La marine canadienne doit recruter 1 000 marins pour équiper les nouveaux navires de guerre : Commandant
OTTAWA — Le commandant de la Marine royale du Canada tire la sonnette d’alarme quant à la pénurie de marins, affirmant qu’il a besoin d’environ 1 000 marins supplémentaires pour former l’équipage des navires de guerre canadiens.
Le Vice-amiral Craig Baines a déclaré en entrevue à la Presse canadienne que la Marine a pu se contenter de ses effectifs actuels, mais seulement parce qu’elle a retiré trois destroyers et deux navires de soutien qui n’ont pas encore été remplacés.
« Nous avons mis hors service cinq navires au cours des sept ou huit dernières années, ce qui représente un total de seulement 1 000 personnes », a-t-il dit. « Nous avons donc été en mesure d’atténuer quelque peu le stress lié au fait qu’il nous manque 1 000 personnes. »
Pourtant, la marine a déjà mis en service un nouveau navire de patrouille extracôtier de l’Arctique dans le cadre de l’effort de plusieurs milliards de dollars du gouvernement fédéral pour remplacer la quasi-totalité des flottes vieillissantes de la garde côtière et de la marine du Canada.
Et comme d’autres navires doivent arriver dans les années à venir, M. Baines a déclaré que le temps presse pour renforcer les rangs de la marine et former les nouveaux marins afin qu’ils soient prêts à servir avant l’arrivée des navires.
« Comme nous commençons à introduire les nouveaux (navires), nous savons que nous devons résoudre ce problème », a-t-il déclaré. [La marine n’est pas la seule partie des Forces armées canadiennes à faire face à une pénurie de personnel, le recrutement global ayant chuté de façon spectaculaire pendant la pandémie de COVID-19 et de nombreuses écoles de formation ayant fermé ou fonctionnant à des taux réduits. [Les responsables des Forces canadiennes ont déclaré plus tôt cette année qu’il leur manquait environ 10 000 membres de la force régulière et de la réserve, ce qui représente environ 10 % de l’effectif total de l’armée.
Ce manque à gagner est survenu en dépit d’une augmentation des pressions exercées sur les militaires, qui ont été appelés à intervenir dans le cadre de nombreuses catastrophes naturelles et du COVID-19 au Canada, tout en continuant à mener des opérations dans le monde entier.
Au cours de la dernière année, la marine a déployé des navires dans la région de l’Asie-Pacifique, en Europe et dans les Caraïbes, tandis que le nouveau navire de patrouille de l’Arctique a fait le tour de l’Amérique du Nord, empruntant à la fois le passage du Nord-Ouest et le canal de Panama.
Pourtant, la Marine a eu beaucoup de mal à attirer de nouveaux marins, tout comme la Garde côtière canadienne et l’industrie maritime canadienne, car les marins plus âgés partent plus vite qu’ils ne peuvent être remplacés et les nouvelles technologies entraînent une pénurie de certaines compétences.
M. Baines est en fait le dernier d’une lignée croissante de commandants de la Marine royale canadienne à s’inquiéter de la pénurie de marins. Il y a deux ans, avant la pandémie, le commandant de la marine de l’époque, Art McDonald, a déclaré à la Presse canadienne que la force avait besoin de 850 corps supplémentaires. [Même si les navires de guerre en construction sont presque tous en retard sur le calendrier, ce qui signifie que la marine dispose d’un peu de temps, cette tendance n’inspire pas confiance.
Et bien que le remplacement des destroyers et des navires de soutien de la marine maintenant retirés du service n’arrivera pas avant des années, le gouvernement prévoit que d’autres navires de patrouille de l’Arctique sortiront des chaînes de montage cette année et l’année prochaine, et qu’ils auront tous besoin d’un équipage. [M. Baines espère que les efforts visant à réduire le temps d’attente des recrues potentielles pour franchir la porte seront utiles, tout comme d’autres initiatives conçues par la section des ressources humaines de l’armée et les efforts visant à changer la culture des forces armées.
« Nous devons être considérés comme un endroit inclusif », a-t-il déclaré. « Nous devons refléter la diversité du Canada. Et il y a beaucoup de potentiel inexploité que nous ne pourrons que mieux attirer en apportant ces changements. »
Ce reportage de La Presse Canadienne a été publié pour la première fois le 30 décembre 2021.