Le nouveau plan d’émissions qui sera présenté cette semaine est plus précis que jamais, selon Guilbeault.
OTTAWA — Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, montrera aux Canadiens cette semaine combien d’émissions de gaz à effet de serre chaque secteur polluant du pays devra réduire si le Canada veut atteindre son dernier objectif climatique d’ici la fin de la décennie.
Mais le mois prochain, le rapport annuel sur les émissions du Canada devrait montrer qu’en 2020, le Canada a dépassé un objectif d’émissions pour au moins la septième fois en deux décennies.
Guilbeault a déclaré dans une interview que le plan de réduction des émissions qui sera présenté mardi sera différent.
« Les gens verront quelque chose qu’ils n’ont jamais vu auparavant », a-t-il déclaré. « Nous allons montrer des projections par secteurs. Cela n’a jamais été fait ».
Le plan est une exigence de la loi sur la responsabilité nette zéro des libéraux, adoptée l’année dernière. M. Guilbeault affirme qu’il sera très précis, qu’il montrera le chemin parcouru par chaque secteur en matière d’émissions, le chemin qu’il devrait encore parcourir avec les politiques en cours, et ce qu’il faudra encore faire pour que le Canada atteigne enfin son objectif en matière d’émissions en 2030.
« Nous n’avons jamais atteint les objectifs parce que nous n’avons jamais eu de plan », a-t-il déclaré. « Maintenant, pour la première fois, non seulement nous avons un plan, mais nous avons l’obligation légale de présenter ce plan aux parlementaires et aux Canadiens. »
En réalité, le Canada a eu de nombreux plans — au moins 11 sans compter les programmes électoraux — et il a fixé neuf objectifs différents pour réduire les émissions. Il n’a pas atteint tous ses objectifs, sauf les deux derniers, qui n’arrivent qu’en 2030.
Aucun des plans n’a montré la voie à suivre pour se rendre jusqu’à leur zone cible. Celui-ci, selon M. Guilbeault, le fera.
Le premier objectif du Canada a été fixé en 1988 par Brian Mulroney, alors premier ministre, lors d’une conférence sur le climat et la sécurité mondiale à Toronto. Il a promis de réduire les gaz à effet de serre de 20 pour cent par rapport aux niveaux de 1988 avant 2005.
Le Canada aurait respecté cet engagement si les émissions en 2005 avaient été de 470 millions de tonnes. Elles étaient de 739 millions de tonnes.
En 1995, le gouvernement libéral du Premier ministre Jean Chrétien a présenté un Programme d’action national sur le changement climatique, promettant de réduire les émissions annuelles de 66 millions de tonnes d’ici 2010. Au lieu de cela, les émissions ont augmenté de 47 millions de tonnes au cours de cette période de 15 ans.
Le Canada était tellement loin de son objectif dans le cadre de l’accord de Kyoto de 1997 que le gouvernement de Stephen Harper l’a officiellement abandonné un an plus tôt. Les conservateurs ont finalement manqué l’accord de Kyoto de plus de 150 millions de tonnes.
Plus tard, Harper visera des émissions de 613 millions de tonnes d’ici 2020.
Les rapports d’inventaire nationaux sur les émissions ont toujours deux ans de retard, et le rapport de 2020 sera remis le mois prochain. Mais le rapport de 2019 a montré que les émissions s’élevaient à 730 millions de tonnes, et même si la pandémie immobilise temporairement le monde, réduire de plus de 100 millions de tonnes en un an est un défi.
Guilbeault a déclaré qu’il y aura une bonne surprise dans ce rapport, avec une mise à jour de la science sur la façon de comptabiliser correctement les émissions montrant que le Canada a fait mieux qu’il ne le pensait pour réduire les émissions.
L’objectif actuel du Canada est de réduire les émissions d’ici 2030 à 55 à 60 pour cent de ce qu’elles étaient en 2005. Cela nécessitera une réduction d’environ 300 millions de tonnes par an par rapport aux niveaux actuels.
C’est à peu près ce que tous les véhicules de tourisme du Canada émettent en trois ans, ou ce qu’une voiture de tourisme émettrait si elle parcourait 152 millions de fois la route transcanadienne.
« C’est un énorme défi « , a déclaré M. Guilbeault.
Le nouveau plan de réduction des émissions établira des projections par secteur, y compris le pétrole et le gaz, la production d’électricité, le transport, les déchets et l’agriculture.
Il comprendra des promesses d’investissement dans les énergies alternatives, notamment le biogaz et l’hydrogène, et l’affirmation de la nécessité d’utiliser l’énergie nucléaire. Et malgré la forte opposition d’un large éventail d’écologistes canadiens, le plan ne reculera pas devant la capture, l’utilisation et le stockage du carbone.
La projection pour le secteur pétrolier et gazier, insiste M. Guilbeault, n’est pas le plafond sur les émissions de pétrole et de gaz que les libéraux ont promis l’automne dernier. Les libéraux mènent toujours des consultations sur ce plafond, qui, selon lui, sera éclairé par l’analyse du PRE, mais non dicté par elle.
« Ce n’est pas le plafond parce que nous travaillons encore sur le plafond ».
Ce rapport de la Presse canadienne a été publié pour la première fois le 28 mars 2022.