Le juge haïtien chargé de l’enquête sur le meurtre du président démissionne
PORT-AU-PRINCE — Le juge haïtien chargé de l’enquête sur l’assassinat du président Jovenel Moise en juillet dernier a annoncé dans une lettre vendredi qu’il se retirait de l’affaire, aggravant le désarroi dans l’enquête en cours sur ce crime éhonté.
Garry Orelien a été désigné en août comme juge d’instruction dans cette affaire. Son mandat a pris fin en décembre, et il a déclaré que sa demande de prolongation avait été rejetée.
Orelien a déclaré qu’il renonçait à l’enquête « autour des faits de l’assassinat du Président de la République Jovenel Moise, ceci pour des raisons personnelles », selon une copie de la lettre vue par Reuters. Orelien a confirmé dans une interview téléphonique avoir écrit la lettre et a refusé tout autre commentaire.
Son enquête n’a pas abouti à l’inculpation de l’un des dizaines de suspects arrêtés par la police haïtienne. Dans une interview cette semaine, Orelien a attribué le manque de progrès au soutien inadéquat d’autres institutions haïtiennes.
Moise a été tué le 7 juillet lorsque des hommes armés ont pris d’assaut son domicile. Un rapport de la police haïtienne en août a conclu qu’un médecin haïtiano-américain peu connu a engagé un groupe d’anciens soldats colombiens pour tuer le président et prendre le pouvoir.
Les prochaines étapes de l’enquête haïtienne n’étaient pas claires. Mais les États-Unis ont pris un rôle croissant dans l’enquête sur le crime.
Bernard Saint-Vil, chef du tribunal de Port-au-Prince qui a confié l’enquête à Orelien, a déclaré mardi dans une interview à une station de radio locale qu’Orelien n’était plus en fonction parce qu’il n’avait pas terminé son enquête à temps.
Orelien avait initialement insisté sur le fait qu’il resterait sur l’affaire. Saint-Vil n’a pas répondu aux demandes de commentaires.
Le meurtre de Moise a aggravé la situation politique et sécuritaire précaire d’Haïti, encourageant les gangs à étendre leur territoire et à intensifier les enlèvements – y compris l’enlèvement pendant deux mois d’un groupe de missionnaires canadiens et américains.
Reportage de Gessika Thomas à Port-au-Prince et de Brian Ellsworth à Miami ; Montage de Cynthia Osterman.