors que la Banque du Canada tente activement de maîtriser ces problèmes. Par contre, d’autres économistes ne voient pas les dépenses et les nouveaux programmes annoncés dans le budget changer matériellement la trajectoire de la banque centrale.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 12 avril 2022.