Le parti d’extrême-droite français élit un nouveau leader
Jordan Bardella a été élu samedi pour remplacer Marine Le Pen à la présidence du principal parti d’extrême droite français, un changement symbolique de la garde qui intervient à un moment crucial pour le Rassemblement national en pleine résurgence.
Bardella, un jeune homme ambitieux de 27 ans et membre franc du Parlement européen, a remporté un vote interne au parti avec 85% de soutien, selon les résultats annoncés lors d’un congrès du parti à Paris. Il devient la première personne à diriger le parti anti-immigration qui ne porte pas le nom de Le Pen depuis sa fondation il y a un demi-siècle.
Le Rassemblement national cherche à tirer parti de sa percée aux élections législatives de cette année et du soutien croissant dont bénéficient les partis d’extrême droite ailleurs en Europe, notamment en Italie voisine. Il est également confronté à la colère de l’opinion publique suite à un commentaire raciste fait cette semaine par un membre du Rassemblement national au Parlement, qui a remis en question des années d’efforts pour adoucir l’image du parti.
Marine Le Pen a déclaré vouloir se concentrer sur la direction des 89 législateurs du parti à l’Assemblée nationale. On s’attend toujours à ce qu’elle exerce un pouvoir significatif à la tête du parti et qu’elle se représente à la présidence en 2027.
Bardella était le président par intérim du Rassemblement national depuis que Le Pen est entré dans la course à la présidence l’année dernière. Il a devancé son rival Louis Aliot, 53 ans, maire de Perpignan et haut responsable du Rassemblement national depuis deux décennies. Alliot, qui est un fervent partisan de l’ascension de Le Pen et un ancien partenaire romantique de celle-ci, a obtenu 15% des voix du parti.
Mme Le Pen a perdu face à Emmanuel Macron lors de sa troisième candidature à la présidence cette année, mais a obtenu 44 % des voix au niveau national, son meilleur score à ce jour. Deux mois plus tard, son parti a remporté son plus grand nombre de sièges à ce jour à la chambre basse du Parlement.
Mme Le Pen s’est donné beaucoup de mal pour effacer les stigmates du racisme et de l’antisémitisme qui collaient au parti d’extrême droite, pour adoucir son image et pour élargir son audience. Elle a notamment pris ses distances avec son père Jean-Marie Le Pen, aujourd’hui ostracisé, qui a cofondé le parti alors appelé Front national.
« Bardella fait partie d’une génération de jeunes, très jeunes, qui se sont engagés derrière Marine Le Pen dans les années 2010 et qui n’auraient probablement pas rejoint le Rassemblement national à l’époque de Jean-Marie Le Pen », a déclaré le politologue Jean-Yves Camus à l’Associated Press.
Bardella soutient la ligne anti-immigration et protectionniste du parti.
« Le progrès aujourd’hui s’appelle le localisme. Cela s’appelle défendre les frontières. Cela s’appelle le protectionnisme », a-t-il déclaré à l’AP en 2019, avant les élections européennes, rejetant ce qu’il appelle « l’immigration massive. »
D’autre part, Aliot, vice-président du parti, a fait valoir que le Rassemblement national doit se remodeler pour se rendre plus acceptable pour la droite classique.
Selon Camus, le vote du parti ne remettra pas en cause le leadership de Le Pen.
« Le premier impact de cette élection est que Le Pen n’aura pas à s’occuper du parti et pourra se concentrer sur la chose la plus importante, diriger les législateurs du parti à l’Assemblée nationale », a-t-il expliqué.
Depuis quelques mois, 40.000 membres du parti ont voté en ligne pour élire le nouveau chef du parti.
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Elaine Ganley a contribué à ce rapport.