La grève française oppose les travailleurs et le gouvernement alors que l’inflation fait rage.
Les industries françaises se sont mises en grève mardi pour réclamer des augmentations de salaire qui suivent la hausse de l’inflation, intensifiant ainsi l’affrontement entre les travailleurs et le gouvernement après des semaines de débrayages qui ont paralysé les raffineries de pétrole et provoqué des pénuries d’essence dans tout le pays.
Les travailleurs du rail et d’autres transports, les entreprises de camionnage et d’autobus, certains enseignants du secondaire et les employés des hôpitaux publics ont répondu à l’appel d’un syndicat de travailleurs du pétrole pour que l’industrie française fasse pression pour obtenir des augmentations de salaire et protester contre l’intervention du gouvernement dans les grèves des raffineries. Des milliers de personnes sont également descendues dans la rue dimanche pour manifester contre la hausse des prix.
Un train sur deux seulement circulait mardi sur le réseau ferroviaire de la région Sud, provoquant des retards à l’heure de pointe du matin. Des perturbations ont été signalées sur les trains à grande vitesse dans le nord, ainsi que sur l’Eurostar et les trains interurbains reliant la France à l’Espagne.
Des manifestations similaires ont éclaté dans toute l’Europe ces derniers mois, les gens se plaignant de l’impact de l’inflation, provoquant des perturbations telles que l’annulation de vols et de trains. Des milliers de personnes ont manifesté à Prague deux fois le mois dernier, en partie à cause des prix élevés de l’énergie, les employés des compagnies aériennes se sont mis en grève dans des pays comme l’Allemagne et la Suède pour réclamer une augmentation des salaires en raison de l’inflation, et tout le monde, des infirmières aux employés des chemins de fer au Royaume-Uni, a débrayé pour exiger que leurs salaires suivent l’augmentation du coût de la vie.
Les manifestations de mardi en France surviennent après que le syndicat de gauche CGT a rejeté un accord sur une augmentation de salaire que le géant pétrolier TotalEnergies a conclu avec deux autres syndicats vendredi. Les syndicats CFDT et CFE-CGC, qui représentent ensemble la majorité des travailleurs français du groupe, ont convenu d’une augmentation de salaire de 7% et d’une prime financière.
Les grévistes réclamaient des salaires plus élevés grâce aux bénéfices exceptionnels des entreprises du secteur de l’énergie qui ont vu leurs prix du pétrole et du gaz grimper alors que la guerre de la Russie en Ukraine aggrave la crise énergétique.
Mais la CGT a rejeté l’accord, réclamant une augmentation de salaire de 10 %, et a appelé les autres syndicats à soutenir leurs revendications, à demander leurs propres augmentations de salaire et à se joindre aux protestations après que le gouvernement ait ordonné à certains travailleurs de reprendre le travail.
De longues files de voitures ont été observées pendant des semaines à travers la France alors que les conducteurs attendaient – parfois pendant des heures – pour faire le plein. De nombreuses stations-service ont temporairement fermé dans l’attente de livraisons. Environ 30 % des stations-service françaises connaissent des pénuries temporaires, la région parisienne et le nord de la France étant les plus touchés.
Le gouvernement du Président Emmanuel Macron perd patience avec les grévistes, qui ont reçu le soutien de ses rivaux politiques de gauche.
Après avoir lancé des réquisitions dans certaines raffineries pour faire revenir l’essence dans les réservoirs, le gouvernement a déclaré qu’il en prévoyait d’autres dès mardi. Le ministre de l’économie Bruno Le Maire a déclaré lundi à la chaîne BFMTV que « le temps des négociations est terminé. »
L’inflation a augmenté dans le monde entier lorsque les économies ont rebondi après la pandémie de COVID-19, puis s’est aggravée lorsque l’invasion de l’Ukraine par la Russie a fait monter en flèche les prix des denrées alimentaires et du carburant.
L’inflation française a atteint 6,2 %, ce qui est le taux le plus bas parmi les 19 pays qui utilisent l’euro, selon l’agence de statistiques de l’Union européenne Eurostat. En comparaison, l’Estonie a vu les prix à la consommation augmenter de 24 % le mois dernier par rapport à l’année précédente, tandis que le taux des Pays-Bas était de 17 % et celui de la zone euro dans son ensemble de 10 %.