Le premier ministre italien va signer un accord gazier avec l’Algérie sur fond de guerre
Le premier ministre italien, Mario Draghi, se rend en Algérie lundi pour signer un accord portant sur du gaz naturel supplémentaire. Il s’agit de la dernière initiative d’un pays de l’Union européenne visant à acquérir des sources d’énergie alternatives afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie après l’invasion de l’Ukraine.
La Russie est le premier fournisseur de l’Italie, représentant 40% des importations totales, suivie par l’Algérie, qui fournit quelque 21 milliards de mètres cubes de gaz via le gazoduc transméditerranéen. Le nouvel accord ajouterait 9 milliards de mètres cubes de gaz supplémentaires en provenance d’Algérie, ce qui éclipserait de peu les 29 milliards de mètres cubes annuels de la Russie.
L’Europe tente de réduire rapidement sa dépendance aux importations de gaz naturel russe, les dirigeants reconnaissant que leurs paiements contribuent à financer la guerre de Moscou. Dans le même temps, on craint que la Russie ne ferme les robinets en représailles aux sanctions, une menace qui aurait des effets dévastateurs sur l’économie européenne. Le gaz naturel est utilisé pour produire de l’électricité, chauffer et refroidir les maisons, et alimenter l’industrie.
Le président russe Vladimir Poutine a déjà cherché à faire en sorte que les paiements de gaz soient effectués en roubles, dans le but apparent de renforcer la monnaie. Une faille permet aux pays de payer une banque russe désignée en dollars et en euros, comme le prévoient les contrats.
Le petit Etat balte de Lituanie, une ancienne république soviétique, s’est récemment entièrement coupé des importations de gaz russe, devenant ainsi le premier des 27 pays de l’Union européenne à utiliser le gaz russe pour rompre sa dépendance énergétique vis-à-vis de Moscou.
La Lituanie préparait cette décision depuis des années, et la tâche est plus difficile pour des puissances économiques comme l’Allemagne et l’Italie, qui ont obtenu la plupart de leur gaz naturel de la Russie.
L’UE prévoit de réduire de deux tiers les importations de gaz russe d’ici à la fin de l’année et de les éliminer avant 2030 grâce à des mesures telles que la conservation, le développement de l’énergie éolienne et solaire et les sources alternatives. Le bloc de 27 nations a conclu un accord avec les États-Unis pour recevoir davantage de cargaisons de gaz naturel liquéfié, ou GNL.
L’Allemagne, qui obtient environ 40 % de son gaz de la Russie, a annoncé son intention de construire rapidement deux terminaux GNL et a conclu un accord avec le Qatar pour l’approvisionnement en GNL. La Pologne est en train d’agrandir un terminal GNL pour recevoir des livraisons du Qatar, des États-Unis, de la Norvège et d’autres pays. Elle a réduit sa dépendance au pétrole russe grâce à des contrats avec l’Arabie saoudite, les États-Unis et la Norvège.
L’Allemagne et l’Italie font également pression pour obtenir plus d’énergie renouvelable.
L’accord entre l’Italie et l’Algérie est le premier résultat concret des missions du ministre italien des affaires étrangères dans les pays producteurs d’énergie afin de trouver des sources alternatives, y compris l’Azerbaïdjan, le Qatar, le Congo, l’Angola et le Mozambique.
Draghi voyage avec le ministre des affaires étrangères Luigi Di Maio, le ministre de la transition énergétique, Roberto Cingolani, et le PDG de la société énergétique italienne Eni, Claudio Descalzi.
Eni a annoncé une importante découverte de pétrole et de gaz en Algérie le mois dernier et a déclaré qu’elle travaillerait avec son partenaire algérien Sonatrach pour accélérer son développement pour le troisième trimestre de cette année. Eni opère en Algérie depuis plus de 40 ans.