Le FMI réduit ses prévisions de croissance mondiale ; le Canada à 3,9 pour cent en 2022
Le Fonds monétaire international a revu à la baisse mardi les perspectives de l’économie mondiale pour cette année et l’année prochaine, reprochant à la guerre de la Russie en Ukraine de perturber le commerce mondial, de faire grimper les prix du pétrole, de menacer les approvisionnements alimentaires et d’accroître l’incertitude déjà accentuée par le coronavirus et ses variantes.
Le prêteur, qui regroupe 190 pays, a réduit ses prévisions de croissance mondiale à 3,6 % cette année, ce qui représente une forte baisse par rapport aux 6,1 % de l’année dernière et aux 4,4 % de croissance qu’il prévoyait pour 2022 en janvier. Il a également indiqué qu’il s’attendait à ce que l’économie mondiale progresse à nouveau de 3,6 % l’année prochaine, soit un peu moins que les 3,8 % prévus en janvier.
Le FMI s’attend à ce que l’économie canadienne connaisse une croissance de 3,9 % cette année, en baisse par rapport aux 4,1 % prévus en janvier, et de 4,6 % en 2021. La croissance en 2023 reste inchangée à 2,8 %.
La guerre – et l’assombrissement des perspectives – est survenue au moment où l’économie mondiale semblait se débarrasser de l’impact de la variante omicron hautement infectieuse.
« La guerre va ralentir la croissance économique et augmenter l’inflation », a déclaré mardi à la presse Pierre-Olivier Gourinchas, économiste en chef du FMI.
Aujourd’hui, le FMI s’attend à ce que l’économie de la Russie – malmenée par les sanctions – se contracte de 8,5% cette année et celle de l’Ukraine de 35%.
La croissance économique des États-Unis devrait tomber à 3,7 % cette année, contre 5,7 % en 2021, ce qui avait été la croissance la plus rapide depuis 1984. La nouvelle prévision marque une baisse par rapport aux 4 % que le FMI avait prévus au début de l’année. Les hausses des taux d’intérêt de la Réserve fédérale, destinées à combattre la résurgence de l’inflation, et le ralentissement économique des principaux partenaires commerciaux des États-Unis entraveront la croissance américaine cette année.
L’Europe, fortement dépendante de l’énergie russe, supportera l’essentiel des retombées économiques de la guerre Russie-Ukraine. Pour les 19 pays qui partagent la monnaie européenne, le FMI prévoit une croissance collective de 2,8 % en 2022, soit une forte baisse par rapport aux 3,9 % prévus en janvier et aux 5,3 % de l’année dernière.
Le FMI s’attend à ce que la croissance de l’économie chinoise, la deuxième du monde, décélère à 4,4 % cette année, contre 8,1 % en 2021. La stratégie « zéro COVID » de Pékin a entraîné des fermetures draconiennes dans les villes commerciales animées comme Shanghai et Shenzhen.
Certains pays exportateurs de produits de base, bénéficiant de la hausse des prix des matières premières, devraient défier la tendance au ralentissement de la croissance. Par exemple, le FMI a relevé ses prévisions de croissance pour le Nigeria, producteur de pétrole, à 3,4 % cette année, contre 2,7 % prévus en janvier.
L’économie mondiale a rebondi avec une force surprenante après la brève mais brutale récession due au coronavirus de 2020. Mais ce rebond a présenté ses propres problèmes : Prises par surprise, les entreprises se sont démenées pour répondre à un afflux de commandes de clients, qui ont submergé les usines, les ports et les cours de marchandises. Résultat : de longs délais d’expédition et des prix plus élevés.
Le FMI prévoit un bond de 5,7 % des prix à la consommation dans les économies avancées du monde cette année, le plus important depuis 1984. Aux États-Unis, l’inflation est à son plus haut niveau depuis quatre décennies.
Les banques centrales augmentent les taux d’intérêt pour contrer la hausse des prix, une mesure qui pourrait étouffer la croissance économique. En faisant grimper les prix du pétrole, du gaz naturel et d’autres matières premières, la guerre entre la Russie et l’Ukraine a rendu encore plus délicate leur tâche de combattre l’inflation tout en préservant la reprise économique.
Le conflit a également « déclenché la plus grande crise de réfugiés en Europe depuis la Seconde Guerre mondiale », note le FMI, et a réduit les approvisionnements et augmenté les prix des engrais et des céréales produits en Russie et en Ukraine, menaçant la sécurité alimentaire en Afrique et au Moyen-Orient. Dans un discours prononcé la semaine dernière, la directrice générale du FMI, Kristalina Georgieva, a mis en garde contre la menace de « plus de faim, plus de pauvreté et plus de troubles sociaux. »
Le FMI a souligné l’incertitude qui entoure ses prévisions et la difficulté pour les gouvernements et les banques centrales de tenter de s’adapter à des circonstances qui évoluent rapidement. « La guerre peut s’aggraver. Les sanctions peuvent se renforcer. Le COVID peut à nouveau errer dans le monde », a déclaré Mme Georgieva mardi. « Pour les décideurs politiques – une période difficile ».