L’embarras du secteur : Tous les camionneurs ne soutiennent pas le « convoi de la liberté ».
Un soi-disant « convoi de la liberté » composé de camionneurs et de sympathisants est en route vers Ottawa pour protester contre le mandat du gouvernement fédéral concernant les vaccins pour les camionneurs transfrontaliers.
Mais tous les membres de l’industrie du camionnage ne sont pas d’accord avec le message du convoi, d’autant plus que la rhétorique s’échauffe et que le mouvement s’attire le soutien de groupes marginaux.
Dennis Levesque, de London, en Ontario, est camionneur depuis huit ans. Il qualifie le convoi « d’embarras pour l’industrie » et affirme que les participants ne représentent qu’une « infime, infime proportion des chauffeurs. »
« Nous sommes une industrie qui se bat avec la façon dont nous sommes représentés dans les médias et la perception des camionneurs au départ « , a-t-il dit à CTVNews.ca au téléphone jeudi. « Je pense que quelque chose comme ça ne fait que renforcer les stéréotypes qui existent pour les camionneurs. Cela ne va rien faire pour nous aider à faire avancer l’industrie dans une meilleure direction. »
Mike Millian, président du Conseil canadien du camionnage privé, est également inquiet de la rhétorique qui se dégage du convoi. Il pense que le convoi s’est transformé au-delà du message initial, les extrémistes cherchant à se joindre au mouvement.
« Notre organisation est devenue très préoccupée par la rhétorique que nous avons entendue, par des remarques racistes comparant (le mandat) aux nazis et au communisme – des choses qui ne sont pas comparables à ce qui se passe actuellement », a-t-il déclaré mardi à la chaîne CTV News.
Depuis le 15 janvier, le gouvernement fédéral exige que tous les camionneurs et autres travailleurs essentiels traversant la frontière fournissent une preuve de vaccination afin d’éviter les exigences strictes de quarantaine. L’administration Biden exige également que tous les non-Américains, y compris les camionneurs, soient entièrement vaccinés pour pouvoir entrer aux États-Unis.
Plusieurs groupes de camionneurs ont également condamné les protestations. L’Alliance canadienne du camionnage affirme que près de 85 % des chauffeurs sont entièrement vaccinés. Juste avant le départ du convoi, le groupe a déclaré qu’il « désapprouve fermement toute manifestation sur les routes, autoroutes et ponts publics » et a également demandé à ses chauffeurs de ne pas y participer.
M. Millian affirme que des personnes et des groupes non impliqués dans l’industrie du camionnage ont « saisi » le mouvement. Il encourage également les chauffeurs participant au convoi à s’exprimer contre l’escalade de la rhétorique.
« Il y a beaucoup d’hommes et de femmes qui ont travaillé dur tout au long de cette pandémie pour que nos étagères soient remplies de fournitures essentielles là où vous en avez besoin, y compris certains qui seront dans ce convoi. Mais nous perdons notre message ici si nous sommes associés à ce genre de langage, et cela ternit l’image de l’ensemble de l’industrie », a-t-il déclaré.
M. Levesque, quant à lui, affirme qu’il est entièrement vacciné et qu’il soutient les mandats. Il note également que les camionneurs sont soumis à d’autres mandats gouvernementaux au Canada et aux États-Unis, tels que des examens médicaux réguliers pour s’assurer que les conducteurs sont aptes à conduire un camion.
« Le mandat est là pour faire vacciner les gens afin de sauver des vies. Nous savons que les personnes qui ne sont pas vaccinées courent davantage de risques de tomber gravement malades », a-t-il déclaré. « L’industrie n’est pas novice en matière de mandats gouvernementaux. Nous avons déjà toutes sortes de mandats gouvernementaux et d’exigences sanitaires. Cela n’en serait qu’un de plus ».