Le principal suspect de corruption dans l’UE passe un accord pour obtenir la clémence.
Le chef de file présumé d’un scandale de corruption de type « argent contre influence » dans l’Union européenne, lié au Qatar et au Maroc, a décidé de révéler des informations sur l’affaire en échange d’une peine plus légère, ont déclaré mardi les procureurs belges.
Pier Antonio Panzeri, qui a été inculpé le mois dernier pour corruption, blanchiment d’argent et appartenance à une organisation criminelle, et ses avocats ont signé un mémorandum dans lequel il se repent de ses actes, a indiqué le parquet fédéral dans un communiqué.
Selon un mandat d’arrêt belge émis à l’encontre de sa femme et de sa fille, qui vivent en Italie, Panzeri « est soupçonné d’être intervenu politiquement auprès de membres travaillant au Parlement européen au profit du Qatar et du Maroc » en échange d’un paiement. Les deux pays ont démenti ces allégations.
M. Panzeri, ancien député socialiste et démocrate au Parlement européen, a créé un groupe de campagne baptisé Fight Impunity, qui aurait servi de couverture à ce projet. Fight Impunity a participé à un certain nombre de conférences avec des parlementaires au cours des dernières années.
Dans le mémorandum créé en vertu d’un article juridique peu utilisé, Panzeri s’engage à dire aux enquêteurs comment le système a fonctionné, quels arrangements financiers ont été conclus avec d’autres pays, comment l’argent a été déplacé, qui était derrière le plan et ce qu’il avait à gagner, ainsi que les noms d’autres personnes qui pourraient être impliquées.
Le scandale a été porté à l’attention du public début décembre, après que la police a lancé plus de 20 raids, principalement en Belgique mais aussi en Italie. Des centaines de milliers d’euros ont été trouvés dans une maison et dans une valise dans un hôtel à Bruxelles. Des téléphones portables, du matériel informatique et des données ont été saisis.
L’accord juridique signifie qu' »une peine limitée est prévue pour Panzeri », ont déclaré les procureurs. « La peine comprend un emprisonnement, une amende et la confiscation de tous les biens acquis, actuellement estimés à un million d’euros (dollars) », a-t-il précisé.
Panzeri, son ancien assistant Francesco Giorgi, la législatrice grecque Eva Kaili et le responsable d’un groupe d’aide ont été placés en détention après les perquisitions. Ils sont soupçonnés d’être au cœur de l’un des plus gros scandales ayant touché le Parlement – la seule institution de l’UE élue par le public. Kaili et Girogi sont partenaires.
Les législateurs ont suspendu le travail sur tous les dossiers liés au Qatar après les arrestations et ont promis de renforcer les lois sur le lobbying et l’accès au Parlement.
Plus tôt dans la journée de mardi, les avocats de M. Panzeri se sont présentés au tribunal mais ont abandonné leur tentative d’obtenir sa libération avant son procès. L’un des membres de son équipe, Laurent Kennes, s’est plaint des fuites dans les médias qui, selon lui, nuisent à la cause de son client, mais il n’a donné aucun autre détail.
Lundi, une cour d’appel du nord de l’Italie a donné le feu vert pour que sa fille, Silvia Panzeri, soit transférée en Belgique dans le cadre de l’enquête sur la corruption surnommée « Qatargate ». Mais c’est la Cour de cassation, le plus haut tribunal pénal italien, qui aura le dernier mot pour décider si elle est effectivement envoyée en Belgique.
Les procureurs belges demandent également le transfert de sa femme, Maria Dolores Colleoni.
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Frances D’Emilio à Rome a contribué