La Russie lance des enquêtes criminelles sur les critiques du Kremlin
Les autorités russes ont annoncé lundi l’ouverture d’enquêtes criminelles parallèles à l’encontre d’un acteur célèbre qui critique la guerre en Ukraine et d’un philanthrope qui soutient l’opposition russe. Il s’agit de la dernière mesure en date dans le cadre d’une vaste répression de la dissidence qui dure depuis des mois.
Le Comité d’enquête russe a déclaré dans un communiqué que son chef, Alexander Bastrykin, a ordonné l’ouverture d’une procédure pénale contre Artur Smolyaninov, un célèbre acteur de cinéma et de théâtre russe qui a quitté le pays après l’invasion de l’Ukraine par les forces de Moscou et qui s’est exprimé à plusieurs reprises contre la guerre.
Selon le communiqué, Smolyaninov « a fait une série de déclarations dirigées contre la Russie dans une interview accordée à un média occidental. » Le comité d’enquête n’a pas précisé quelles actions de Smolyaninov constituaient une infraction pénale et quelles charges il allait retenir contre lui.
L’interview la plus récente de Smolyaninov, la semaine dernière, a suscité l’indignation des partisans du Kremlin. L’acteur a déclaré à l’Europe Novaya Gazeta que s’il devait se battre dans la guerre, il se battrait « du côté de l’Ukraine ». « Pour moi, c’est du côté de mes frères qui ont été attaqués par mes autres frères », a déclaré Smolyaninov.
Le porte-parole du Kremlin, Dmitri Peskov, a salué lundi l’ouverture d’une enquête contre Smolyaninov, notant qu’il est « important que nos organes (d’application de la loi) compétents réfléchissent à ces remarques. »
L’enquête contre Smolyaninov intervient dans un contexte de rhétorique de plus en plus dure sur les Russes qui ont quitté le pays à cause de la guerre. Des législateurs ont suggéré de saisir les biens de ceux qui sont partis à l’étranger, ou d’augmenter les impôts de ceux qui continuent à travailler à distance pour des entreprises russes. D’autres les ont simplement condamnés comme des « traîtres ».
Par ailleurs, le ministère russe de l’Intérieur a placé l’éminent philanthrope Boris Zimin sur une liste internationale des personnes les plus recherchées pour fraude, ont déclaré des responsables lundi. Zimin a financé plusieurs médias indépendants russes ainsi que des projets du leader de l’opposition emprisonné Alexei Navalny. Il aurait quitté la Russie en 2015.
Navalny, l’ennemi le plus farouche du Kremlin, a déclaré que c’est Zimin qui a payé 79 000 euros pour son évacuation médicale à Berlin en août 2020, lorsque l’homme politique a été empoisonné avec un agent neurotoxique et gisait dans le coma dans la ville sibérienne d’Omsk.