Lametti exhorte les sénateurs à adopter un projet de loi sur les peines minimales obligatoires
Le ministre de la Justice, David Lametti, a exhorté mercredi les sénateurs à adopter le projet de loi du gouvernement libéral sur les peines minimales obligatoires, affirmant que le projet de loi viserait la surreprésentation des Noirs et des Autochtones dans le système de justice pénale.
Vingt peines minimales obligatoires seraient supprimées du Code pénal si le projet de loi est adopté, a déclaré M. Lametti lors d’une audience du comité des affaires juridiques et constitutionnelles du Sénat. Elles ont été choisies en raison de leur impact exagéré, a-t-il dit.
« Nous avons choisi des peines minimales obligatoires qui ont actuellement un impact sur les communautés indigènes, les communautés noires, les communautés racialisées », a-t-il déclaré.
Le projet de loi C-5, qui a franchi l’étape de la troisième lecture à la Chambre des communes en juin, modifierait le Code criminel afin de supprimer les peines d’emprisonnement minimales obligatoires pour toutes les condamnations liées à la drogue et pour certaines infractions liées aux armes à feu et au tabac.
Si le Sénat adopte le projet de loi et qu’il devient loi, les procureurs seront également tenus d’envisager de diriger les défendeurs vers des programmes de traitement ou d’autres services de soutien au lieu de les inculper pour de simples infractions de possession de drogue.
M. Lametti a fait valoir que ces changements, qui reviennent sur les mesures de lutte contre la criminalité adoptées par l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper, permettraient de réduire la charge de travail des tribunaux.
Mais certains sénateurs, dont la conservatrice de la Saskatchewan Denise Batters, ont fait valoir que M. Lametti n’a pas le soutien du public pour faire adopter le projet de loi. « Les Canadiens ne sont plus d’accord avec l’approche de la criminalité douce qui est incarnée par ce projet de loi », a-t-elle déclaré.
Lametti a déclaré aux sénateurs, lors d’une audience du comité, qu’il était conscient des critiques selon lesquelles la loi était « douce pour le crime », mais il a déclaré que les crimes graves continueraient à avoir des conséquences graves.
« Il semble qu’il y ait une présomption selon laquelle tout le monde reçoit la peine minimale obligatoire », a-t-il déclaré lors d’une interview après l’audition de la commission.
En fait, a-t-il dit, les juges prononcent souvent des peines plus sévères que les peines minimales obligatoires, et le gouvernement libéral s’apprête à augmenter les peines maximales pour certaines infractions liées aux armes à feu et aux gangs en vertu d’un autre projet de loi axé sur les armes à feu, le projet de loi C-21.
D’autres sénateurs ont demandé pourquoi seules certaines peines minimales obligatoires étaient abrogées.
« Il s’agit d’une première étape très importante « , a déclaré M. Lametti. « C’est une mesure que les Canadiens seront en mesure de comprendre, et ensuite nous pourrons recueillir plus de données, aller de l’avant et voir quelles devraient être les prochaines étapes. »
Si le projet de loi passe le Sénat et devient loi, ce sera la première réforme majeure des libéraux sur le dossier après avoir promis de revoir les peines minimales obligatoires en 2015.
Il entraînerait également des changements majeurs dans la façon dont les dossiers de possession de drogue sont traités au Canada.
Grâce à un amendement du NPD au projet de loi, les casiers judiciaires existants associés à des accusations de possession simple disparaîtraient dans les deux ans, et les casiers créés par de nouvelles condamnations seraient effacés deux ans après la fin de la peine.
Une version précédente de la même législation, le projet de loi C-22, a été présentée en février 2021 mais est morte au feuilleton lors du déclenchement des élections fédérales de l’automne dernier.
Le comité sénatorial devrait terminer son étude du projet de loi au cours de l’automne.
Ce rapport de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 21 septembre 2022.