Le présumé « cartel du bœuf » fait l’objet d’un recours collectif au Québec
Le cabinet d’avocats Belleau Lapointe mène un recours collectif contre plusieurs entreprises de transformation de la viande, accusées de conspirer pour restreindre la concurrence en matière de production, d’approvisionnement et de vente de viande bovine dans la province.
Les entreprises poursuivies sont Cargill (Cargill Meat Solutions, Cargill Ltd), JBS Food Company (Swift Beef Company, JBS Packerland, JBS Canada ULC), Tyson Foods (Tyson Fresh Meats) et National Beef Packing Company.
Sylvie De Bellefeuille, avocate d’Option consommateurs et principale plaignante, affirme que ces quatre entreprises « ont accepté de retarder l’abattage de leurs animaux, ce qui a obligé les producteurs à les vendre à perte ou au rabais ».
« Cela crée une pénurie sur le marché, ce qui a un effet à la hausse sur le prix », a-t-elle déclaré.
De Bellefeuille note qu’il y a aussi d’autres facteurs qui influencent la hausse des prix du bœuf, comme l’inflation.
« La pandémie peut avoir un large écho. Le cartel présumé aurait eu lieu à partir de 2015, c’est quelque chose qui a fait son temps », a-t-elle déclaré. « Nous, malheureusement, nous n’avons pas de chiffre à donner. On ne sait pas exactement quel montant aurait été artificiellement gonflé. »
Cargill a répondu au dépôt de la plainte par une déclaration, disant que « les revendications ne sont pas fondées. Nous nous battons vigoureusement sur le marché et menons des affaires éthiques, et nous sommes confiants dans nos efforts pour maintenir l’intégrité du marché au nom de nos clients et des consommateurs. »
Selon les documents déposés par Belleau Lapointe, les entreprises concurrentes contrôlent conjointement 85 pour cent du marché canadien et 80 pour cent du marché américain.
Sylvain Charlebois, chercheur en alimentation à l’Université Dalhousie, affirme que si la pandémie a entraîné toutes sortes de hausses de prix, il ne peut expliquer ce qui se passe avec le boeuf.
« Si vous regardez les deux premiers mois de 2022, les prix de la viande sont restés les mêmes, sauf pour le bœuf. Le prix du bœuf a augmenté de 8 % depuis janvier, ce qui est vraiment bizarre « , a-t-il déclaré.
Le recours collectif vise à obtenir un jugement qui ordonnerait le remboursement des revenus dus à l’inflation artificielle des prix au Québec, ce qui pourrait s’élever à plusieurs millions de dollars.
Toute personne qui a acheté du bœuf au Québec depuis le 1er janvier 2015 est considérée comme un membre du recours collectif.
La demande d’autorisation a été déposée devant la Cour supérieure du Québec le 24 mars 2022.
– Avec des fichiers de Rob Lurie de CTV News Montreal.