La CPI lève le mandat d’arrêt contre l’ex-ministre centrafricain
La Cour pénale internationale a levé les scellés jeudi sur un mandat d’arrêt à l’encontre d’un ancien ministre centrafricain pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre qui auraient été commis lors d’hostilités sectaires en 2013.
Les procureurs de la cour mondiale accusent Mahamat Nouradine Adam de crimes tels que torture, persécution, disparitions forcées et traitements cruels dans deux centres de détention de la capitale, Bangui. Le mandat a été émis pour la première fois sous scellés en janvier 2019.
Un juge qui a examiné les preuves soumises par les procureurs pour appuyer leur demande de mandat d’arrêt a écrit qu’elles étaient « suffisantes pour établir des motifs raisonnables de croire qu’Adam porte une responsabilité pénale individuelle pour les crimes » énumérés dans son mandat.
Les procureurs affirment qu’Adam faisait partie du gouvernement de la République centrafricaine en 2013 après que le groupe Seleka, majoritairement musulman, ait pris le pouvoir et forcé François Bozize, alors président, à quitter ses fonctions.
Les milices principalement chrétiennes connues sous le nom d’anti-balaka ont ensuite riposté, ciblant des civils et envoyant la plupart des résidents musulmans de la capitale, Bangui, fuir dans la peur.
Les combats entre les deux groupes ont fait des milliers de morts et déplacé des centaines de milliers de personnes en 2013 et 2014.
Les procureurs ont allégué qu’au moment où le groupe musulman a envahi Bangui en 2013, Adam était « considéré comme la personne ayant le plus de pouvoir dans la Seleka, plus influent encore que Michel Djotodia », qui a été nommé président pour remplacer Bozize.
Le tribunal a déclaré dans son mandat que les Nations Unies ont imposé une interdiction de voyager à Adam, mais il « semble toujours se déplacer sans entrave dans plusieurs pays de la région ». Il figure également sur une liste de sanctions de l’ONU pour avoir « participé ou apporté son soutien à des actes portant atteinte à la paix, la stabilité ou la sécurité de la RCA », a déclaré la Cour.
Deux commandants anti-balaka présumés, Alfred Yekatom et Patrice-Edouard Ngaissona, sont déjà en procès à la CPI ; un autre a été remis à la Cour plus tôt cette année.
Un commandant présumé de la Seleka, Mahamat Said Abdel Kani, a été remis à la Cour l’année dernière. Son procès devrait s’ouvrir en septembre.