La réalisatrice Kelly Fyffe-Marshall fait forte impression avec le court métrage « Black Bodies ».
Kelly Fyffe-Marshall se qualifie de « cinéaste d’impact » car ses courts métrages et son premier long métrage à venir sont créés dans le but de faire la lumière sur des histoires méconnues. « Faites des vagues là où vous êtes » est le conseil que la scénariste et réalisatrice de Brampton, en Ontario, donne à quiconque lui demande conseil.
Ses courts métrages « Haven », « Black White Blue » et « Black Bodies » – qui ont été projetés au Festival international du film de Toronto, à SXSW et à Sundance – abordent les agressions sexuelles subies par les enfants, la brutalité policière et le racisme anti-Noir à travers un objectif viscéral mais souvent poétique.
« Black Bodies » était l’un des six projets canadiens présentés au festival de Sundance cette année, sur un total de 118 films. En février, Mme Fyffe-Marshall a tweeté au sujet du désintérêt relatif des médias canadiens pour le film, un tweet qui a attiré l’attention de la réalisatrice et productrice américaine Ava DuVernay. Ce tweet a attiré l’attention de la réalisatrice et productrice américaine Ava DuVernay. Après qu’elle l’ait reposté, le tweet est devenu viral et Fyffe-Marshall a été invité à parler à de nombreux médias canadiens.
« J’ai dit à tous les interviewers qu’ils prouvaient que ce que je disais était correct. J’ai obtenu la cosignature américaine et maintenant on me demande de parler de mon film. »
« Black Bodies » est une interprétation métaphorique d’une expérience que Fyffe-Marshall a vécue en 2018 à San Bernardino, en Californie. Elle et des amis ont loué un Airbnb pour assister au Kaya Fest, le festival annuel de la famille Marley. Le dernier jour, alors qu’ils chargeaient la voiture de bagages, sept voitures de police et un hélicoptère les ont envahis.
Une vieille femme blanche a appelé les flics parce qu’elle pensait qu’ils étaient en train d’entrer par effraction. « Elle a appelé la police sur nous parce que nous étions des Noirs dans ce quartier. »
Fyffe-Marshall a écrit « Black Bodies » immédiatement après l’incident traumatisant. Elle guérit souvent à travers ses films. « C’est définitivement une façon pour moi de faire sortir les choses. Je me suis rendu compte que je commence beaucoup de mes films, non pas avec des idées, mais avec des émotions », a-t-elle déclaré. Quelque chose se passe et je me dis : « Ce serait intéressant d’écrire un film autour de ça ». »
Elle travaille avec la productrice Tamar Bird et le directeur de la photographie Jordan Oram depuis leur rencontre en tant qu’assistants de production sur le même plateau il y a huit ans. Leur prochaine aventure ensemble est une série de longs métrages, When Morning Comes et Summer Of The Gun.
Le premier est une histoire d’immigration d’un jeune garçon originaire de la Jamaïque. Dans le second, le même protagoniste est impliqué dans les événements de l’été 2005 à Toronto, qui a été marqué par la violence armée. Ces deux histoires sont profondément locales, mais d’un genre que l’industrie cinématographique canadienne n’a pas toujours été prête à accueillir.
Depuis dix ans qu’elle travaille dans ce secteur, Mme Fyffe-Marshall a surtout travaillé sur des productions américaines. Elle attribue cela au fait qu’il est très difficile d’obtenir des fonds pour les projets canadiens.
« Nous sommes très dépendants des subventions ici, donc tous nos films passent par des gardiens », dit-elle. « L’infrastructure du cinéma canadien fait que nous sommes progressivement devenus cette machine de service pour la production cinématographique américaine. Il n’y a pas de soutien ici pour que les créatifs canadiens puissent s’épanouir et construire leur carrière ici. »
Plus tôt dans sa carrière, des mentors ont averti Fyffe-Marshall que si elle restait au Canada, elle deviendrait une martyre. « Je leur ai dit que je serai celle qui restera ici, car si nous continuons à partir, le problème va continuer. Ce que nous essayons de faire, c’est de trouver comment ne pas entraver nos propres carrières et aussi créer une nouvelle trajectoire pour ceux qui arrivent derrière nous. »