Le nouveau plan climatique du Canada comprend un calendrier plus strict pour déplacer les ventes de véhicules vers des modèles électriques
OTTAWA – Le Premier ministre Justin Trudeau a déclaré mardi à l’industrie pétrolière canadienne qu’elle devrait utiliser l’augmentation massive des bénéfices résultant de la flambée actuelle des prix pour financer une transition visant à réduire ses émissions.
Le gouvernement fédéral a dévoilé son nouveau plan de réduction des émissions pour atteindre ses nouveaux objectifs en matière de gaz à effet de serre d’ici 2030. Il prévoit que l’industrie pétrolière et gazière doit réduire ses émissions de 42 % par rapport aux niveaux actuels si le Canada veut atteindre ses nouveaux objectifs.
S’exprimant lors de la conférence sur la durabilité du Globe Forum à Vancouver, Trudeau a déclaré qu’il s’agissait d’une « contribution claire et raisonnable » pour le secteur et que l’argent était là pour que cela soit fait.
« Avec des bénéfices records, c’est le moment pour le secteur pétrolier et gazier d’investir dans un avenir durable qui sera bon pour les affaires, bon pour les communautés et bon pour notre avenir », a déclaré Trudeau.
« Les grands lobbys pétroliers ont passé leur temps sur le terrain. Maintenant, c’est au tour des travailleurs et des ingénieurs de construire des solutions. »
Le plan d’émissions, qui a été déposé à la Chambre des communes mardi, est une exigence législative en vertu de la loi sur les émissions nettes nulles que le gouvernement a adoptée l’année dernière. Des examens et des mises à jour répétés sont nécessaires à mesure que le Canada se rapproche de l’échéance cible de 2030.
Le plan utilise une modélisation économique et des émissions pour évaluer les projets les plus abordables et réalisables en ce qui concerne l’objectif du Canada de réduire les émissions d’ici 2030 à un maximum de 60 % de ce qu’elles étaient en 2005.
L’inventaire des émissions le plus récent date de 2019. Il montre que le Canada a produit 730 millions de tonnes de dioxyde de carbone, ou son équivalent dans d’autres gaz à effet de serre comme le méthane et l’oxyde nitreux.
Le Canada doit atteindre entre 407 millions de tonnes et 443 millions de tonnes pour atteindre l’objectif actuel.
Le secteur pétrolier et gazier représente la plus grande part de l’empreinte carbone du Canada, avec 26 % des émissions totales. Les émissions de pétrole et de gaz ont augmenté de 20 % depuis 2005.
Le rapport prévoit que les émissions du secteur pétrolier et gazier – y compris la production, le raffinage et le transport par pipelines – pourraient atteindre 110 millions de tonnes d’ici 2030, contre 191 millions de tonnes en 2019.
« Nous établissons une contribution claire et raisonnable que le secteur doit apporter, afin que nous puissions faire avancer les travaux sur notre engagement à plafonner et réduire les émissions », a déclaré Trudeau.
« S’il y a un secteur pétrolier et gazier dans le monde qui peut le faire, c’est bien le Canada. S’il y a une main-d’œuvre dans le monde qui peut conduire ce changement, ce sont les Canadiens.
Le ministre de l’Environnement, Steven Guilbeault, insiste sur le fait qu’il ne s’agit pas du plafond des émissions de pétrole et de gaz promis par les libéraux dans le cadre de la plateforme électorale de l’automne. Le gouvernement mène actuellement des consultations à ce sujet, mais il dit que l’analyse utilisée dans ce plan indiquera comment ce plafond est fixé.
La projection pétrolière et gazière n’est pas assez bonne pour plusieurs organisations environnementales, qui affirment que l’objectif global du Canada n’est toujours pas assez ambitieux et que, dans cet objectif, le secteur pétrolier et gazier ne tire pas son poids.
Si le secteur réduisait ses émissions à 40 à 45 % de ce qu’elles étaient en 2005, son objectif serait de 88 à 96 millions de tonnes, et non de 110, soit 50 à 53 % de moins que les émissions actuelles.
« La lutte contre les changements climatiques doit être un effort d’équipe, mais le plan publié aujourd’hui montre que certains joueurs sont encore assis sur le banc », a déclaré Caroline Brouillette, gestionnaire des politiques nationales au Climate Action Network — Canada.
Atiya Jaffar, responsable numérique au Canada chez 350.org, a déclaré que le plan ne suit pas la science et que l’objectif des combustibles fossiles est « effroyablement bas et loin d’être proche de la juste part de l’industrie des combustibles fossiles ».
Le plan comprend 9 milliards de dollars de nouvelles dépenses, principalement pour étendre les programmes existants de subventions et de prêts pour l’action climatique, dont 1,7 milliard de dollars supplémentaires pour les remises sur les véhicules électriques. Plus de détails sur les nouvelles dépenses sont attendus dans le prochain budget fédéral lorsqu’il sera déposé plus tard ce printemps.
Le plan promet également un calendrier plus strict pour déplacer les ventes de véhicules canadiens vers des modèles électriques, exigeant qu’un nouveau véhicule de tourisme sur cinq soit alimenté par batterie d’ici 2026, 60 % d’ici 2030 et 100 % d’ici 2035.
L’objectif actuel fixé en mai dernier stipule que la moitié de tous les véhicules neufs vendus doivent être électriques d’ici 2030 et 100 % en 2035.
Guilbeault a déclaré qu’il faudra un peu plus de temps aux transports pour rattraper les autres secteurs en matière de réduction des émissions. Le transport représente un quart de toutes les émissions et son empreinte carbone a augmenté de 16 % au cours des 17 dernières années.
Le rapport indique que d’ici 2030, le secteur devrait être en mesure de réduire ses émissions de 23 % par rapport aux niveaux actuels.
« Nous faisons des progrès d’ici 2030 », a déclaré Guilbeault. « Mais il y aura encore plus de progrès à venir entre 2030 et 2035. »
Le gouvernement visera également à ce qu’un tiers des véhicules moyens et lourds vendus soient électriques d’ici 2030 et 100 % d’ici 2040.
Le rapport prévoit que les émissions provenant des déchets, y compris les décharges, peuvent être réduites de 43 % d’ici 2030, l’électricité de 77 %, l’industrie lourde de 32 % et les émissions des bâtiments de 42 %.
Ce rapport de La Presse canadienne a été publié pour la première fois le 29 mars 2022.