L’Allemand Scholz s’envole pour l’Ukraine alors que les craintes d’une invasion russe s’intensifient.
BERLIN — Le chancelier allemand Olaf Scholz s’envole lundi pour Kiev afin de rencontrer le président ukrainien Volodymyr Zelenskiy dans le but de faire preuve de solidarité et de contribuer à éviter une guerre en Europe, suite aux avertissements selon lesquels une invasion russe pourrait être imminente.
Ce voyage s’inscrit dans le cadre d’une série d’efforts diplomatiques visant à désamorcer la crise par le dialogue et la menace de sanctions contre la Russie si elle envahit l’Ukraine. Mardi, Scholz s’envolera pour Moscou afin de rencontrer le président russe Vladimir Poutine.
Le chancelier, qui a pris ses fonctions en décembre, a intensifié son engagement dans la crise ukrainienne au cours de la semaine dernière après que des critiques l’aient accusé de manquer de leadership dans l’une des pires crises sécuritaires que l’Europe ait connues depuis des décennies et d’envoyer des signaux contradictoires.
« (Ces voyages ont pour but de trouver un moyen d’assurer la paix en Europe », a déclaré M. Scholz aux journalistes dimanche, affirmant que l’augmentation des effectifs russes d’environ 100 000 soldats à la frontière de l’Ukraine représentait une « menace très, très sérieuse » pour celle-ci.
Moscou nie avoir l’intention d’envahir l’Ukraine, mais déclare qu’elle pourrait prendre des mesures « militaro-techniques » non précisées si une série de demandes n’étaient pas satisfaites, notamment la promesse de l’OTAN de ne jamais admettre l’Ukraine et de retirer ses forces d’Europe orientale.
Une source gouvernementale allemande a déclaré dimanche que Scholz et Zelenskiy évalueraient leur position après les discussions du « Format Normandie » la semaine dernière entre les représentants de l’Ukraine, de la Russie, de la France et de l’Allemagne, et comment ils pourraient faire avancer le dialogue.
Un moratoire sur l’éligibilité de l’Ukraine à l’adhésion à l’OTAN n’est pas sur la table pour l’Allemagne, a déclaré la source.
UN ACCUEIL GLACIAL ?
L’Ukraine peut compter sur la solidarité de l’Allemagne, notamment par le biais d’une aide financière destinée à stabiliser son économie, a déclaré M. Scholz dimanche. Il pourrait avoir du mal à convaincre les Ukrainiens qu’il est sincère.
Les responsables ukrainiens ont publiquement critiqué l’Allemagne pour son refus de vendre des armes à Kiev – Berlin soutient qu’elle ne peut pas le faire en raison de son histoire sanglante du 20e siècle – et pour sa réticence à mettre fin à un projet controversé de gazoduc russo-allemand.
L’Ukraine ainsi que les alliés occidentaux affirment que le gazoduc Nord Stream 2, qui est construit mais pas encore opérationnel, permettrait à la Russie de couper l’Ukraine de l’approvisionnement énergétique de l’Europe et la rendrait plus vulnérable à une invasion russe.
Ces dernières semaines, M. Scholz a durci son discours sur le coût pour la Russie de toute nouvelle attaque contre l’Ukraine, affirmant que tout serait sur la table. Mais il n’a pas juré de mettre fin à Nord Stream 2 ni même de le nommer dans le cadre des sanctions.
(Reportage d’Andreas Rinke et Sarah Marsh ; édition d’Angus MacSwan)